Des chercheurs préconisent d'alléger le fardeau réglementaire pour soutenir la « nouvelle révolution » dans l'amélioration des plantes
Joan Conrow*
Image : Ce soja montrent les effets de la sécheresse au Texas. Photo : Bob Nichols, USDA/CC BY 2.0 (Flickr)
Il est impératif d'alléger le fardeau réglementaire des nouvelles technologies d'amélioration des plantes qui pourraient nourrir un monde plus chaud et plus affamé, exhorte une nouvelle étude.
Les risques du point de vue de la sécurité de ces nouvelles technologies sont « très faibles par rapport aux méthodes de sélection conventionnelles et aux mutations spontanées », selon un article publié dans Critical Reviews in Plant Sciences. Les auteurs affirment en outre que les réglementations devraient être fondées sur des preuves et « prendre en compte les impacts éthiques et socio-économiques plus larges de la soumission des nouvelles variétés de plantes à des évaluations de sécurité avant commercialisation lourdes et coûteuses en raison de la technologie de sélection utilisée pour leur développement ».
Le processus réglementaire actuel, onéreux et coûteux, pour les plantes génétiquement modifiées (GM) a déjà étouffé l'innovation en limitant leur développement aux riches sociétés qui peuvent en assumer les coûts et a fait que deux traits transgéniques – la tolérance à des herbicides et la résistance à des insectes (Bt) – dominent le marché, ont écrit les auteurs. Cependant, ces réglementations « ne semblent pas apporter d'avantages en termes de sécurité » et ne devraient pas être imposées aux plantes dérivées de l'édition du génome et d'autres nouvelles technologies de sélection.
Selon les estimations, la population mondiale passera d'environ 7,7 milliards d'habitants à 9,7 milliards d'ici à 2050, et la productivité des cultures devra peut-être augmenter de 50 % par rapport aux niveaux de 2010, rien que pour répondre aux besoins alimentaires.
« Un tel exploit sera un défi en soi, mais des facteurs tels que la pénurie d'eau, l'augmentation du coût des engrais et les restrictions réglementaires supplémentaires sur leur utilisation entraveront encore plus ces efforts », ont écrit les auteurs. « En outre, les facteurs environnementaux liés au changement climatique, tels que l'augmentation des températures, l'accroissement de la variabilité des conditions météorologiques et de l'intensité des événements météorologiques extrêmes, ainsi que l'évolution des épidémies de maladies et de ravageurs, sont connus pour entraîner des pénalités de rendement et de nutrition chez de nombreuses espèces cultivées. Ces effets négatifs sont déjà évidents dans certaines parties du monde et ne feront que s'aggraver avec l'intensification du changement climatique. »
« Outre la crise évidente de la sécurité alimentaire à laquelle nous sommes confrontés, nous assistons également à une érosion des connaissances agricoles traditionnelles, un nombre croissant d'agriculteurs abandonnant cette activité en raison de rendements décroissants », poursuit le document. « Par conséquent, afin d'assurer un approvisionnement suffisant en denrées alimentaires au cours d'une période où des changements environnementaux considérables sont prévus, il est urgent de développer des variétés à haut rendement, tolérantes au changement climatique, riches en nutriments et respectueuses de l'environnement, qui soient rentables pour les agriculteurs. »
Les nouvelles technologies de sélection pourraient aider à relever ces défis et à répondre à la demande de nourriture. Mais même si l'homme a probablement commencé à modifier les plantes il y a 10.000 à 13.000 ans, et que les plantes évoluaient par le biais de modifications génétiques spontanées bien avant cela, « il subsiste un courant sous-jacent d'anxiété concernant les cultures "GM" [génétiquement modifiées] dans une proportion importante du grand public », ont écrit les auteurs.
« Compte tenu du peu de temps qu'il reste avant que la demande alimentaire n'excède l'offre dans le contexte d'une crise du changement climatique, il est clair que nous avons un besoin urgent d'une nouvelle révolution dans la biotechnologie des cultures comme élément essentiel pour assurer la sécurité alimentaire à l'avenir », écrivent les auteurs.
