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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Les parents sauvages des plantes cultivées – les arbres généalogiques des aliments et pourquoi devons nous en soucier

22 Octobre 2021 Publié dans #Ressources génétiques, #amélioration des plantes

Les parents sauvages des plantes cultivées – les arbres généalogiques des aliments et pourquoi devons nous en soucier

 

Tim Durham, AGDAILY*

 

 

Image : Crop Wild Relatives

 

 

Savez-vous ce qu'il y a dans votre nourriture ? Non pas s'agissant d'additifs, d'OGM (injustement) redoutés, de pesticides ou d'hormones ridicules, mais de ce qu'il y a vraiment sous le capot ?

 

Quel est le pedigree de ces produits que vous sélectionnez avec soin (ou que vous prenez à l'aveuglette) dans l'allée de l'épicerie ? Il s'agit de l'histoire de sa reproduction, de son arbre généalogique. Une capsule ADN de temps retraçant les innombrables événements (planifiés ou non) qui ont conduit aux variétés et races « domestiquées ». Rien qu'un long et pénible regard sur l'étiquette ne puisse résoudre.

 

Après tout, le bétail a été modifié pour produire plus de laine, de lait et de viande, avec une quantité étonnamment faible d'aliments par rapport à il y a seulement quelques décennies. En ce qui concerne les cultures, les « hyperproducteurs » repoussent sans cesse les limites du rendement sur une surface toujours plus réduite.

 

On nous dit constamment que tout est question de génétique et de maximisation du potentiel. En fait, nous dorlotons les animaux domestiques, fournissons des engrais aux plantes, un abri et de la nourriture aux animaux de rente, etc. Ce sont plutôt des soins de mères poules. Enlevez-leur ça, et ils succombent à la maladie la plus banale. La domestication est un goulet d'étranglement génétique – ils ont sacrifié leur résilience et leur indépendance pour être nourris à la cuillère ; ce sont des divas à part entière. En conséquence, les parasites, les maladies et [insérer de multiples autres facteurs de stress] s'en donnent à cœur joie.

 

Mettez-vous à la place de votre animal bien-aimé. Médor va-t-il revenir à un état sauvage et prospérer s'il s'échappe ? Probablement pas. Même pour l'incorrigible chat c'est peu probable.

 

https://www.facebook.com/1471351053135022/photos/a.1476719655931495/1682246968712095/?type=3

 

L'objectif du travail de pré-sélection des aubergines est d'élargir la diversité génétique disponible pour l'amélioration des variétés cultivées d'aubergines, en se concentrant spécifiquement sur les traits liés à l'adaptation au changement climatique. L'utilisation des parents sauvages de l'aubergine (Solanum melongena) dans la sélection a été très limitée, malgré l'importance économique de cette culture. Ce travail représentera l'un des premiers efforts importants de sélection de l'aubergine en utilisant des plantes sauvages apparentées. http://goo.gl/MP6EXx

 

Mais les plantes et les animaux domestiques n'ont pas toujours été aussi nécessiteux. Derrière la domestication de chaque espèce, il y a eu un parent sauvage. Vous devez concéder au moins une admiration réticente pour les modèles rétro. Dans un programme de sélection, ces parents injectent des éléments de design intemporels. Habituellement pratiques, parfois plus pour le style.

 

Cela ne signifie pas que nous devrions viser à transformer les cultures (ou les animaux de compagnie/bétail) en retours en arrière 100 % sauvages. Aucune personne respectable ne suggérerait de croiser délibérément le tempérament des loups et des chiens – le facteur d'agression est tout simplement trop imprévisible. De même, les plantes sauvages ont un rendement médiocre (et produisent des toxines désagréables, un fruit littéralement amer) par rapport à leurs homologues cultivés.

 

Non, nous voulons beaucoup de ces caractéristiques modernes comme le fait d'être une « diva ». Mais c'est un effet modérateur. Nous voulons aussi d'autres attributs que possèdent ces garces dans la nature, comme la résistance à des parasites et maladies. Bien sûr, elles sont un peu rudes sur les bords. Mais cette influence, bien que subtile, est indéniablement présente et apporte une diversité précieuse au mélange.

