Des nouvelles d'« Agricolincrédule »
Glané sur la toile 654
Début décembre dernier, j'avais publié « À la découverte d'un blog : "Agricolincredule" », tenu par M. Colin Hélie-Harvey.
Il va sans dire que j'apprécie énormément, tant du point de vue du fond que du style et de la langue, le français canadien.
La série « Parlons petites fermes écologiques, Jean Martin Fortier et l'autosuffisance alimentaire » est une analyse détaillée du discours sur les extraordinaires mérites (allégués) des microfermes – largement diffusé au Canada, mais aussi en France, par un personnage emblématique qui s'efforce de ressembler plus vrai que nature à l'effigie de cire qu'il aura peut-être un jour au Musée Grévin Montréal et, qui sait, de Paris. Nous avons (déjà) nommé M. Jean-Martin Fortier.
Le troisième volet, produit en janvier dernier, s'intitule : « L’agriculture écologique n’est pas une question de feeling ». Petit extrait :
« Après le sexe, le concept de "naturel’’ est probablement l’outil de marketing le plus puissant pour vendre ses bébelles : onguent naturel, alimentation naturelle, médecine naturelle, etc. Si c’est naturel, c’est bon. Si c’est chimique, c’est mauvais. Pourtant, la liste des choses naturelles qui sont hautement toxiques ou cancérigènes est bien longue. Le bio ne se prive pas d’exploiter cette fausse croyance d’une supposée supériorité du naturel. Généralement, lorsqu’on avoue du bout des lèvres qu’on utilise aussi en bio des pesticides, on s’empresse de préciser que ce sont des produits naturels. [...] »
Et un petit graphique très instructif (peut-être faux ou trompeur, une partie des fertilisants organiques prenant sa source d'engrais azotés minéraux) :
M. Colin Hélie-Harvey a saisi la polémique, montée en épingle et parvenue jusqu'à nous dans l'Hexagone, du beurre devenu plus dur et moins tartinable que d'habitude à température ordinaire, du fait d'une alimentation un peu particulière des vaches qui, rappelons-le produisent le lait (après avoir donné naissance à un veau, parfois deux) dont on fait le bon beurre.
Son article, c'est « À la défense de l’huile de palme ».
Tabarnac ! Serait-il fou braque ?
Oh que non ! C'est une analyse d'une grande richesse et d'une grande pertinence. Cela commence par ceci :
« Le rêve de tout journaliste c’est de dévoiler au public une information qui débouchera éventuellement sur un quelquechose-papers ou alors patente-gate, il aura alors l’impression d’avoir marqué l’histoire. Que nous ont offert les médias cette semaine? Le buttergate. Belle tempête dans un verre de lait. J’ai du mal à comprendre en quoi le fait d’utiliser des ruminants pour faire ce qu’ils font de mieux, c’est-à-dire transformer un résidu sans grande valeur pour en faire un produit à haute valeur nutritive, est scandaleux. Réutiliser des déchets de l’industrie de l’huile de palme (palmite) pour en faire du lait me semble une belle façon de revaloriser cette matière. Le gros problème serait, qu’apparemment, le beurre serait légèrement plus ferme à la température de la pièce. C’est le genre d’inconvénient à classer dans la catégorie first world problem. »
Et voici, pour un third world problem, un graphique éloquent :
À mettre sous le nez des bien-pensants pour qui il est urgent de détourner les agriculteurs du monde dit en développement des cultures d'exportation pour qu'ils produisent à la place des cultures vivrières.