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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Aimez-vous les technologies modernes ? Remerciez aussi le Moyen Âge

26 Mars 2021 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

Aimez-vous les technologies modernes ? Remerciez aussi le Moyen Âge

 

Jaclyn Krymowski, AGDAILY*

 

 

Ma note : c'est un peu « rustique », mais pas inintéressant.

 

 

 

 

Malgré toutes les connaissances perdues au cours des « Âges des ténèbres », de nombreuses technologies agricoles ont survécu et ont eu un impact sur l'agriculture moderne.

 

 

Le monde de l'agriculture d'aujourd'hui est plein de technologies cool, et il semble que nous soyons toujours tournés vers l'avenir. Mais ralentissons un peu et apprécions certaines de nos racines anciennes qui ont ouvert la voie à tout cela, en particulier une période des débuts de la société européenne. L'époque connue sous le nom de Moyen Âge est souvent appelée de manière générique [en anglais] « l'Âge des ténèbres ». Depuis la chute de l'Empire romain d'Occident jusqu'à la Renaissance ou les Grandes Découverte (c'est-à-dire approximativement du Ve au XVe siècle), cette large période a longtemps été connue davantage pour être primitive et pitoyable que comme une aube de la technologie agricole.

 

Mais son rôle ne doit pas être sous-estimé. Après tout, une société dans laquelle 80 à 90 % des personnes sont directement impliquées dans l'agriculture et la production alimentaire est vouée à développer quelques idées.

 

Avant les transports massifs et les politiques d'importation complexes, un pays devait compter sur l'ensemble de son secteur agricole pour produire, mais aussi pour transformer et stocker les aliments afin de passer les durs mois d'hiver. L'échec n'était pas l'effondrement d'une entreprise ou d'une seule famille, il pouvait signifier la destruction d'une Nation.

 

Mais en ce qui concerne ce que nous avons aujourd'hui, pensons aux machines, aux équipements et même aux pratiques agronomiques rudimentaires qui ont été développés. Sans le savoir, des innovateurs se sont comportés chaque jour comme les fers de lance des futurs empires de l'agrobusiness – avant même que la science ou la mécanique sous-jacentes ne fussent pleinement comprises.

 

 

Une scène rurale créée en 1696 par l'artiste italien Leonardus Quesi (Image : Met)

 

 

Nourrir le monde primitif

 

Si les connaissances en matière de nutrition étaient primitives, les calories ne manquaient pas en période d'abondance pour que les classes nobles et ouvrières de la société européenne puissent continuer à fonctionner.

 

Les régimes alimentaires étaient tout sauf structurés, et les nutriments essentiels manquaient généralement, mais l'énergie était abondante. Le système agraire était axé sur des régimes alimentaires riches en glucides et en protéines. Cela s'explique par l'importance accordée aux céréales, à la bière et au bétail, qui étaient tous faciles à conserver et à préserver pour résister aux hivers rigoureux et prolongés.

 

Après la peste noire, la viande a peut-être représenté près d'un cinquième du régime alimentaire moyen, avec un apport calorique moyen estimé à 3.000 calories pour les hommes qui travaillaient !

 

La croissance et la concentration croissante de la population ont peut-être incité à augmenter la production et, lentement, à se diriger vers une plus grande efficacité. Plus de mains pouvaient produire et conserver plus d'aliments et produire plus de biens, mais les heures de travail des hommes ne suffisaient pas à elles seules pour augmenter les rendements. Il fallait améliorer les équipements existants pour répondre à ce besoin.

 

 

Les innovations d'aujourd'hui sont les idées d'hier

 

Beaucoup d'outils et d'équipements de base d'aujourd'hui ont des racines vraiment anciennes. De l'an 1000 à 1300 après J.-C., on a assisté à un développement exceptionnel des technologies agricoles, dont beaucoup ont été introduites dans les sociétés européennes depuis l'extérieur du continent, grâce à l'augmentation des transports et de la connectivité entre les cultures. L'une des plus importantes de ces innovations était la charrue. Il s'agissait d'une amélioration de l'araire, la « charrue à gratter » en bois, plus primitive, utilisée dans les civilisations anciennes comme l'Égypte.

 

Le concept de la charrue n'est pas si éloigné de celui d'aujourd'hui – un soc en fer avec un simple versoir pour un retournement complet et des roues pour un déplacement facile. Cette innovation a permis une meilleure aération des sols argileux, denses et collants, qui recouvrent la majeure partie de l'Europe et est souvent citée comme ayant largement contribué à l'augmentation des rendements tout au long des siècles suivants.

