« Agriculture. Les betteraves bio arrivent dans les champs normands », un bel article d'Ouest-France
Glané sur la toile 667
(Source)
C'est de la belle ouvrage que cet « Agriculture. Les betteraves bio arrivent dans les champs normands » publié par Ouest-France le 14 mai 2021.
En chapô :
« Les industriels de l’agroalimentaire réclament du sucre bio, local. Des betteraviers s’y mettent. Comme Gaëtan Delacroix. Le Normand livre la sucrerie Cristal Union de Corbeilles-en-Gâtinais (Loiret). »
L'article est construit sur un personnage central... l'agriculteur. Celui qui fait notre sucre... enfin pas le mien. Mais on peut bien concevoir qu'il y a des clients pour le bio, que les industriels et commerçants veulent développer la filière et qu'il y a des agriculteurs prêts à relever le défi.
Un défi de taille. Il faut picorer dans l'article pour extraire un certain nombre de faits.
Rappelons que le sucre bio et le sucre conventionnel, ainsi que le sucre issu de betteraves GM (pas chez nous... hélas), c'est du saccharose pur. Si vous croyez que le sucre bio est meilleur pour la santé, vous avez tout faux.
Repiqué de « Douce ironie : les impacts environnementaux du déni de science sur le sucre issu de betteraves GM »
On peut ainsi s'étonner en lisant la troisième phrase :
« Une culture encore peu répandue en agriculture biologique. "C’est ma deuxième saison. J’y consacre encore 3,5 hectares", explique Gaëtan Delacroix, propriétaire de la ferme de Bonnetôt, à Tôtes, dans le pays de Caux (Seine-Maritime). »
Que signifie ce « encore » ?
Les filières doivent bien sûr être séparées au niveau industriel. Conséquence...
« Ses betteraves ne partent pas vers l’usine de Fontaine-le-Dun, située à vingt kilomètres de son exploitation, mais à Corbeilles-en-Gâtinais, dans le Loiret, à 150 kilomètres. »
L'autre grand groupe sucrier, Tereos, transforme les betteraves bio dans sa sucrerie d’Attin (Pas-de-Calais).
On s'étonne alors de lire :
« Le bio n’est plus l’apanage de la production de sucre de canne d’Amérique du Sud. "Des laiteries, des biscuiteries, des microbrasseries privilégient aussi une production locale de sucre de betteraves plutôt que du sucre de canne", souligne Benoît Coiffier, conseiller techniques "grandes cultures" à l’association Bio en Normandie. "Les agences de l’eau incitent aussi beaucoup à la conversion en bio." »
On laissera la responsabilité de la dernière phrase à son auteur, en supposant toutefois que les agences de l'eau ont une vision, comment dire, holistique desenjeux. Sa conception du « local » est bien curieuse.
Et comme les productions sont quasiment anecdotiques, on peut penser que les outils industriels doivent faire l'objet d'un grand nettoyage quand on passe de la production conventionnelle à la bio.
Anecdotiques ? Une augmentation de 100 % en Normandie :
« En Normandie, les surfaces de betteraves bio sont passées de 10 à 20 ha. À l’échelle du groupe, une centaine de planteurs cultivent un millier d’hectares (sur 160 000 hectares). De quoi occuper, pendant une semaine, en novembre, la sucrerie de Corbeilles-en-Gâtinais, au milieu de sa campagne. La production de sucre bio ? Seulement 3 000 tonnes en 2020 à cause de la jaunisse qui a sévi durement en Champagne et Loiret (20 000 tonnes de betteraves récoltées au lieu de 40 000 tonnes). Mais Cristal Union espère doubler sa production de sucre bio en 2021. La demande ne faiblit pas. "L’industrie de la cosmétique réclame aussi de l’alcool bio", explique-t-on chez Cristal Union. »
Tiens donc ! C'est un peu confus. Peut-on vraiment interpréter ce pargraphe comme signifiant que le rendement moyen en bio a été de 3 tonnes/hectare ?
Et ces apparatchiks d'EÉLV et autres idéologues du bio qui nous serinaient que les betteraves bio n'étaient pas – ou à la rigueur moins – affectées par la jaunisse lors de la dernière campagne...
(Source)
Nous avons cité le paragraphe dans son intégralité. « L'industrie de la cosmétique réclame... » ? Ben oui, pour pouvoir proclamer que ses produits sont « bio » (à x %, le cas échéant). Là encore, l'alcool... c'est l'alcool...
Ouest-France fournit encore d'intéressantes informations sur l'itinéraire de culture et les aspects économiques que nous ne reproduirons pas ici, histoire de ne pas (trop) compromettre la visite de leur page. En bref :
« Les planteurs normands sont encore hésitants. »
On comprend à la lecture des défis.
Et la conclusion de l'article est aussi étonnante :
« La pression des ravageurs et des maladies reste contenue. Ici, à vingt kilomètres de la mer, la jaunisse de la betterave provoquée par les pucerons n’aura pas frappé aussi durement qu’au sud de Paris. Les oligo-éléments, les mélanges à base d’ail, le purin d’ortie renforcent la défense des cultures. Les auxiliaires, tueurs de pucerons, travaillent à plein temps au sein de la ferme de Bonnetôt. "Je plante un kilomètre de haies tous les ans." »
La dernière phrase est une sorte de cheveu sur la soupe. Non, on peut se demander quelle est la surface nécessaire pour produire le purin d'ortie. Et l'ail des mélanges... on espère qu'il est lui aussi bio.
Et les auxiliaires arrivent toujours en masse une fois que le ravageur s'est lui-même bien installé... trop tard pour lutter contre une virose. Ah la pensée magique !