Le sommet des Nations Unies offre la possibilité d'influencer le système alimentaire mondial
Joan Conrow*
Une femme vend des céréales sur un marché tanzanien. Photo : Shutterstock/Benny Marty
Bien que les Nations Unies aient présenté leur Sommet sur les Systèmes Alimentaires du 23 septembre comme une occasion pour « tout le monde [...] de tracer la voie vers un monde où la bonne nourriture pour tous est une réalité », il semble que la participation du public sera moins forte que prévu initialement en raison du format virtuel du forum. [Ma note : les sites anglais et français sont différents.]
Pourtant, nombreux sont ceux qui considèrent cet événement comme la meilleure occasion depuis des années d'influencer la structure du système alimentaire mondial, qui s'efforce de lutter contre la faim, la malnutrition et le gaspillage alimentaire face au changement climatique, à une pandémie et à une population en constante augmentation.
« En tant que sommet des peuples et sommet des solutions, il a reconnu que tout le monde, partout, doit agir et travailler ensemble pour transformer la façon dont le monde produit, consomme et pense à la nourriture », peut-on lire sur le site Web du sommet.
L'Alliance pour la Science et d'autres organisations font pression pour que l'édition du génome et d'autres technologies innovantes d'amélioration des plantes fassent partie des outils qui apportent des solutions aux problèmes les plus pressants de l'agriculture, en particulier en Afrique.
« Je pense que le Sommet sur les Systèmes Alimentaires est l'occasion pour nous tous de faire entendre que l'édition du génome présente de nombreux avantages pour le monde et l'Afrique en particulier », a déclaré Mme Patience Koku, agricultrice nigériane et membre du conseil consultatif de l'AfS.
« L'édition du génome est l'une des technologies les plus récentes qui est venue révolutionner l'agriculture et stimuler la nutrition, car elle permet d'ajouter des composants nutritionnels dans les plantes sans rien ajouter de nouveau à celles-ci », a noté M. Peter Gichuki, étudiant en biotechnologie au Centre de biotechnologie et de bioinformatique de l'Université de Nairobi.
« L'édition du génome ne fait qu'améliorer la plante elle-même à partir de ses structures de base », a-t-il expliqué. « Et de cette manière, nous pouvons obtenir quelque chose de sûr et de bon pour les agriculteurs, sans avoir recours à des ajouts chimiques. Ce que vous obtenez, c'est un produit biologique. »
Mme Linet Kerubo, une jeune scientifique étudiant la biotechnologie à l'Université Egerton du Kenya, a déclaré que l'édition du génome permet aux chercheurs d'allonger la durée de conservation des cultures vivrières périssables comme le manioc, aidant ainsi les agriculteurs à maîtriser les pertes après récolte.
« Avec l'utilisation accrue des outils d'édition du génome, je vois un avenir où des cultures importantes seront enrichies en vitamines vitales pour lutter contre la malnutrition en augmentant la valeur nutritionnelle des cultures importantes », a observé Mme Kerubo.
Le professeur Valentine Ntui, de l'Institut International d'Agriculture Tropicale (IITA), a noté que l'édition du génome aide à sélectionner des bananiers résistants à une maladie de la feuille, la sigatoka noire, ainsi qu'au virus de la striure brune et au flétrissement à Xanthomonas, qui ont tous réduit les rendements d'un aliment de base important en Afrique.
Le Dr Thomas Adams, cofondateur et PDG de Pairwise, une société de biotechnologie basée aux États-Unis, a déclaré que l'édition du génome peut également aider l'agriculture à répondre aux effets du changement climatique en accélérant le processus, autrement long, de l'amélioration des plantes traditionnelle. Elle a également d'autres applications, comme l'adaptation des cultures à la séquestration du carbone, l'allongement de la durée de conservation et la réduction des déchets alimentaires.
M. Pablo Orozco, responsable de la politique mondiale de l'AfS, a déclaré qu'il constate un intérêt considérable pour le prochain sommet, qui découle d'un sentiment d'urgence à résoudre les problèmes des systèmes alimentaires mondiaux. Comme le souligne le Sommet sur les Systèmes Alimentaires, il ne nous reste que neuf récoltes pour atteindre les objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies pour 2030.
« Nous devons stimuler la production d'une manière sûre, durable et positive pour la nature tout en réduisant l'empreinte environnementale du système agricole », a déclaré M. Orozco. « Une idée qui change la donne et qui peut nous permettre d'atteindre les ODD plus rapidement et de manière plus sûre est l'utilisation de la biotechnologie moderne dans l'amélioration des plantes. »
La biotechnologie agricole peut réduire les dommages causés aux cultures par le changement climatique, les insectes nuisibles et les maladies des plantes, a déclaré M. Orozco, tout en améliorant les rendements, en protégeant les agriculteurs en réduisant le besoin de pesticides, en augmentant les moyens de subsistance des populations rurales et en fournissant des aliments plus nutritifs.
« L'édition du génome peut aider à sélectionner des plantes innovantes qui économisent l'eau », a-t-il ajouté. « Des recherches sont également menées actuellement sur le développement de cultures ayant une plus grande efficacité d'utilisation de l'azote, ce qui peut augmenter les rendements des cultures avec de plus faibles quantités d'engrais, réduisant ainsi l'utilisation d'énergie et l'empreinte environnementale de la production agricole ». En stimulant une production positive pour la nature à l'échelle grâce aux innovations en matière d'amélioration des plantes, nous pouvons contribuer de manière significative à la réalisation de l'ODD12 (consommation et production responsables), de l'ODD13 (action climatique), de l'ODD14 (vie sous l'eau) et de l'ODD15 (vie sur terre). »
Le Dr Lawrence Haddad, directeur exécutif de l'Alliance Mondiale pour l'Amélioration de la Nutrition (GAIN), ajoute : « Les possibilités semblent illimitées en termes de ce qui peut être fait avec l'édition de gènes. »
Toutefois, a-t-il noté, « il faudra des gouvernements activistes courageux et audacieux pour que cela devienne une réalité. En d'autres termes, les gouvernements devront mettre en place une gouvernance transparente et applicable qui serve clairement les intérêts des personnes et de la planète. »
Les partisans de la biotechnologie agricole espèrent que le Sommet sur les Systèmes Alimentaires jettera les bases d'une telle gouvernance, en veillant à ce que les outils d'amélioration des plantes innovants aient une chance de contribuer à la sécurité alimentaire et à l'amélioration de la nutrition dans le monde entier.
Verenardo Meeme a contribué à cet article depuis le Kenya.
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* Source : UN Summit offers chance to influence global food system - Alliance for Science (cornell.edu)