Point de vue : le mouvement anti-viande se généralise, ce qui devrait être inquiétant
Amanda Zaluckyj, AGDAILY*
Image : B Brown, Shutterstock
Avez-vous remarqué que la viande est toujours le « coupable » ? L'obésité. La dégradation de l'environnement. Le cancer. La maltraitance des animaux. Le changement climatique. La destruction de la forêt tropicale. Le stress. la violence. Littéralement, quel que soit le mal de société – même si le lien avec la viande est douteux – la grande solution est toujours que les humains cessent de manger de la viande.
Ces idées ne sont plus seulement les élucubrations d'un membre de PETA. Des écoles mettent en place des lundis sans viande. Des sites de recettes de cuisine bannissent les plats à base de viande de boeuf. Les alternatives à la viande gagnent en popularité, sous prétexte de résoudre le problème des effets destructeurs de la viande. Le discours anti-viande est devenu un courant dominant.
Il n'est donc pas surprenant qu'une proposition aussi radicale que la loi PAUSE [Protect Animals from Unnecessary Suffering – protéger les animaux des souffrances inutiles, un texte issu d'une initiative populaire] ait failli être votée dans le Colorado [le texte a été bloqué par la Cour Suprême du Colorado]. Et une initiative similaire est en train de gagner du soutien en Oregon. Les lois proposées criminaliseraient essentiellement les bonnes pratiques d'élevage, avec des sanctions pour des choses comme la stérilisation, la castration et l'insémination artificielle. Si ces propositions devenaient loi, les agriculteurs et les éleveurs seraient condamnés pour avoir pris soin de leurs animaux.
Mais il y a autre chose qui m'effraie encore plus que le fait d'envoyer ces initiatives ridicules au scrutin : c'est le fait qu'il y ait eu suffisamment de gens dans le Colorado et en Oregon qui pensaient que c'était nécessaire ! La plupart des gens ne comprennent probablement pas les tenants et les aboutissants d'un bon élevage d'animaux. Personne ne s'attend à ce qu'ils le fassent. Mais pourquoi signeraient-ils une loi qui interdit prétendument les mauvais traitements, la négligence et les agressions envers les animaux, à moins qu'ils ne pensent que cela se passe dans nos fermes ?
Il fut un temps où les membres de PETA n'étaient rien de plus que des radicaux marginaux jetant de la peinture rouge sur des mannequins portant de la fourrure. Mais le point de vue de la société évolue. Et aujourd'hui, un nombre croissant d'Américains sont ouverts aux produits carnés créés en laboratoire.
Le sondage 2021 Food Literacy and Engagement de l'Université d'État du Michigan a révélé que 41 % des Américains étaient susceptibles d'acheter de la fausse viande ayant l'apparence et le goût de la vraie viande. C'est une augmentation par rapport aux 33 % de 2018. Les chiffres sont susceptibles de continuer à grimper à mesure que les rayons des épiceries se targuent d'un plus grand choix, du bœuf et du lait au poulet et, même, au fromage.
Non pas qu'il y ait quelque chose d'intrinsèquement mauvais avec les produits alternatifs. La demande de véritables produits d'origine animale ne peut qu'augmenter, d'autant plus que la classe moyenne chinoise ne cesse de croître. Les viandes, fromages et laits alternatifs peuvent contribuer à combler l'écart entre la production et la demande. Et, bien sûr, il y a des gens qui préfèrent tout simplement les alternatives. Tant qu'ils sont conscients des différences nutritionnelles, les préférences personnelles sont parfaitement acceptables.
Mais le problème, c'est lorsque les gens choisissent d'acheter des produits à base de plantes ou de viande cultivée en laboratoire uniquement parce qu'ils croient que la viande est le gros croquemitaine dont ils ont entendu parler. Mangez-vous un Impossible Whopper parce que vous l'appréciez plus qu'un Whopper normal ? Ou faites-vous des choix alimentaires basés sur la fausse information selon laquelle l'élimination de la viande résoudra les maux de la société que j'ai mentionnés ?
La distinction est importante. Car derrière chaque galette de bœuf, chaque nugget de poulet et chaque tranche de bacon se cache un agriculteur familial. Les attaques constantes contre la viande affectent leurs résultats financiers, et la question de savoir si la ferme sera transmise à la génération suivante. Dans le cas de la loi PAUSE, les enjeux sont encore plus élevés – les agriculteurs pourraient aller en prison simplement pour avoir mis en œuvre de bonnes pratiques d'élevage.
Donc, avant de vous plonger dans votre prochain steak parfaitement cuit (je préfère la méthode de la saisie inversée), tenez compte de la rhétorique et de la direction que prennent les choses. La guerre des relations publiques fait toujours de la viande le méchant, et généralement le méchant ne gagne pas à la fin.
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* Amanda Zaluckyj tient un blog sous le nom The Farmer's Daughter USA. Son objectif est de promouvoir les agriculteurs et de lutter contre la désinformation qui tourbillonne autour de l'industrie agroalimentaire américaine.
Source : View: It's concerning the anti-meat movement is mainstream | AGDAILY