 

Une étude a révélé qu'après l'introduction de la charrue, les régions aux sols argileux plus fertiles ont connu une augmentation de l'urbanisation. C'est une preuve supplémentaire que, à long terme, le développement dépend fortement des progrès de l'agriculture.

 

Il convient de noter que cela n'a été possible qu'avec un développement important du matériel de harnachement. Le plus important est le collier rembourré pour les chevaux, que l'on voit encore aujourd'hui dans le monde entier. Cette simple invention a été développée dès le véritable Âge des ténèbres (certains disent le VIIIe ou le IXe siècle), et largement adoptée dès le XIIe siècle.

 

Plus agiles qu'un attelage de bœufs, les chevaux pouvaient couvrir plus de terrain rapidement. Malheureusement, le traditionnel joug romains pour l'attelage des bœufs était incompatible avec l'anatomie du cheval.

 

Le collier rembourré, cependant, permettait aux chevaux de tirer beaucoup plus de poids avec facilité. Sans lui, la charrue à versoirs telle que nous la connaissons n'aurait jamais vu le jour.

 

Il faut également noter l'apparition du traditionnel moulin à eau. Ce n'est pas entièrement une invention du Moyen Âge ; l'Empire romain était également reconnu pour avoir mis cette technologie à la disposition de ses citoyens. Cependant, avec l'abondance du travail des esclaves, le moulin à main avait leur préférence.

 

Avec l'expansion de l'urbanisation et la diminution de la main-d'œuvre gratuite, le moulin à vent européen s'est imposé aux XIe et XIIe siècles, au point que ces structures étaient communes à presque toutes les régions. Cela a permis d'économiser du temps, du travail et de suivre la croissance des rendements.

 

 

Cincinnatus à l' araire

Pièce en bronze du milieu du XVe siècle de l'artiste italien Filarete. (Image : Met)

 

 

L'agriculture tout au long de l'année

 

Bien qu'ils ne disposaient pas de connaissances météorologiques de pointe, les paysans ont fait un assez bon usage de leur calendrier saisonnier pour faire que le climat profite à leurs cultures et leurs récoltes.

 

La fin de l'hiver était marquée par le labour et la fertilisation, suivis par les semis au printemps et au début de l'été. Parallèlement à la saison de végétation et de plantation, le désherbage et l'effarouchement des oiseaux, indispensables à la récolte ultérieure, prenaient beaucoup de temps.

 

Pendant la « basse saison », les familles pouvaient se concentrer sur d'autres tâches essentielles, telles que le traitement et la valorisation de produits comme la laine, la paille, les céréales et la viande.

 

On ne peut pas parler des débuts de l'agriculture européenne sans évoquer le développement du système triennal. Si les connaissances spécifiques sur la santé des sols, la fertilisation et l'agronomie étaient assez élémentaires, cette méthodologie reflète ce que les générations suivantes ont pu découvrir.

 

Le système triennal permettait une rotation des cultures d'été et d'hiver, avec des saisons de végétation qui se chevauchaient, tandis que l'on pouvait laisser le sol en jachère pendant toute une année. Avec une variété d'aliments de base comprenant des fèves, des pois et différents petits grains, cette rotation était assez efficace pour maximiser l'utilisation des nutriments du sol.

 

Alors que l'essor des découvertes scientifiques était encore à venir, la longue période qu'a été le Moyen Âge a jeté les bases nécessaires aux futurs innovateurs. Le travail était dur et d'une lenteur atroce, mais les petits changements apportés au fil des ans ont permis aux sociétés de survivre et de se développer – pour finalement arriver là où nous sommes aujourd'hui.

 

______________

 

Jaclyn Krymowski a été récemment diplômée de l'Université d'État de l'Ohio, avec une spécialisation dans les productions animales et une spécialisation dans la communication agricole. Elle est une « agvocate » enthousiaste, une rédactrice professionnelle indépendante et blogue sur the-herdbook.com.

