Merci aux auteurs de « L'affaire Roundup à la lumière des Monsanto Papers »
« L'affaire Roundup à la lumière des Monsanto Papers », de M. Gilles-Éric Séralini « avec Jérôme Douzelet » est un « récit d'investigation ». C'est écrit sur la couverture. De quelque 190 pages, il est publié chez Actes Sud. L'ouvrage est préfacé, comme l'indique très visiblement la couverture, par Mme Vandana Shiva, l'« écoféministe » qui assimile la culture des OGM au viol (et par nécessité le viol à la culture des OGM).
Curieusement, sur Amazon – horresco referens (ironie) – la « biographie de l'auteur » s'attarde bien plus sur cette dernière que sur l'auteur principal et le contributeur.
Ce récit serait :
« Une enquête édifiante au cœur des Monsanto papers, qui révèle comment cette multinationale a tout mis en œuvre pour faire disparaître l’étude de Gilles-Éric Seralini qui montrait la toxicité du Roundup et des OGM qui lui sont associés, comment est détournée la réglementation supposée protéger les populations et, pour finir, comment est organisé le dévoiement de la science, de la médecine et des pouvoirs publics. »
Selon la quatrième de couverture, après la publication de l'infameuse étude sur les rats et la diffusion planétaire de photos de trois rats affligés de tumeurs énormes (le quatrième – le témoin – ayant été malencontreusement oublié),
« […]
Très vite, un scandale éclate, mettant en cause ces travaux. Le professeur va se battre et intenter sept procès, en France, contre les lobbys de la firme - tous gagnés. Depuis, il a confirmé et démontré la présence de poisons à base de pétrole et d'arsenic dans les Roundup contenant du glyphosate, et même dans ceux sans glyphosate, qui les remplacent depuis 2020.
En 2017, à l'occasion de procès intentés par des utilisateurs de Roundup atteints de maladies graves, Monsanto (aujourd'hui rachetée par Bayer) a été obligée de rendre publics des milliers de documents confidentiels. Gilles-Éric Seralini y est cité 55 952 fois. Ces "Monsanto Papers" ont permis d'établir les pratiques frauduleuses de la firme, que les jurés ont condamnée pour malveillance.
Gilles-Éric Seralini et Jérôme Douzelet révèlent, grâce à ces documents et à une histoire vécue, comment est détournée une réglementation censée protéger des millions de gens, et comment sont mis en place des mascarades d'évaluations mais aussi le dévoiement de la science, de la médecine et des pouvoirs publics. Ian Fleming ou John Le Carré n'auraient pas renié cette enquête, mais ce n'est pas une fiction. »
Il est pas mal question dans cet ouvrage de « poisons à base de pétrole et d'arsenic », ainsi que de co-formulants, à tel point qu'on finit par s'interroger sur le facteur causatif réel de tous les maux qui sont attribués au Roundup (le vrai et les produits récents à base d'acide acétique (vinaigre) ou pélargonique).
À notre humble avis, Ian Fleming et John Le Carré n'auraient pas écrit ça. D'enquête, il en est un peu question, quoique le travail ait été prémâché – dans le sens qui leur convenait – par les cabinets d'avocats prédateurs états-uniens qui ont voulu faire les poches à Monsanto puis Bayer et par leurs petites mains.
La référence aux procès « contre les lobbys de la firme » est un indicateur de l'esprit général du livre. Il y a en fin d'ouvrage une « liste des principaux personnages au rôle significatif, cités dans le texte ». Le personnel de Monsanto, évidemment, mais aussi, notamment, « ceux qui aident l'industrie de la chimie et des OGM » (27) et « les soutiens de Séralini » (12).
Parmi les soutiens de l'industrie,
« Wackes Seppi, pseudonyme d'André Heitz, blogueur courageux. »
Il va de soi que cette description n'est pas flatteuse et doit être prise au second degré.
Il en va de même pour M. Stéphane Adrover, alias Anton Suwalki. Voici un troisième empêcheur de publier en rond :
« Gil Rivière-Wekstein, se prenant pour un journaliste, il anime le site Agriculture & environnement, condamné pour diffamation dès 2007. »
Ah, la diffamation !
Notre ami Gil, c'est effectivement Agriculture & Environnement dont il est – et se dit – l'éditeur et le rédacteur... quelque 200 numéros d'une lettre très prisée par les milieux liés à l'agriculture et quelques 1.200 articles, une poignée d'ouvrages écrits seul ou en collaboration.
Ah oui, la diffamation... dûment consignée sur Wikimonde, sur une page qui n'est pas dénaturée mais est le reflet de l'esprit de nombreux contributeurs à ce projet.
Il me semble que notre ami Gil a été confronté à un plaideur qui se plaignait d'une atteinte à son honneur bien curieuse (il avait ironisé sur un titre de docteur en 2006, à une époque où l'usage réservait le port de ce titre à des professions médicales – selon un mode assez similaire au questionnement de la qualité de M. Gil Rivière-Wekstein)...
Citons encore :
« Marc Van Montagu, un des premiers faiseurs d'OGM, notamment d'un tabac transgénique, pas du tout pour nourrir le monde mais pour contenir un gène de résistance à un antibiotique. »
Prix Mondial de l'Alimentation 2013, M. Marc Van Montagu est avec Joseph Schell à l'origine de la transgenèse médiée par Agrobacterium tumefaciens. S'il a utilisé le tabac et un gène de résistance à un antibiotique, c'est tout simplement parce que c'était un travail de laboratoire. La description de ce très grand personnage de la science est donc, disons, sujette à questionnement.
