Toujours plus fort... supprimons le label « bio » ! Imposons la marque d'infamie « chimique » !
Glané sur la toile 676
(Source)
Il a eu sa tribune dans le JDD du 12 juin 2021, « Agriculture biologique : "Supprimons le label bio!" ».
Il, c'est M. Sébastien Loctin.
En chapô, tout est presque dit :
« Sébastien Loctin, fondateur de Biofuture, qui regroupe plusieurs entreprises écologiques, propose de créer un label "chimique" sur les produits non bio, plutôt que de mettre en valeur les bonnes pratiques, qui "devraient être la norme".
La suggestion de M. Sébastien Loctin est évidemment totalement désintéressée... Mieux encore, M. Sébastien Loctin prétend prêcher contre ses propres intérêts... la bonne âme...
« Ceux qui rejettent les mauvaises pratiques se retrouvent dans une position ambiguë. Nous aurions presque intérêt à ce que la norme de la production agroalimentaire continue à faire la part belle à la chimie, puisque cela met en valeur notre "différence" : la qualité. Si je me contentais de penser à mon propre business, j'inviterais même la grande industrie à poursuivre sur sa voie…
Seulement voilà, nous sommes nombreux à ne pas voir les choses sous cet angle. Pour nous, il ne s'agit pas de se maintenir fièrement au-dessus de la mêlée, mais au contraire d'inciter rapidement l'ensemble de l'industrie agroalimentaire à évoluer. C'est l'alimentation et donc la santé de nos concitoyens que nous voulons défendre. C'est la norme elle-même que nous voulons changer. Comment se réjouir que 7 % de notre alimentation soit bio ? La réalité est que 93% de nos achats alimentaires restent soumis aux pesticides, à l'ultra-transformation ou aux additifs. »
On voit la patte du communicant habile à manier les sophismes...
Mais cela va tout de même trop loin. Ce n'est pas seulement le « bio = bon ; pas bio = pas bon », mais :
« Quand il s'agit de manger, le bon sens n'imposerait-il pas que nous mettions un label "chimique" sur les produits non bio, ultra-transformés ou remplis d'additifs, qui nous sont aujourd'hui présentés comme la norme? »
Amalgamer le « non bio » à l'ultratransformé et aux additifs, évoquer une « norme », il faut oser...
L'entrée en matière est tout aussi intéressante :
« Créé il y a plus de trente-cinq ans, le label AB (Agriculture biologique) s'est progressivement imposé en France. Au-delà du stéréotype du bobo allant faire ses courses chez Naturalia à trottinette, c'est l'ensemble de notre économie qui est désormais irrigué. La surface agricole cultivée en bio (encore faible) a doublé en cinq ans pour atteindre 2,3 millions d'hectares, la filière génère 180.000 emplois directs, la part du bio dans le panier des ménages dépasse désormais les 7%… »
Le label s'est imposé... avec 2,3 millions d'hectares acquis pour beaucoup d'entre eux grâce à des incitations et soutiens massifs... La part du bio qui dépasse les 7 %... en prix et pas en volume...
« Car l'alimentation est enfin devenue une question de société majeure, et le bio y a grandement contribué. En débordant de sa "niche" initiale, il s'est installé dans les habitudes du grand public. »
Voilà quelqu'un qui ne sait pas que, dans des temps maintenant un peu anciens, le prix de la baguette et du bifteck était « une question de société majeure ». Cela pourrait le redevenir si le bio sortait vraiment de « sa "niche" initiale », non pas pour s'installer « dans les habitudes du grand public » (à 7 % allégués de part du bio...) mais pour être imposé au grand public.