 

Source : Like today’s agricultural technology? Thank the Middle Ages | AGDAILY

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H
Un peu réservée sur cet article où il y aurait des pages à dire. Le moyen âge est une très longue période qui va de la chute de l'empire romain, fin Vème siècle à la découverte de l'Amérique, fin XVème siècle. Le début du moyen âge, (haut moyen âge) est marqué par la peste de Justinien qui sévit pendant 2 siècles, les dernières invasions et un refroidissement climatique, d'où une régression civilisationnelle considérable. A partir du X-XIème siècle prend place ce qu'on a appelé la révolution industrielle du moyen âge, selon le titre du livre d'un historien Jean Gimpel. Effectivement l'Europe se couvre de moulins qui vont dégager des bras. En France, ce sera surtout les moulins à eau, les moulins à vent peinant à avoir le même rendement sont réservés aux régions suffisamment ventées. Mais la grande révolution industrielle du moyen âge est en priorité celle de la sidérurgie, amélioration des bas fourneaux d'abord, puis invention du haut fourneau et surtout martelage hydraulique du fer. C'est un progrès inouï car pour avoir des outils agricoles solides et efficaces, il faut du fer et à un coût qui ne fasse plus des objets en fer, la seule richesse à transmettre de générations en générations. Essayez d'attaquer un sol argileux avec une bêche de bois dont seul un mince tranchant est en fer, faute de métal ! C'est d'ailleurs la 2ème révolution sidérurgique, celle des hauts fourneaux à partir du XVIIème siècle, qui est la mère de tous les progrès qui ont suivi. S'agissant de l'assolement triennal, ce n'est pas vraiment un facteur de dynamisme agricole car là où il était en vigueur, un peu plus du tiers de la France, les paysans étaient tenus de suivre un calendrier communautaire des cultures qui était obligatoire. Après récolte, les terres étaient mises en jachère imposée et livrées à un misérable pacage du bétail qui fumait tout aussi misérablement les terres. <br /> L'assolement triennal entretient un cycle de la misère qui n'éclatera en France qu'à la révolution française. L'histoire de l'amélioration du collier d'épaules pour les chevaux qui aurait été déterminante dans les progrès de traction se lit encore sur tous les sites, mais c'est une thèse désormais sérieusement remise en question par l'archéologie expérimentale, à lire : https://www.cairn.info/revue-histoire-et-societes-rurales-2011-1-page-7.htm. Par ailleurs, la grande époque des chevaux c'est le XIXème siècle, et même la fin du XIXème siècle. Un cheval coûte cher à nourrir et le moyen âge le réserve aux riches et puissants. Il faut attendre les XVI-XVIIème pour voir des chevaux tirer des charrues et uniquement dans de riches terres et chez de riches laboureurs, comme en Beauce. Pour finir sur la consommation de viande, c'est assez compliqué. La consommation de viande est un facteur dépendant du "piège malthusien". Malthus, souvent mal compris et piètrement interprété, avait saisi que la terre ne peut pas porter plus d'humains que ne le permet l'état des techniques. C'est tout à fait juste encore aujourd'hui. Par voie de conséquence, le nombre d'humains possibles ne peut évoluer à la hausse que si des progrès technologiques prennent place, qui améliorent les rendements et donc la disponibilité alimentaire. Tant que ces progrès ne surviennent pas, on est face à des "plafonds de verre". Les populations augmentent, et bing survient une crise frumentaire, le plus souvent lié à un des innombrables aléas climatiques du passé, ou à des insectes ou des maladies. Faute de plan B, la famine tue un certain nombre de gens, et à la suite de la famine, dans des populations affaiblies s'installent les épidémies qui achèvent de faire des vides. Ensuite pour les survivants, cela va mieux pendant quelque temps au moins. Ainsi la peste noire (qui n'est pas liée à une crise frumentaire, ni à une fuite d'un laboratoire chinois !) tue en 2-3 ans, un tiers de la population européenne et une partie des survivants dans les répliques de peste qui suivent ensuite. Résultat : des terres disponibles, plus d'élevage et plus de viande pour les survivants dont la santé est meilleure, enfin jusqu'à ce qu'ils soient à nouveau trop nombreux. L'historien Fernand Braudel avait eu cette expression pour le XVème siècle : le siècle carnassier ! Intéressez vous à la guerre de Trente ans qui sévit en Alsace et en Lorraine (1620-1650), certaines régions perdent entre 70 et même jusqu'à 90% de leur population... Derrière, il y a un plutôt beau siècle pour les survivants avec de l'élevage à viande et laitier un peu partout, une population bien mieux nourrie, une mortalité qui décline fortement. Mais fin XVIIIème siècle, la révolution industrielle devient indispensable pour éviter un nouveau cycle de misères.<br /> Voilà, j'arrête là !
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