Chats et petits oiseaux : quelle est la menace ?
Sabine Leopold, AGRARHEUTE*
Les chats errants et les chats d'extérieur s'attaqueraient chaque année à quelque 200 millions de passereaux dans ce pays. Ce sont les estimations des organisations de protection de la nature. Les chats doivent-ils être gardés sous clé ? Ou bien la liberté du chat passe-t-elle avant la vie des oiseaux sauvages et des petits mammifères ?
Évolution de la population des chats domestiques en Allemagne
En 2020, on comptait 15,7 millions de chats domestiques dans ce pays, et la tendance est à la hausse rapide depuis des années. Et cela n'inclut même pas les animaux errants à demi sauvages. Le chat est de loin l'animal de compagnie préféré des Allemands.
Rien qu'entre 2000 et 2020, le nombre de chats domestiques a été multiplié par 2,3 (voir graphique). Et si l'on suit les estimations des associations de protection des animaux et des refuges pour animaux, la pandémie de Covid a fait exploser une nouvelle fois la population féline depuis l'année dernière. Le travail à domicile et le manque de contacts humains ont alimenté le besoin des Allemands d'un partenaire câlin comme rarement auparavant.
Si tous les chats étaient réellement des tigres de salon, l'augmentation rapide de leur nombre ne serait pas un problème. Mais une proportion considérable – on estime leur nombre à deux ou trois millions, mais il n'est pas possible de le déterminer avec précision – vit comme des chats d'extérieur et passe plusieurs heures par jour dehors.
Il s'agit d'un comportement approprié pour l'espèce, soulignent encore et encore les défenseurs du bien-être animal. De nombreux refuges pour animaux placent les chats presque exclusivement à la condition que les animaux ne soient pas gardés exclusivement à l'intérieur.
Mais c'est justement là que réside le problème, car là dehors se cache non seulement l'aventure, mais aussi une abondance de nourriture agile pour satisfaire les instincts de chasse de minou, minet et compagnie.
Ainsi, selon les estimations de 2019 du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) et de l'Union allemande pour la conservation de la nature et de la biodiversité (NABU), environ 200 millions de passereaux sont victimes des chats domestiques chaque année.
Ce chiffre est également une estimation approximative. Elle se fonde sur une étude américaine de 2013, selon laquelle, avec une population totale de chats aux États-Unis de plus de 90 millions d'animaux, au moins 1,3 milliard d'oiseaux et 6,3 milliards de petits mammifères sont croqués par les chats – d'extérieur ou errants – chaque année.
Toutefois, si l'on suppose que chaque chat d'extérieur s'attaque à un oiseau tous les trois jours en moyenne, les estimations sont tout à fait compréhensibles.
En outre, selon les experts en oiseaux, des pertes de jeunes oiseaux surviennent aussi parce qu'il est impossible pour les parents de s'occuper régulièrement de la couvée lorsque les chats rôdent près des nids. Et bien sûr, ce ne sont pas seulement les oiseaux qui sont chassés, mais aussi les espèces de mammifères et de reptiles menacées, comme les chauves-souris, les taupes ou les lézards.
Alors que le NABU et le WWF tirent régulièrement la sonnette d'alarme et appellent à restreindre la liberté des chats, la Ligue Allemande pour la Protection des Animaux (DTSchB) a repoussé cette idée en 2013 après la publication de l'étude américaine : bien que les chats soient de très bons chasseurs d'oiseaux, ils s'attaquent principalement à des espèces d'oiseaux non menacées, comme les merles et les mésanges. C'est logique, les espèces dont un plus grand nombre d'individus s'approchent des chats sont plus souvent capturées. Néanmoins, les défenseurs des oiseaux citent aussi régulièrement les pertes d'espèces relativement communes (et les attribuent généralement à l'agriculture moderne et à ses méthodes de culture...).
La DTSchB, qui ne veut pas se mettre à dos sa clientèle amoureuse des chats, préfère déclarer que les chats sauvages sont le problème. Ils doivent être stérilisés afin de minimiser les pertes d'oiseaux. Les défenseurs du bien-être animal rejettent l'assignation à résidence, les colliers à clochettes ou même l'élimination des animaux errants.
La limitation de la reproduction des chats sans maître est en effet à saluer – ne serait-ce que pour limiter les maladies et la misère animale dans les populations errantes.
Toutefois, compte tenu de l'augmentation constante du nombre de chats domestiques, il est douteux que cela fasse une grande différence dans le problème des pertes d'oiseaux et de petits animaux.
La recommandation d'alimenter les chats errants est également plutôt contre-productive. Les chats ne chassent pas seulement par faim, mais souvent par simple instinct de chasse. Une alimentation régulière ne peut qu'entraîner une augmentation du nombre d'animaux errants.
La règle suivante s'applique aux chats domestiques : s'il ne peut pas sortir, il n'attrapera pas d'oiseaux ou de chauves-souris. Les propriétaires de chats devraient y réfléchir, même si cela implique de restreindre la liberté de leurs greffiers.
Comme pour de nombreuses autres questions, il est important de peser le pour et le contre : qu'est-ce qui est (plus) important ? La liberté des chats ou la protection des oiseaux ? Loup ou animal au pâturage ? Des champs de céréales propres ou avec de la nourriture pour les abeilles ? Il existe rarement une solution simple.
Oh oui : les agriculteurs ne sont pas non plus laissés pour compte dans le dossier des chats. Dans certaines exploitations, il y a plus de chats que de vaches laitières. Les animaux se reproduisent joyeusement et ne se contentent pas de garder le local à provisions exempt de rats.
Des campagnes régulières de piégeage et de stérilisation coûtent des efforts et de l'argent, mais devraient néanmoins faire partie d'une bonne norme professionnelle dans la gestion de l'exploitation.
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* Sabine Leopold travaille pour Agrarheute en tant que rédactrice cross-média senior pour les questions de société. Elle est rédactrice au Deutscher Landwirtschaftsverlag depuis environ 25 ans. Elle s'est d'abord intéressée à la production animale, mais depuis plusieurs années, elle se consacre intensivement à la communication et aux relations publiques dans l'agriculture, et plus particulièrement dans l'élevage.
Source : Katzen und Singvögel: Was ist dran an der Bedrohung? | agrarheute.com