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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Promouvoir des paysages favorables à la biodiversité – au-delà de l'agriculture biologique

8 Août 2021 Publié dans #Article scientifique, #Agriculture biologique, #Agro-écologie

Promouvoir des paysages favorables à la biodiversité – au-delà de l'agriculture biologique

 

Université de Göttingen*

 

 

Une équipe de recherche dirigée par l'Université de Göttingen appelle à un changement de paradigme

 

 

Le Pr Teja Tscharntke

 

L'agriculture biologique est-elle la seule alternative à l'agriculture conventionnelle pour promouvoir la biodiversité dans les paysages agricoles ? C'est ce que remet en question une équipe de recherche internationale dirigée par l'Université de Göttingen. Selon les auteurs, une mosaïque paysagère composée d'habitats naturels et de zones cultivées à petite échelle et diversifiées est la clé de la promotion de la biodiversité à grande échelle, tant dans l'agriculture conventionnelle que dans l'agriculture biologique. Ils affirment que les décideurs politiques devront le reconnaître afin d'obtenir un changement de paradigme correspondant dans l'agriculture. Cette déclaration a été publiée dans la revue Trends in Ecology and Evolution.

 

L'équipe de recherche critique le fait que la certification biologique se concentre essentiellement sur l'interdiction des produits agrochimiques de synthèse. Cela se traduit par des avantages limités pour la biodiversité, mais aussi par des pertes de rendement élevées, même si l'agriculture devient plus intensive et spécialisée. « Les surfaces cultivées sous certification biologique comptent un tiers d'espèces en plus, mais n'atteignent pas le niveau de rendement de la culture conventionnelle. Cela signifie qu'il faut plus de terres pour obtenir la même production », explique le premier auteur, le professeur Teja Tscharntke, du groupe d'agro-écologie de l'Université de Göttingen. Cependant, comme une plus grande surface est nécessaire, les avantages pour la biodiversité disparaissent. En outre, c'est un mythe que l'agriculture biologique n'utilise jamais de pesticides. « Les pesticides sont autorisés tant qu'ils sont considérés comme naturels. Par exemple, la vigne, les vergers et aussi les légumes sont traités de manière intensive et répétée, principalement avec des produits à base de cuivre, même si ces produits s'accumulent dans le sol », explique M. Tscharntke. « En outre, une grande partie de l'agriculture biologique s'est éloignée des idéaux de ses premières années : l'agriculture biologique n'est pas toujours pratiquée dans des exploitations familiales idylliques ; les monocultures biologiques ont souvent une taille similaire à celle des exploitations conventionnelles ; et les légumes sont souvent cultivés sous serre, au détriment de la biodiversité. » Dans la région méditerranéenne, le recouvrement des cultures par des bâches en plastique pour la culture des légumes ruine des paysages entiers, et pourtant une proportion toujours plus grande de l'agriculture y obtient malgré tout la certification biologique.

 

« Les paysages avec une grande diversité de cultures, de petits champs et au moins un cinquième d'habitats proches de l'état naturel peuvent favoriser la biodiversité bien plus que la simple certification biologique », souligne l'agro-écologiste. « Les paysages avec de petits champs et de longues bordures comptent plusieurs fois plus d'espèces que les paysages avec de grands champs, et sont tout aussi réalisables en agriculture biologique qu'en agriculture conventionnelle. » À titre d'exemple, il cite les paysages où les champs font un hectare au lieu de six : « Ils peuvent abriter six fois plus d'espèces de plantes et d'insectes. La variété des cultures peut également doubler le nombre d'espèces et augmenter considérablement la lutte biologique contre les parasites ainsi que la réussite de la pollinisation. »

 

Même si le « PacteVert » de l'UE vise à atteindre une part de 25 % d'agriculture biologique d'ici 2030, il sera toujours nécessaire d'inclure 75 % d'agriculture conventionnelle dans la stratégie en faveur de la biodiversité.

 

 

Publication originale :

 

Teja Tscharntke, Ingo Grass, Thomas C. Wanger, Catrin Westphal, Péter Batáry : Beyond organic farming - harnessing biodiversity-friendly landscapes. Trends in Ecology and Evolution (2021), doi : https://doi.org/10.1016/j.tree.2021.06.010

 

 

Contact :

 

Professeur Teja Tscharntke

Université de Göttingen

Groupe Agroécologie

Grisebachstr. 6, 37077 Göttingen

ttschar@gwdg.de

https://uni-goettingen.de/en/74726.html

 

_____________

 

* Source : Press Releases - Georg-August-Universität Göttingen (uni-goettingen.de)

 

 

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H
Assez d'accord avec leur analyse. Un bémol cependant, la pullulation des prédateurs, loups, renards, les mustélidés (belettes et cie) de tous poils, rapaces, corvidés, et n'oublions pas l'effroyable accroissement des populations de chats sonne irrémédiablement le glas de la biodiversité des oiseaux. Les oiseaux nicheurs au sol sont pour la plupart en voie de disparition. La question de la perdrix grise comme rouge a été particulièrement bien étudiée sous l'impulsion des fédérations de chasseurs qui voyaient là, la marque de l'agriculture intensive et des pesticides. Que nenni ! Toutes les études concordent 80 à 90% %, les perdrix et couvées massacrés le sont par prédation, en priorité de carnivores. Les sangliers sont également de gros destructeurs de nids au sol. Et eux, seuls les chasseurs que certains rêvent d'interdire, peuvent en venir à bout. Il n'y a aucune raison de penser qu'il en ait différemment pour d'autres espèces nichant au sol.<br /> Or un certain nombre des oiseaux menacés sont des insectivores précieux pour l'agriculture.<br /> Pour mesurer à quel point cela a changé, quand j'étais jeune, les poules se baladaient en liberté dans les chemins de la plupart des villages de France. Aujourd'hui une poule en liberté dans un chemin n'a guère que quelques heures à vivre, voir moins d'une heure, le renard vient jusqu'au coeur des villages, et il y a des guignols de bobos qui trouvent cela "super". Les enclos à poules ont des grillages hauts et semi enterrés, doublés de clôtures électriques, les poulaillers, des planchers et des murs bétons et des portes métalliques. Impensable. Et on s'étonne que le tiques pullulent ? Un poule en liberté peut en manger plusieurs dizaines par jour, à condition de ne pas être massacrée par un prédateur. Et après, on vient nous dire que de plus en plus de tiques, c'est le réchauffement climatique. Non, c'est la disparition de ceux qui les dévoraient.
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P
@ Hbsc Xris Je ne suis en rien un spécialiste de ce sujet mais je constate que, dans mon enfance, chaque grosse propriété rurale (chatelains, etc.) avait son garde chasse privé qui piégeait "la sauvagine" (fouines, renards mais aussi dont beaucoup de chats harets, donc des chats revenus à l'état semi sauvage), les peaux étant vendus chaque année. Cela ne faisait pas disparaître ces espèces mais cela limitait leur prédation. <br /> Les gardes limitaient aussi la population des corvidés (redoutables pour les nichées au sol). Il y avait alors des perdrix, des cailles, des vanneaux, etc. <br /> <br /> Les milieux ont aussi changé (des haies trop "propres", moins de cultures au milieu des pâtures, bord des chemins et des routes broyés pendant longtemps en dépit du bon sens, privant oiseaux et insectes d'abri ou de nourriture, etc.). <br /> <br /> La population de chats domestiques a explosé, y compris à la campagne. <br /> <br /> Un peu de pragmatisme pourrait améliorer les choses... Mais pragmatisme est un mot qui ne convient pas trop aux militants de l'écologisme et aux militants anti-chasse...