« Pour y parvenir, il est de la plus haute importance que les sélectionneurs de plantes aient accès à un large éventail de technologies de sélection complémentaires ; une condition préalable à cela sera des politiques réglementaires fondées sur des résultats scientifiques plutôt que sur des sentiments politiques ou émotionnels, ainsi que la compréhension du fait que toutes ces méthodes sont simplement des moyens différents d'obtenir la même chose – des variations génétiques. »
L'article, qui compare les types et la fréquence des mutations spontanées avec celles qui se produisent par des approches de sélection traditionnelles, de mutagenèse induite, de transgenèse et d'édition du génome, suggère que les mutations hors cible potentielles résultant des systèmes CRISPR/Cas « sont très peu probables ». En effet, « la grande majorité des plates-formes CRISPR/Cas évaluées jusqu'à présent chez les plantes semblent être très précises, ne provoquant que très peu, voire aucun, effet hors cible de la technologie d'édition elle-même. »
De plus, « les éventuelles mutations hors cible sont hautement prévisibles et peuvent très facilement être minimisées par une sélection minutieuse des sites cibles », écrivent les auteurs. « Dans le cas d'autres plate-formes CRISPR/Cas, la prévalence des effets hors cible est légèrement plus variable et dépend de la technologie particulière utilisée. »
Alors que les risques involontaires liés à l'amélioration des plantes ont fait l'objet de nombreuses discussions, notamment pour les plantes issues de la biotechnologie, les auteurs affirment que « ce qui devrait plutôt être au premier plan de ces débats, c'est que les altérations génétiques inattendues/inconnues sont inévitables et observables dans toutes les cultures, quelle que soit la technologie de sélection. Elles se produisent même spontanément d'une génération à l'autre, et sont une condition sine qua non de l'évolution elle-même, ce qui signifie qu'elles ont jeté les bases de la survie et de l'adaptation des plantes tout au long de l'histoire. »
« Les plantes ont une capacité extraordinaire à supporter des changements génétiques majeurs sans présenter d'effets néfastes », ont écrit les auteurs. « Même dans les cas où la variation génétique introduite au cours du processus de sélection produit un caractère imprévu, la probabilité que cela ait un impact sur la sécurité de la culture dans le contexte de l'alimentation humaine, de l'alimentation animale ou de l'environnement est très faible ».
« Étant donné que l'incidence des effets génétiques "hors cible"/inconnus résultant de l'utilisation des technologies transgéniques, cisgéniques et ARNi s'est avérée très faible par rapport aux méthodes de sélection conventionnelles et aux mutations spontanées qui se sont produites au fil du temps, on peut supposer que le risque associé à de telles modifications est négligeable. »
Bien que certaines Nations aient déjà pris des mesures pour réglementer les produits de l'édition du génome différemment des OGM traditionnels, l'Union Européenne et la Nouvelle-Zélande ont choisi de soumettre les cultures au génome édité à des lois strictes de réglementation des OGM.
« Malheureusement, de telles décisions ont tendance à être basées en partie sur des opinions non fondées, des politiques et des informations erronées, et il est donc absolument nécessaire d'améliorer la compréhension des plate-formes de sélection biotechnologiques, ainsi que la sensibilisation du public, afin de susciter des modifications rationnelles, fondées sur des preuves, flexibles et facilitant le commerce de nos lois actuelles sur la réglementation des cultures, afin de suivre le rythme de l'évolution des technologies de sélection », ont écrit les auteurs.
Les inquiétudes concernant les cultures génétiquement modifiées « sont en grande partie dues à un fossé éducatif croissant dans le contexte de la biologie de base, de la génétique et des pratiques de sélection, car cela n'a en aucun cas suivi le rythme de la croissance rapide de la science qui s'est produite au cours des dernières décennies », ont écrit les auteurs. « Ces divergences se traduisent par une peur de l'inconnu et ont contribué à la mauvaise perception du public à l'égard des cultures "GM" qui prévaut aujourd'hui, en dépit du fait que très peu d'appréhension est manifestée lorsque les mêmes technologies sont utilisées dans des applications pharmacologiques et médicales.
« Nous en sommes à un point où il est impératif de fournir un moyen de combler ces lacunes dans les connaissances et, dans le même temps, de restructurer les pratiques réglementaires existantes en matière de cultures afin de prendre en considération l'accumulation récente de connaissances concernant les modifications génétiques qui se produisent spontanément, ainsi que celles qui sont introduites par la biotechnologie et qui se sont accumulées via la sélection conventionnelle », écrivent les auteurs. « La réduction du fardeau réglementaire des cultures au génome modifié, et potentiellement aussi de celles qui sont produites en utilisant d'autres technologies telles que la cisgenèse, signifiera une voie accélérée et plus rentable vers la commercialisation. Cela permettrait aux instituts de recherche du secteur universitaire et public de diversifier l'éventail des traits améliorés pour inclure ceux qui présentent des avantages pour le consommateur et/ou l'environnement, plutôt que ceux qui visent uniquement à générer des profits. »
_____________