Intégrité de la recherche : qui parmi les chercheurs prend des raccourcis et pourquoi ?
Chuck Dinerstein*
Image : Fredy Martinez Enamorado de Pixabay
Les méthodes ouvertes, les données ouvertes et l'accès sont des conditions essentielles qui sous-tendent la transparence. Mais sont-ils suffisants pour établir l'intégrité de la recherche ? Quelle est la fréquence de l'« inconduite en matière de recherche », et quels sont les facteurs qui encourageraient un tel comportement ? Une nouvelle étude parvient à des conclusions provisoires.
L'étude est basée sur l'enquête nationale sur l'intégrité de la recherche réalisée aux Pays-Bas auprès de 6.800 personnes. Bien entendu, les résultats quantifiés sont incertains ; après tout, si vous vous êtes rendu coupable d'une inconduite, vous pouvez aussi avoir suffisamment honte pour ne pas la signaler – prenez donc les chiffres comme des limites inférieures. L'enquête demandait des rapports sur la fabrication ou la falsification de données, ce qui constitue clairement une faute, ainsi que sur « des violations plus subtiles des principes éthiques et méthodologiques qui peuvent compromettre la validité et la fiabilité des études ».
Sur les 22 centres universitaires invités à participer, seuls huit ont fait la promotion de l'enquête auprès de leur corps enseignant. Environ 10 % des 63.000 questionnaires ont été entièrement remplis, couvrant toutes les disciplines. Commençons par les bonnes nouvelles, à savoir la prévalence des comportements responsables en matière de recherche :
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Éviter le plagiat – 99 %.
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Divulguer les conflits d'intérêts – 96,5 %, bien que nous ayons vu que les conflits d'intérêts sont souvent évalués de manière subjective.
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Vérifier les erreurs avant la publication – 94,3%.
Ensuite, il y aurait les pratiques responsables moins fréquemment observées :
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Pré-enregistrement des protocoles d'étude – 42,8 %.
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Rendre les données sous-jacentes accessibles – 47%.
Les cinq principales pratiques de recherche douteuses (PRD) :
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Ne pas soumettre ou resoumettre des études négatives valides pour publication – 17,5%.
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Inclusion insuffisante des faiblesses et des limites des études dans les publications – 17%.
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Encadrement ou supervision insuffisant des jeunes collaborateurs – 15%.
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Attention insuffisante accordée à l'équipement, aux compétences ou à l'expertise – 14,7%.
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Prise de notes inadéquate du processus de recherche – 14,5%.
Les répondants des sciences de la vie et de la médecine sont les plus grands contrevenants. L'inconduite manifeste en matière de recherche est plus préoccupante : environ 4,3 % des répondants ont admis avoir fabriqué ou falsifié des données.
Si ces chiffres sont décevants, ils ne sont pas surprenants. La science est une entreprise humaine et est sujette aux mêmes forces et faiblesses que nous partageons tous. Il est peut-être plus important de comprendre les facteurs sous-jacents que de simplement identifier la prévalence de ces mauvais comportements :
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Les candidats au doctorat et les jeunes chercheurs étaient plus susceptibles d'admettre des PRD. Cela ne s'est pas traduit par une probabilité accrue de falsification ou de fabrication.
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La pression de publication, qui est peut-être un facteur de confusion avec le fait d'être un candidat au doctorat ou un chercheur débutant, a également augmenté les PRD. Dans une moindre mesure, le financement et la concurrence ont accru les mauvais comportements. « Publier ou périr » n'est pas une vaine phrase, c'est une réalité, surtout pour ceux qui ne sont pas encore établis dans le monde universitaire.
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La promotion des normes scientifiques, des normes des pairs et de la justice organisationnelle – toutes des mesures promouvant la bonne culture au sein d'un établissement universitaire – a été associée à une diminution des comportements posant question.
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Il n'est pas surprenant que la crainte de se faire prendre par ses collègues diminue également la prévalence des PRD. Le fait d'être pris en défaut par des évaluateurs externes, c'est-à-dire l'évaluation par les pairs, n'a aucun effet.
« La prévalence des PRD fréquentes était de 51,3 %, ce qui suggère que la "science bâclée" est peut-être plus répandue que ce qui a été signalé précédemment. »
S'il s'agit effectivement de science bâclée, alors une partie de la responsabilité incombe au personnel senior qui fournit un mentorat ou une supervision « insuffisante ». Certains membres du personnel trouvent difficile la double responsabilité de leur recherche et de leur enseignement et choisissent de mettre l'accent sur les mesures de productivité extrinsèques qui soutiennent leur réputation plutôt que sur les récompenses intrinsèques de l'enseignement.
L'un des arguments les plus couramment utilisés dans notre débat public sur les études scientifiques est que le financement provient des intérêts des entreprises. C'est une observation juste. Mais, à mon avis, cette étude met en évidence une incitation perverse similaire dans le monde universitaire, la pression du « publier ou périr ». Il n'y a qu'un nombre limité de postes permanents, qu'un nombre limité de financements à répartir entre une population importante de presque docteurs et de chercheurs nouvellement diplômés. Cette étude contribue largement à rendre explicite l'effet de ces incitations perverses. Les mauvais comportements ne sont pas limités à un groupe ou à un autre.
« Prevalence of questionable research practices, research misconduct and their potential explanatory factors: a survey among academic researchers in The Netherlands » (prévalence des pratiques de recherche douteuses, de l'inconduite en matière de recherche et de leurs facteurs explicatifs potentiels : une enquête auprès des chercheurs universitaires aux Pays-Bas) MetaArXiv Preprints.
« Prevalence of responsible research practices and their potential explanatory factors: a survey among academic researchers in The Netherlands » (prévalence des pratiques de recherche responsables et leurs facteurs explicatifs potentiels : une enquête auprès des chercheurs universitaires aux Pays-Bas) MetaArXiv Preprints
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* Le Dr Charles Dinerstein, M.D., MBA, FACS, est directeur du département de médecine de l'American Council on Science and Health. Il a plus de 25 années d'expérience en chirurgie vasculaire.