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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Lumni propose des contenus certifiés... c'te blague !

6 Avril 2021 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

Lumni propose des contenus certifiés... c'te blague !

 

 

La Wanderlust – l'envie de voir du monde – cybernétique m'a ramené sur la page « Nourrir l'humanité » de Lumni, « une plateforme éducative numérique de l'audiovisuel public français permettant aux élèves de la maternelle à la terminale de consolider les notions des programmes scolaires » selon Wikipedia

 

Lumni.fr propose des contenus certifiés afin que les élèves de 3 à 18 ans puissent réviser les notions des programmes. C'est dit toujours par Wikipedia, et c'est aussi le message diffusé sur des chaînes de télévision, dans la publicité, souvent entre deux séquences vantant des produits « bio ».

 

Nous avons brièvement évoqué ce site dans « Bio et écoliers : bourrons leur le mou pendant qu'il est encore malléable ! »

 

J'ai atterri sur une autre série, « Data science vs Fake », et sa séquence intitulée « Vidéo : La Terre ne pourra pas nourrir 9 milliards d'habitants en 2050 ». S'il y avait un point d'interrogation, on comprendrait que la séquence a pour objet de répondre à une assertion. Mais il n'y en a pas ! Il ne vient que dans un deuxième titre.

 

 

 

Voici le récit de la vidéo de 2:34 minutes. Il est repris sous forme de texte sur le site. Peu de gens le lirons... ne serait-ce que parce qu'il faut le dérouler.

 

« La Terre pourra-t-elle nourrir tout ses habitants en 2050 ?

On entend parfois dire que la Terre ne pourra pas nourrir ses 9 milliards d’habitants en 2050. Qu’en est-il réellement ? Allons voir les chiffres.

 

En 1960, un hectare de terre cultivable pouvait nourrir environ 2 personnes. En 2006, ce même hectare en nourrissait 4, avec plus de 2500 calories par personne et par jour et une moyenne mondiale de 31,7 kilo de viande par an. On prévoit qu’en 2050, les rendements vont encore s’améliorer et qu’1 hectare pourra nourrir 6 personnes. 1 hectare de terre cultivable permet d’obtenir à peu près et en nourrissant les animaux 43 kilos de bœuf 181 kilos de porc 189 kilos de poulet ou de récolter 588 kilos de riz de produire 625 kilos de pain ou 1 tonne 667 kilos de pommes de terre. 1,6 milliard d’hectares sont aujourd’hui cultivés sur la planète.

 

On estime qu’il reste entre 500 millions et 2,5 milliards d’hectares encore cultivables sur Terre. Avec les rendements de 2006, la planète peut donc théoriquement nourrir entre 8,4 milliards et 16,4 milliards d’habitants et entre 15,6 et 24,6 milliards selon la productivité prévue pour 2050. Mais ce calcul, purement quantitatif ne tient pas compte des problèmes environnementaux dus à l’agriculture intensive de l’inégalité d’accès et de répartition de la nourriture sur la planète de la surconsommation calorique des pays occidentaux, dont les habitants mangent aujourd’hui plus de 70 kg de viande par an et des 30 à 40% de nourriture gaspillée.

 

La Terre a donc vraisemblablement la capacité de nourrir 9 milliards d’habitants en 2050 mais saura-t-elle le faire de manière raisonnée et durable ? »

 

Il y a pas mal de choses à dire sur la vidéo et le texte, à commencer par une ponctuation de dilettante.

 

Mais prenons d'abord les chiffres, oh, juste un seul : 625 kg de pain produit par hectare ?

 

 

 

 

Notre « Les mathématiques du blé et du pain » est un des articles les plus lus de ce blog. Un kilogramme de blé fournit en gros 1,2 kg de pain. Selon nos génies de la transmission du savoir, l'hectare de blé produit donc 625/1,2 = 521 kg de blé, soit 5,21 quintaux. En France, sauf année climatique exceptionnelle, le rendement dépasse 70 quintaux/hectare. Dans le monde, selon FAOSTAT, il est de l'ordre de 33 quintaux/hectare.

 

On peut bien sûr poursuivre. Quelle plaisanterie, par exemple, que ces 43 kg de viande de bœuf à l'hectare.

 

Et quel est ce génie qui, pour illustrer son propos (datant de 2018), s'en remet aux rendements de 2006 ?

 

Mais le fond du problème est ailleurs. Le titre de la séquence est manifestement anxiogène. La conclusion n'incite pas à l'optimisme ; accessoirement, elle reprend les poncifs de l'« écologisme ».

 

Est-ce la mission d'une « plateforme éducative » de former des pétochards, des défaitistes, des déserteurs face aux défis qui les attendent ?

 

On aurait aimé un autre message, véhiculé par la FAO dans un document non daté. L'humanité a les moyens de se nourrir en 2050 « de manière raisonnée et durable » en relevant les divers défis qui se posent et se poseront vraisemblablement à elle.

 

La question est de savoir quelle sera la participation des Européens et, surtout, des Français dans cette formidable aventure qui n'est que le prolongement de l'aventure passée, avec de nouveaux défis et de nouveaux moyens. Lumni – qui n'est qu'une manifestation d'un problème plus profond – n'incite pas à l'optimisme.

 

À quoi bon aller à l'école, puisque tout est foutu, c'est une « philosophie » inspirée par Greta Thunberg et ses marionnettistes.

 

À cela peut répondre un mot devenu fameux de Winston Churchill, certes prononcé dans un autre contexte : « we shall never surrender ».

 

À cela peut aussi répondre un mot, qui devrait devenir célèbre, prononcé par Mme Angela Merkel à propos de l'intégration d'une importante vague de réfugiés, le 31 août 2015 : « Wir schaffen das », « nous y arriverons ».

 

 

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