 

La diversité est le terme clé. Une étude récente a retracé l'héritage durable d'un seul hybride d'arachide. Il s'avère qu'il a fourni le modèle standard de résistance à des parasites et maladies de l'espèce. En tant qu'« Ève » fonctionnelle de presque toutes les arachides modernes, il a fait le tour du monde comme un nomade – changeant de mains dans un élan fébrile pour généraliser la génétique. En conséquence, les agriculteurs utilisent moins de pesticides, économisent du carburant et ont des marges plus élevées. Tout cela grâce à une petite infusion du « côté sauvage » (génétique). Cet exemple très parlant souligne les avantages adaptatifs du partage des semences (et de la génétique primaire) dans un monde où les ressources sont de plus en plus limitées.

 

Si un acte aussi simple peut apporter autant d'avantages sociaux et environnementaux, il serait logique de donner la priorité à la conservation des espèces sauvages, non ? Hélas, la situation est loin d'être idéale.

 

En Méso-Amérique, les espèces sauvages apparentées aux plantes cultivées sont gravement menacées. La Méso-Amérique a la particularité d'être le centre d'origine (alias le jardin d'Eden) – un haut lieu de la biodiversité pour des centaines de plantes cultivées aujourd'hui. Sur les 224 espèces analysées (espèces sauvages apparentées au maïs, piment, haricot, avocatier, cotonnier, courge, pomme de terre et d'innombrables autres), 35 % étaient menacées d'extinction selon la liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Les causes sont les suspects habituels, comme l'évolution des modes d'utilisation des terres – accaparées par l'agriculture –, les « pestes » envahissantes et la surexploitation des ressources naturelles.

 

https://www.facebook.com/1471351053135022/photos/a.1476719655931495/2315932162010236/?type=3

 

Il ne fait aucun doute qu'il est urgent de sauvegarder les ressources génétiques telles que les semences et les plantes cultivées (y compris les variétés anciennes), ainsi que les animaux d'élevage et domestiques (races patrimoniales). Tout cela est relativement facile. Les échanges internationaux de semences sont une réussite notable dans la diffusion des gènes. Avec les banques de gènes, on peut distribuer les semences sans le fardeau d'un péage ou d'une charge de propriété intellectuelle – un véritable effort en matière d'accès ouvert (tout comme pour les logiciels en libre accès). Sans conditions.

 

Mais les espèces sauvages apparentées se trouvent dans la nature ! Comment pouvons-nous les cibler ?

 

C'est une question de priorités et de messages. Sauver les espèces ou épargner la terre ? Les approches spécifiques aux espèces obtiennent les fonds des donateurs, mais semblent unidimensionnelles et à courte vue. Il faut intégrer les initiatives dans un portefeuille de conservation régional plus large, en donnant la priorité à la terre. Les espèces (y compris les espèces sauvages apparentées) suivront naturellement. Entre-temps, il faut collecter et sauvegarder ce que nous pouvons – en consacrant ces ressources à des échanges de semences, etc..

 

Malgré cela, je pense toujours au panda emblématique du Fond Mondial pour la Nature (WWF). Quelle que soit votre opinion sur le WWF, il s'agit d'un outil de marketing indéniablement efficace. En tant qu'agriculteurs, il est peut-être temps de s'inspirer du WWF et d'associer à cette campagne une espèce sauvage apparentée – notre propre panda au sens figuré – afin de mettre en lumière sa situation critique.

 

Dans un contexte de crises liées au changement climatique, à la sécurité alimentaire et à la durabilité mondiale, n'avons-nous pas l'obligation morale d'empêcher les cousins plus âgés de tomber dans l'obscurité (et l'oubli) ?

 

_____________

 

* La famille de Tim Durham exploite la Deer Run Farm et produit des légumes à Long Island, New York. En tant qu'agvocat, il réfute les discours enflammés avec des faits. Tim a obtenu un diplôme en médecine végétale et est professeur adjoint au Ferrum College en Virginie.

 

Source : Crop wild relatives -- food's family trees and why we care | AGDAILY

 

 

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