Ah, la diffamation !
Le taulier de ce blog apparaît dans le chapitre « Infos toxiques : infiltration des médias », avec le chapô suivant :
« Les procès en instance et en appel contre le journal Marianne, et contre un retraité hargneux. Les méfaits trop rarement condamnés des blogueurs appointés qui répètent les diffamations sur les réseaux sociaux. »
Ah, les diffamations...
Des « blogueurs appointés » qui « répètent des diffamations »... Voilà des propos qui suscitent déjà des interrogations sur leur qualification...
Mais nous avons échappé à bien pire ! Voici l'introduction d'un autre chapitre, « La fabrique du mensonge » :
« Où un gangster s'enfuit en voiture pour protéger une multinationale qui se démène tous azimuts afin de garder secret un mensonge gigantesque qui sous-tend toute la toxicité de l'agrochimie. [...] »
Non, ce n'est pas à la lumière des Monsanto Papers... C'est l'exploitation d'un « exploit », le harponnage de M. Henry Miller en pleine rue à San Francisco, qui avait toutes les caractéristiques d'un car-jacking et qui a contribué à la réputation nauséabonde de la chaîne de télévision publique France 2 en janvier 2019, avec l'immonde Envoyé spécial « Glyphosate : comment s'en sortir ».
Mais revenons à notre chapitre, intitulé « Infos toxiques : infiltration des médias ».
Le « retraité hargneux » est un ex de l'Université de Caen qui avait effectivement publié une critique d'une rare violence (et l'a très rapidement dépubliée). On nous dit :
« À la suite de notre plainte, la brigade de répression de la délinquance identifie l'auteur de ces lignes [...] »
En fait, « l'auteur de ces lignes » – son état-civil nous est donné en entier – était parfaitement identifié sur son blog.
Une fois son compte réglé, le texte se poursuit :
« D'autres sont mieux organisés et pourvus de moyens par l'industrie, par exemple par les vendeurs de pesticides, ou par des agences de communication en free-lance : ils présentent donc plus d'influence et de persistance. Leur but est toujours de mettre des bâtons dans les roues pour éviter que l'on ne prenne en compte nos recherches, ce qui mènerait à l'interdiction des produits, en les décrédibilisant ou en attaquant ma personne. Ils s'en prennent d'ailleurs aussi à toute l'écologie ou à des journalistes qui mettent a nu l'industrie, comme Paul Moreira ou Élise Lucet.
Parmi ceux-là, nombreux en France et à l'étranger, voici deux exemples de "vedettes" du genre, qui ne nous lâchent pas mais soucieuses de préserver leur anonymat. Le premier, Wackes Seppi […] »
La suite du « récit d'investigation » est une resucée d'un torchon que l'on trouvera encore sur le site du CRIIGEN et auquel nous avions répondu sur le site Imposteurs (voir ici et ici). On vous laissera juge de la qualification pénale de ces propos...
Pour l'édification du lecteur, le paragraphe se conclut par une brève description de notre (ma) condamnation :
« Ils avaient répandu leurs litanies habituelles, entre autres "docu menteur, minable, nul, infantile". »
« Documenteur » n'a pas été retenu par le tribunal qui, certes, ne jugeait pas de la qualité de l'œuvre audiovisuelle dont j'avais produit une analyse qui a déplu. Les autres qualificatifs incriminés s'appliquaient essentiellement aux moyens employés dans cette œuvre pour convaincre le téléspectateur. On ne peut donc que se féliciter du fait que l'auteur de « L'affaire... » ait trouvé nécessaire de préciser les éléments de mon analyse qui ont eu l'heur de déplaire.
Le paragraphe qui nous est consacré est agrémentée de la mise en cause de l'Association Française pour l'Information Scientifique (AFIS), avec évocation de MM. Louis-Marie Houdebine, Marc Fellous, Gérard Pascal, Marcel Kuntz, Philippe Joudrier et Mme Yvette Dattée :
« Cette association sert l'information qui déclenche la dénaturation de mon profil Wikipédia, lequel se multiplie, déformé, dans toutes les langues. »
Encore une allégation... Cela nous éloigne de nos deux petites personnes, Stéphane Adrover et moi, mais illustre bien l'esprit de cet ouvrage.
Sur Imposteurs, il y a eu une autre réponse à la prose reprise par le CRIIGEN : « Petite leçon de propagande à l’usage des lobbyistes citoyens et professionnels, par A. Kollantaï ». Extrait :
« […] La première dissonance est l’écart entre la présentation du blog Imposteurs et la réalité des faits. Faire parler, même en mal, par n’importe quel moyen, ça suffit pour attirer du monde. Mettre en avant une source ennemie, surtout si elle n’est pas franchement populaire, n’est pas forcément la meilleure chose à faire. La bourde risque même de s’aggraver si l’internaute a la curiosité d’aller sur Imposteurs. A la place d’un important portail de propagande pro OGM géré en temps réel par une agence de communication ou des employés d’une multinationale, il ne découvrira qu'un blog austère animé par un chargé d’étude de l’INSEE et un présumé retraité. »
C'est vrai aussi, mutatis mutandis, du blog de Seppi.
Mais à voir l'intérêt qu'a suscité jusqu'à présent « L'affaire Roundup à la lumière des Monsanto Papers », on peut penser que cet ouvrage n'attirera pas beaucoup de monde vers le blog de Seppi.
En tout cas, merci d'avoir essayé.