Cinq députés proposent de « Relocaliser la production de viande bovine: une solution durable contre le changement climatique » dans l'Opinion
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L'Opinion a publié le 22 mars 2021 une tribune, « Relocaliser la production de viande bovine: une solution durable contre le changement climatique » de MM. Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse ; Pierre Venteau, député de la Haute-Vienne ; Alain Perea, député de l’Aude ; Olivier Damaisin, député du Lot-et-Garonne ; et Mme Martine Leguille-Balloy, députée de la Vendée, tous LaREM.
Les députés interrogent d'entrée :
« Peut-on accepter de faire venir de la viande de l’autre côté du globe et, dans le même temps, faire faire plus de 1 000 kilomètres à des animaux vivants pour rejoindre des centres d’engraissement à l’étranger ? »
On peut regretter l'accent mis sur le changement climatique – qui, d'une part, n'a rien d'évident et, d'autre part, constitue une diversion – plutôt que sur la structuration et la revitalisation de la filière bovine, qui est en fait le thème majeur de la tribune.
Mais on n'échappe plus à l'hystérie de l'urgence climatique, aux clichés et aux lieux communs. Pourtant, des calculs montrent que l'empreinte carbone de la viande néo-zélandaise, qui aura fait la moitié du tour du monde, est inférieure à celle de viandes européennes (ici, par exemple, pour une comparaison avec l'agneau britannique et l'ageau français). La part du transport est très faible (5 % selon le document précité) et l'agneau néo-zélandais serait plus performant de l'ordre de 15 % par rapport à l'agneau français. Cela devrait s'appliquer aussi à la viande bovine qui nous viendrait d'autres continents.
La question du bien-être animal est plus pertinente, mais avons nous les moyens, en France, d'engraisser les animaux que nous envoyons, en particulier, en Italie ?
Inversement, si l'Italie caresse l'idée de faire davantage de naissage pour du « 3IT » (viande née, élevée et abattue en Italie), comment cela se traduira-t-il en termes de capacité de production ? Aujourd'hui, la vache allaitante est nourrie en France et le veau est fini en Italie. Demain peut-être, si la proposition des députés se concrétise, les équilibres vont se modifier.
Et c'est là où cela devient intéressant.
L'Opinion écrit en chapô :
« Il semble aujourd’hui que la puissance publique est le dernier recours, vu l’incapacité de ces filières à se structurer et à avancer des propositions de régulation des prix et des volumes et de contractualisation. »
L'État nounou, hélas ! Mais il semble que le constat ne souffre pas la discussion.
L'État peut aussi être stratège.
Les cinq députés écrivent en conclusion :
« L’enjeu est clair : nous devons nous fixer comme objectif de substituer la viande d’importation par nos jeunes bovins en relocalisant massivement leur finition en France et en la consommant dans la restauration hors domicile.
[…]
C’est pour toutes ces raisons que nous travaillons activement sur l’élaboration d’un plan soutenant la relocalisation de la production de viande bovine avec le cabinet du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. »
Si l'on comprend bien, le système naisseur devrait ajouter un volet là où la polyculture permet de produire les compléments fourragers. Pour les autres ?
« Pour les zones où les cultures sont difficilement possibles, ne serait-il pas intéressant de passer à un système de mutualisation afin de diminuer les coûts de production dans des ateliers collectifs d’engraissement plutôt que d’envoyer nos jeunes bovins vers l’Italie, un pays qui veut de plus en plus du "3IT" à savoir de la viande née, élevée et abattue en Italie ? Il apparaît donc évident que la future PAC doit encourager et soutenir particulièrement les systèmes de production de bovins avec finition, et pas seulement au travers des aides directes.
La question d'ensemble mérite d'être posée et soigneusement analysée.
On peut discerner à ce stade au moins quatre axes de réflexion :
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Comment organiser la transition de l'ancien vers le nouvel état ?
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Les éleveurs ont-ils la capacité d'investir ?
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Comment articuler un tel projet avec la machinerie de la PAC ?
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L'évolution sera-t-elle possible, à des conditions raisonnables, compte tenu des contexte administratif, politique, judiciaire et sociétal ?
S'ajoute un point abordé par nos cinq députés : celui de nos habitudes de consommation. Et, bien sûr, la question à 1.000 euros : sera-t-il rentable de finir les bovins en France, plus rentable que d'exporter les jeunes en Italie ?
Des ateliers collectifs d'engraissement – notez bien : pour faire baisser les coûts de production selon la tribune ? C'est par exemple appelé « ferme des 1.000 veaux », et celle de Saint-Martial-le-Vieux (Creuse) a été victime d'un acte de vandalisme...
Cette tribune a le mérite de susciter la réflexion et d'avancer des propositions. Quelle différence avec celle publiée dans le JDD !