Glyphosate et cultures tolérantes aux herbicides : facteurs clés de la durabilité à la ferme
Chaire de l'innovation et de l'amélioration de la durabilité de l'agroalimentaire, Université de la Saskatchewan*
Ma note : Ce communiqué ne brille pas par l'élégance rédactionnelle mais apporte des éléments d'appréciation important. Il résulte apparemment d'un travail de maîtrise auquel on peut accéder ici et qui apporte bien du grain à moudre.
Les fondamentalistes de l'écologisme militent pour l'institution d'un crime d'« écocide ». Le refus du glyphosate et des OGM ne relèverait-il pas de cette qualification ?
Au cours des dernières décennies, les agriculteurs de la Saskatchewan ont adopté des pratiques de production végétale plus respectueuses de l'environnement, comme l'agriculture de conservation du sol et le couvert permanent, qui ont remplacé le travail fréquent du sol et la jachère. Ces pratiques ont permis de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) provenant du sol, grâce à la réduction des perturbations et à l'augmentation de la séquestration du carbone. De nombreuses technologies ont facilité ces adoptions, telles l'amélioration des technologies d'intrants agricoles et des équipements agricoles. Cependant, deux technologies, en particulier, déterminent la capacité des agriculteurs à apporter des changements durables à la gestion de leur exploitation : l'utilisation du glyphosate pour un désherbage continu et efficace et les plantes génétiquement modifiées et tolérantes à des herbicides (GMHT).
L'adoption de pratiques de gestion durable des terres a contribué à améliorer la séquestration du carbone dans l'agriculture. Le problème est que la contribution des agriculteurs n'est pas souvent prise en compte dans les discussions sur la politique environnementale. La contribution des technologies bénéfiques, telles que les plantes génétiquement modifiées et le glyphosate, à l'adoption de pratiques de gestion durable des terres, est souvent méconnue, voire dans certains cas minimisée par les références à des risques hypothétiques et spéculatifs liés à leur utilisation. L'utilisation continue de technologies importantes par les agriculteurs nécessite une communication avec le public et les décideurs sur la manière dont ces technologies contribuent à la durabilité environnementale de l'exploitation.
Cent vingt-sept agriculteurs de la Saskatchewan ont été interrogés entre novembre 2020 et mars 2021, sur les changements de pratiques de gestion des terres et le rôle joué par diverses technologies pour faciliter ces changements. Lorsqu'on a demandé comment – sur une échelle de 1 à 10, 10 étant le plus important – diverses technologies ont facilité la capacité des agriculteurs à réduire le travail du sol et la jachère, le glyphosate a obtenu un score de 9 sur 10 (n = 117). En comparaison, la valeur du canola GMHT était de 7,3 (n = 116), tandis que les autres cultures HT (GM et dérivées de la mutagenèse) ont obtenu une note de 5,3 (n = 109). Le glyphosate est la technologie qui favorise l'adoption du sans façons culturales (zero-tillage – ZT) en raison de sa souplesse et de son efficacité dans les applications avant et après la récolte, ainsi que dans les cultures GMHT. Les résultats indiquent que dans la Saskatchewan, le canola GMHT est un facteur clé dans la capacité des agriculteurs à effectuer des changements de gestion durable.
Lorsqu'on leur a demandé si leur exploitation changerait en l'absence de plantes GMHT et de glyphosate, ils ont indiqué que si le glyphosate n'était plus disponible (n = 115), cela augmenterait le travail du sol (54 %), diminuerait le rendement et la rentabilité (37 %), entraînerait l'utilisation d'autres produits chimiques moins respectueux de l'environnement (23 %) et le retour à la jachère (14 %). Les changements les plus souvent mentionnés si les cultures HT n'étaient plus disponibles (n = 107) comprennent des changements dans l'utilisation des produits chimiques (30 %), des baisses de rendement et de rentabilité (28 %), des changements dans la rotation des cultures (21 %), ainsi qu'une augmentation du travail du sol (20 %) et de la jachère (11 %). À la question de savoir quel pourcentage de leurs terres comprendrait une jachère en l'absence de cultures HT, la réponse moyenne (n = 104) était de 23 %. Comparé au 1 % de terres actuellement gérées en jachère dans l'échantillon de l'enquête, cela représente un pas en arrière dans la gestion durable des sols par les agriculteurs si les cultures HT n'étaient plus disponibles.
Les résultats de l'enquête montrent qu'entre 1991-1994 (n = 64) et 2016-19 (n = 126), la jachère a diminué de 44 % à 1 % des hectares, tandis que le travail minimum du sol a augmenté de 35 % à 42 % des hectares et le ZT de 14 % à 55 % des hectares. La réduction du travail du sol et de la jachère par les agriculteurs de la Saskatchewan a permis d'améliorer la séquestration du carbone dans les sols agricoles. Les résultats de la comptabilisation du carbone montrent qu'entre 1991-1994 et 2016-2019, la séquestration annuelle du carbone a augmenté de 0,14 tonne/hectare grâce à la réduction du travail du sol et de 0,39 tonne/hectare grâce à la réduction de la jachère. Comme l'indiquent les réponses des participants, ces améliorations de la séquestration du carbone n'auraient probablement pas eu lieu dans la même mesure, ou n'auraient pas été maintenues, sans l'utilisation continue du glyphosate et des cultures GMHT, en particulier du canola.
Les technologies innovatrices, y compris le glyphosate et les cultures GMHT, offrent aux agriculteurs de la Saskatchewan la possibilité de réduire le travail du sol et la jachère grâce à un contrôle plus efficace des mauvaises herbes en culture, ce qui entraîne une meilleure séquestration du carbone dans le sol. Sans l'utilisation de ces technologies, en particulier le glyphosate, la durabilité des exploitations céréalières de la Saskatchewan n'aurait probablement pas progressé au point où elle se trouve aujourd'hui.
_____________
* Source : policy-brief---technologies-driving-sustainability---july-2021.pdf (usask.ca)