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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Stratégie « de la ferme à la table » (« farm to fork ») : les gros mots sont de sortie chez l'eurodéputé Éric Andrieu

13 Octobre 2021 Publié dans #Union européenne, #Politique, #Activisme

Stratégie « de la ferme à la table » (« farm to fork ») : les gros mots sont de sortie chez l'eurodéputé Éric Andrieu

 

 

(Source)

 

 

Le « Pacte Vert » (« Green Deal ») et la stratégie « de la ferme à la table » (« farm to fork ») font parler d'eux en ce moment.

 

 

En route pour la cata...

 

Nous en sommes à trois « études » qui nous informent que la seconde sera, en bref, une catastrophe. Nous mettons ici des guillemets pour signaler que le fan-club de la Commission et les adorateurs de ses projets contestent la nature des documents.

 

En gros, ce ne sont pas des « études d'impact » – ce qui tend à signifier qu'elles n'ont aucune valeur (c'est facile comme argument, hein ! – et elles ne tiennent pas compte de tous les facteurs – argument en partie recevable. Et puis, c'est des études (en partie)commandées par les lobbies...

 

Il s'agit :

 

  • d'une analyse du Service de recherches économiques du Département Américain de l'Agriculture (USDA) publiée en novembre 2020 et vulgarisée en France par un article de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion (voir ici, sur ce site) ;

 

 

Ce que l'USDA pense de F2F (source – page principale).

 

 

 

 

Ce que pense le JRC.

 

 

  • D'une étude de M. Christian Henning, de l'Université de Kiel, et M. Peter Witzke, EuroCare, Bonn.

 

 

Ce qu'en pensent MM. Christian Henning et Peter Witzke (source).

 

 

Une quatrième étude, de l'Université de Wageningen, tout aussi négative selon les premières indications, est attendue. Notons que pour le Fond Mondial pour la Nature (WWF), « Farm to Fork’s targets well within reach, confirms JRC study », les objectifs de la stratégie sont à notre portée selon le JRC...

 

Il en est d'autres, comme l'Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI), associé à... l'Institut de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement (INRAE). Mais dans « Reaching the Farm to Fork objectives and beyond: Impacts of an agroecological Europe on land use, trade and global food security » (atteindre les objectifs « de la ferme à la table » et au-delà : impacts d'une Europe agroécologique sur l'utilisation des terres, le commerce et la sécurité alimentaire mondiale), la présentation de leur rapport, ils admettent que :

 

« Aucune transition agroécologique durable ne peut avoir lieu dans l'UE sans des politiques fortes qui […] soutiennent une grande transition alimentaire vers des régimes plus sains et moins caloriques, avec moins de produits alimentaires animaux et ultra-transformés [...] »

 

C'est là, le nœud majeur du problème : pour que « ça marche' – en admettant que cela peut marcher – il faudra quasiment établir une police de l'assiette.

 

 

M. Éric Andrieu pète un cable

 

Il en est un qui s'est irrité devant tout ce ramdam : M. Éric Andrieu, celui qui se présente fièrement comme « votre eurodéputé ».

 

 

(Source)

 

 

Il a publié une diatribe agrémentée d'une vidéo clownesque, « Non le Green Deal ne provoquera pas la famine ! ». Ce titre est déjà une (prétendue) réponse à un homme de paille. C'est si simple de faire de la politique...

 

Avec le sens de l'outrance qui le caractérise, il prétend même que les opposants aux stratégies européennes en cause « font dire à cette étude [du JRC] que Green Deal rime avec fin du monde » Évidemment pour répondre avec un tonitruant ; « C’est FAUX ! »

 

En résumé :

 

« "Ce lundi, devant les Eurodéputés de la Commission de l’Agriculture du Parlement européen seront présentés les résultats de l’étude JRC. Cette étude nourrit depuis plusieurs semaines une campagne de désinformation sans précédent menée par certains lobbies, associations et même élus pour faire stopper le Green Deal car la mise en place de celui-ci provoquerait la famine en Europe. C’est bien évidemment faux." explique Eric Andrieu, eurodéputé PS. »

 

Nous ne ferons pas l'exégèse de cette chose.

 

Voici comment il qualifie « les gens d'en face » :

 

  • « Les défenseurs d’une agriculture productiviste » ;

 

  • « Ceux qui veulent produire toujours davantage, souvent aux dépends des travailleurs, des consommateurs ou de l’environnement » ;

 

  • « ...ces magnats de la financiarisation de l’agriculture » ;

 

  • « ...mesdames et messieurs les ultraconservateurs, ou lobbyistes pour les grands groupes industriels » ;

 

  • des gens qui se comportent comme « les marionnettes de l’agro-chimie ou de l’agro-industrie » ;

 

  • « ...vous, tenants d’une agriculture productiviste sans limite ».

 

Pourquoi ces gueux s'opposeraient-ils au Green Deal ?

 

  • « parce que le Pacte vert européen propose de tendre vers une agriculture et une alimentation plus respectueuse de la santé humaine et de la biodiversité en réduisant l’utilisation de pesticides et en augmentant les surfaces en agriculture biologique.

 

  • Ils s'opposent à « tout ce qui pourrait finalement rogner sur leurs immenses bénéfices, tout ce qui pourraient aller dans le sens de l’intérêt général mais contre leurs intérêts particuliers ».

 

L'arrogance et le mépris sont aussi de la partie :

 

« Je pense sincèrement qu’ils n’ont même pas pris la peine de lire l’étude. [...] »

 

La bêtise aussi :

 

« […] Ce n’est en rien une étude d’impacts, les auteurs l’écrivent eux-mêmes ! »

 

Non, ce n'est pas une étude d'impacts – le genre d'étude qui aurait dû accompagner les propositions de la Commission. Mais là, comme ces propositions vont dans le sens de ses marottes et obsessions, M. Éric Andrieu ne trouve rien à redire. Mais cette étude décrit des impacts...

 

Admettons toutefois que l'argument a déjà été utilisé par nul autre que M. Janusz Wojciechowski, Commissaire à l'Agriculture.

 

 

(Source)

 

 

« "[…] Les citoyens européens méritent mieux que ces campagnes de désinformation" conclut Eric Andrieu. »

 

Ne comptons pas sur M. Éric Andrieu pour appliquer ce sage principe à son auguste personne.

 

 

Post scriptum : les folles aventures de M. Éric Andrieu sur le nutriscore

 

Acte I : Le nutriscore pour emm... les multinationales.

 

 

(Source)

 

 

 

 

Acte 2 : Ah, les multinationales ne sont peut-être pas emm...

 

 

(Source)

 

 

Acte 3 : Ah, mais le roquefort est classé en E... faisons donc une dérogation (air déjà connu...).

 

 

 

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U
De " la ferme ! " à la fable ?
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