Le paraquat provoque-t-il la maladie de Parkinson ? Une revue des revues
« Does paraquat cause Parkinson’s disease? A review of reviews » (le paraquat provoque-t-il la maladie de Parkinson ? Une revue des revues) de Douglas L. Weed (ça ne s'invente pas : « Weed » signifie mauvaise herbe) sera livré sans beaucoup de commentaires.
L'auteur est un consultant indépendant, médecin épidémiologiste.
En voici le résumé :
« Points forts
- Un examen des revues sur le paraquat et la maladie de Parkinson a été réalisé.
- Les preuves disponibles ne permettent pas de conclure à un lien de causalité.
- Les recherches futures devraient faire appel à la méthode de l'examen systématique.
Résumé
Afin d'examiner dans quelle mesure un consensus existe dans la communauté scientifique concernant la relation entre l'exposition au paraquat et la maladie de Parkinson, une revue critique des revues a été entreprise en se concentrant sur les revues publiées entre 2006 et aujourd'hui qui offraient des opinions sur la question de la causalité.
Des recherches systématiques ont été entreprises dans les bases de données scientifiques ainsi que dans les bibliographies publiées afin d'identifier les revues en langue anglaise sur le thème du paraquat et de la maladie de Parkinson, y compris celles portant sur le thème plus large des facteurs de risque environnementaux et professionnels de la maladie de Parkinson.
Sur les 269 publications identifiées dans les recherches, douze revues, dont certaines avec méta-analyses, répondaient aux critères d'inclusion. Des informations sur les méthodes utilisées par les examinateurs, le cas échéant, et la source de financement ont été recueillies ; la qualité des revues a été examinée.
Aucun auteur d'une revue publiée n'a déclaré qu'il avait été établi que l'exposition au paraquat provoquait la maladie de Parkinson, quelles que soient les méthodes utilisées et indépendamment de la source de financement. La communauté scientifique s'accorde à dire que les preuves disponibles ne permettent pas d'affirmer que le paraquat provoque la maladie de Parkinson.
Les recherches futures sur ce sujet devraient se concentrer sur l'amélioration de la qualité des études épidémiologiques, y compris de meilleures mesures de l'exposition et l'identification de mécanismes d'action spécifiques. Les futurs examens des preuves émergentes devraient être structurés comme des examens narratifs systématiques avec méta-analyse si nécessaire.
Le tableau suivant résume les résultats des recherches de l'auteur.
Table 3. Conclusions of Reviews on Paraquat and Parkinson’s Disease.
“In conclusion, the weight of evidence is sufficient to conclude that a generic association between pesticide exposure and PD exists, but it is not sufficient to conclude that this is a causal relationship exists for any particular pesticide compound…” |
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“Despite the suggestive results of epidemiological investigations, some of the data are equivocal and more detailed information about the association between PQ exposure and risk for PD is needed.” |
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“The epidemiological and clinical evidence that PQ may favor the onset of PD is inconclusive.” |
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“Evidence that one of several pesticides increase PD risk is suggestive but further research is needed to identify specific compounds that may play a causal role.” |
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“Epidemiologic studies published over the past decade have added to the evidence of an association between pesticide exposure and PD, but a causal relationship has not yet been definitely established.” |
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“…without significant improvements on the existing research, it will not be possible to reach a definitive conclusion on the relationship between paraquat and PD.” |
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“Although classes of pesticides have been linked to PD, it remains important to identify the specific chemical responsible for this association.” |
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“Epidemiologic, animal, and in vitro data strongly support associations with pesticides—specifically with rotenone, paraquat, and organochlorine compounds.” |
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“Overall, evidence that pesticide exposure increases Parkinson’s disease risk is substantial, but the risk associated with specific compounds remains uncertain.” |
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“Overall, the epidemiological data are inconsistent across studies and collectively they do not support a conclusion that a causal relationship exists between exposure to paraquat and PD.” |
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“Our analysis with new data re-affirms the association of paraquat use with PD. However, objective measurement of paraquat exposure was inadequate and future studies are need(ed) to focus on exposure assessment, disease progression and clinical manifestations thereby providing clues about the mechanism of this insidious disease.” |
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“The relatively low estimates of risk and low quantity of evidence gathered by this systematic review (SR) and meta-analysis does not enable one to propose a definitive conclusion regarding a causal relationship between paraquat and PD.” |
Rappelons que, selon l'expertise collective de l'INSERM, « Pesticides et effets sur la santé : Nouvelles données », « La maladie de Parkinson : les données confirment le lien avec le paraquat (+) » (du communiqué de presse).
« (+) » est le deuxième niveau de présomption (« (+) la présomption du lien est moyenne s’il existe au moins une étude de bonne qualité qui montre une association statistiquement significative. »
Voici un paragraphe de l'expertise :
« Quelques études nouvelles, dont trois en France (deux cohortes et une cas-témoins), retrouvent une augmentation de la fréquence de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs et une association avec l’exposition professionnelle aux pesticides ; certaines de ces études mettent en évidence une relation dose-effet et montrent qu’en plus de la durée, l’intensité d’exposition est importante à prendre en compte. Concernant les analyses par famille ou substances actives de pesticides, deux méta-analyses sur le paraquat montrent des associations significatives, ce qui va dans le sens des résultats de 2013. La cohorte AGRICAN a exploré le lien avec 14 pesticides (11 fongicides dithiocarbamates, le paraquat, le diquat et la roténone). Les analyses ont montré une association pour l’ensemble de ces substances mais après ajustement sur l’exposition à au moins un autre pesticide, seule l’association pour le zirame et le zinèbe restait significative, et à la limite de la significativité pour le mancopper. Dans des analyses prenant en compte la durée d’exposition, une tendance significative existait pour 7 des 14 matières actives ; lorsque les analyses étaient ajustées sur l’exposition à au moins un autre pesticide (sans distinction), la tendance était significative pour le mancopper (p = 0,04), il n’existait pas de tendance pour le zinèbe et le zirame. Une cohorte néerlandaise mentionne une augmentation du risque pour le bénomyl mais les résultats ne sont pas corroborés par la cohorte AHS. »
On est tenté de conclure que c'est le match entre la prépondérance de la preuve et le picorage (cherry picking).