« La flambée des prix de l’engrais, un danger mondial », de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion
Glané sur la toile 893
Les 7 kg, c'est pour la viande bovine. Il en faut beaucoup moins pour le lait, les oeufs, la volaille, le porc (Source)
Le titre, « La flambée des prix de l’engrais, un danger mondial », un petit article de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion du 7 octobre 2021, est déjà un résumé percutant.
Ajoutez le chapô :
« Le renchérissement des prix du gaz produit des effets dominos, notamment sur la production d’engrais ».
Et la réduction de la production d'engrais azotés (de synthèse) et leur renchérissement (x2,5 depuis janvier) ont des effets dominos sur les niveaux de production et la qualité des productions, les assolements, et donc les disponibles.
(Source)
L'entrée en matière :
« Les prix des engrais ont été multipliés par deux ou trois selon les catégories. Ils vont manquer dans les prochains mois, mettant les récoltes et la sécurité alimentaire mondiale en danger.
Un petit point technique s’impose pour comprendre les racines du mal. Pour produire des engrais azotés simples, il faut de l’ammoniac. Celui-ci est obtenu par la combinaison de l’azote de l’air et de l’hydrogène provenant du gaz naturel. Ce gaz représente 80 % du coût de production de l’ammoniac. »
Ce graphique est-il bien juste ? Une partie de la population nourrie sans engrais chimiques est peut-être nourrie grâce à eux, les fertilisants organiques étant in fine des engrais chimiques passés par des estomacs animaux ou des compostières (Source)
Pour le reste, les explications détaillées, il faudra aller sur site. Sauf...
« Un champ de blé en France a besoin, en moyenne, de 180 unités [kilos] d’azote à l’hectare pour produire le rendement de 73 quintaux. Selon les études d’Arvalis, l’institut technique de la filière, une baisse de 30 unités produit une baisse de rendement de 5 %. "Selon la date, c’est sur le rendement que cela joue… ou sur la qualité, c’est-à-dire la teneur en protéines. On ne peut plus faire la même chose avec le blé, il devient moins panifiable quand il manque de protéines. Cela va déséquilibrer les marchés mondiaux", note Arthur Portier » [cabinet spécialisé sur l’analyse des cours des matières premières Agritel].
(Source)
Notons que la baisse de 30 unités est donnée pour l'exemple. Mais elle est pédagogique : la fameuse stratégie « de la ferme à la table » (farm to fork ou F2F) prévoit justement une réduction de 20 % de l'usage des engrais (qui serait une conséquence de la réduction des pertes de 50 %...). Les alertes qui sont données de toutes parts sonnent aussi comme un avertissement sur les conséquences désastreuses de F2F. Ou faut-il écrire : « devraient sonner », l'appareil législatif et réglementaire européen étant notoirement mal-entendant et mal-comprenant ?
M. Arthur Portier n'est pas optimiste :
« On n’a encore rien vu [...]. Tous les ingrédients sont réunis pour des révoltes de la faim, on aura des nouveaux printemps arabes dans les prochains mois. »
Le désastre, s'il se matérialise (les prix pourraient revenir à des niveaux inférieurs), n'apparaîtra en principe qu'à l'issue de la prochaine campagne. Sauf que les marchés anticipent... et que les prix des produits agricoles flambent aussi.
(Source)
Relevons encore dans la série d'insanités politiques, le combo de la sortie du nucléaire en Allemagne et plus récemment en Belgique (la France prévoyant une réduction de la part du nucléaire) et du développement de l'éolien : avec un facteur de charge de l'ordre de 25 %, cela revient à dire en résumé que l'électricité est fournie trois jours sur quatre par... le gaz ou, en Allemagne, le charbon et le lignite.
Et nous avons failli avoir – et pourrions avoir – une taxe sur les engrais azotés, de synthèse évidemment... Voir « "Pourquoi taxer les engrais azotés est un non-sens" dans l'Opinion ».
Le III de l'article 268 de la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets prévoit en effet :
« III.-Au regard des objectifs de la politique publique en faveur du climat, dans le cadre du suivi du plan d'action national prévu à l'article L. 255-1-1 du code rural et de la pêche maritime, s'il est constaté pendant deux années consécutives que les objectifs de réduction des émissions d'ammoniac et de protoxyde d'azote liées à la consommation d'engrais azotés minéraux fixés en application du I du présent article ne sont pas atteints, il est envisagé de mettre en place une redevance sur l'usage des engrais azotés minéraux, tout en veillant à préserver la viabilité économique des filières agricoles concernées et à ne pas accroître d'éventuelles distorsions de concurrence avec les mesures en vigueur dans d'autres Etats membres de l'Union européenne.
(Source)