Aimez-vous les technologies modernes ? Remerciez aussi le Moyen Âge
Jaclyn Krymowski, AGDAILY*
Ma note : c'est un peu « rustique », mais pas inintéressant.
Malgré toutes les connaissances perdues au cours des « Âges des ténèbres », de nombreuses technologies agricoles ont survécu et ont eu un impact sur l'agriculture moderne.
Le monde de l'agriculture d'aujourd'hui est plein de technologies cool, et il semble que nous soyons toujours tournés vers l'avenir. Mais ralentissons un peu et apprécions certaines de nos racines anciennes qui ont ouvert la voie à tout cela, en particulier une période des débuts de la société européenne. L'époque connue sous le nom de Moyen Âge est souvent appelée de manière générique [en anglais] « l'Âge des ténèbres ». Depuis la chute de l'Empire romain d'Occident jusqu'à la Renaissance ou les Grandes Découverte (c'est-à-dire approximativement du Ve au XVe siècle), cette large période a longtemps été connue davantage pour être primitive et pitoyable que comme une aube de la technologie agricole.
Mais son rôle ne doit pas être sous-estimé. Après tout, une société dans laquelle 80 à 90 % des personnes sont directement impliquées dans l'agriculture et la production alimentaire est vouée à développer quelques idées.
Avant les transports massifs et les politiques d'importation complexes, un pays devait compter sur l'ensemble de son secteur agricole pour produire, mais aussi pour transformer et stocker les aliments afin de passer les durs mois d'hiver. L'échec n'était pas l'effondrement d'une entreprise ou d'une seule famille, il pouvait signifier la destruction d'une Nation.
Mais en ce qui concerne ce que nous avons aujourd'hui, pensons aux machines, aux équipements et même aux pratiques agronomiques rudimentaires qui ont été développés. Sans le savoir, des innovateurs se sont comportés chaque jour comme les fers de lance des futurs empires de l'agrobusiness – avant même que la science ou la mécanique sous-jacentes ne fussent pleinement comprises.
Une scène rurale créée en 1696 par l'artiste italien Leonardus Quesi (Image : Met)
Si les connaissances en matière de nutrition étaient primitives, les calories ne manquaient pas en période d'abondance pour que les classes nobles et ouvrières de la société européenne puissent continuer à fonctionner.
Les régimes alimentaires étaient tout sauf structurés, et les nutriments essentiels manquaient généralement, mais l'énergie était abondante. Le système agraire était axé sur des régimes alimentaires riches en glucides et en protéines. Cela s'explique par l'importance accordée aux céréales, à la bière et au bétail, qui étaient tous faciles à conserver et à préserver pour résister aux hivers rigoureux et prolongés.
Après la peste noire, la viande a peut-être représenté près d'un cinquième du régime alimentaire moyen, avec un apport calorique moyen estimé à 3.000 calories pour les hommes qui travaillaient !
La croissance et la concentration croissante de la population ont peut-être incité à augmenter la production et, lentement, à se diriger vers une plus grande efficacité. Plus de mains pouvaient produire et conserver plus d'aliments et produire plus de biens, mais les heures de travail des hommes ne suffisaient pas à elles seules pour augmenter les rendements. Il fallait améliorer les équipements existants pour répondre à ce besoin.
Beaucoup d'outils et d'équipements de base d'aujourd'hui ont des racines vraiment anciennes. De l'an 1000 à 1300 après J.-C., on a assisté à un développement exceptionnel des technologies agricoles, dont beaucoup ont été introduites dans les sociétés européennes depuis l'extérieur du continent, grâce à l'augmentation des transports et de la connectivité entre les cultures. L'une des plus importantes de ces innovations était la charrue. Il s'agissait d'une amélioration de l'araire, la « charrue à gratter » en bois, plus primitive, utilisée dans les civilisations anciennes comme l'Égypte.
Le concept de la charrue n'est pas si éloigné de celui d'aujourd'hui – un soc en fer avec un simple versoir pour un retournement complet et des roues pour un déplacement facile. Cette innovation a permis une meilleure aération des sols argileux, denses et collants, qui recouvrent la majeure partie de l'Europe et est souvent citée comme ayant largement contribué à l'augmentation des rendements tout au long des siècles suivants.
Une étude a révélé qu'après l'introduction de la charrue, les régions aux sols argileux plus fertiles ont connu une augmentation de l'urbanisation. C'est une preuve supplémentaire que, à long terme, le développement dépend fortement des progrès de l'agriculture.
Il convient de noter que cela n'a été possible qu'avec un développement important du matériel de harnachement. Le plus important est le collier rembourré pour les chevaux, que l'on voit encore aujourd'hui dans le monde entier. Cette simple invention a été développée dès le véritable Âge des ténèbres (certains disent le VIIIe ou le IXe siècle), et largement adoptée dès le XIIe siècle.
Plus agiles qu'un attelage de bœufs, les chevaux pouvaient couvrir plus de terrain rapidement. Malheureusement, le traditionnel joug romains pour l'attelage des bœufs était incompatible avec l'anatomie du cheval.
Le collier rembourré, cependant, permettait aux chevaux de tirer beaucoup plus de poids avec facilité. Sans lui, la charrue à versoirs telle que nous la connaissons n'aurait jamais vu le jour.
Il faut également noter l'apparition du traditionnel moulin à eau. Ce n'est pas entièrement une invention du Moyen Âge ; l'Empire romain était également reconnu pour avoir mis cette technologie à la disposition de ses citoyens. Cependant, avec l'abondance du travail des esclaves, le moulin à main avait leur préférence.
Avec l'expansion de l'urbanisation et la diminution de la main-d'œuvre gratuite, le moulin à vent européen s'est imposé aux XIe et XIIe siècles, au point que ces structures étaient communes à presque toutes les régions. Cela a permis d'économiser du temps, du travail et de suivre la croissance des rendements.
Cincinnatus à l' araire
Pièce en bronze du milieu du XVe siècle de l'artiste italien Filarete. (Image : Met)
Bien qu'ils ne disposaient pas de connaissances météorologiques de pointe, les paysans ont fait un assez bon usage de leur calendrier saisonnier pour faire que le climat profite à leurs cultures et leurs récoltes.
La fin de l'hiver était marquée par le labour et la fertilisation, suivis par les semis au printemps et au début de l'été. Parallèlement à la saison de végétation et de plantation, le désherbage et l'effarouchement des oiseaux, indispensables à la récolte ultérieure, prenaient beaucoup de temps.
Pendant la « basse saison », les familles pouvaient se concentrer sur d'autres tâches essentielles, telles que le traitement et la valorisation de produits comme la laine, la paille, les céréales et la viande.
On ne peut pas parler des débuts de l'agriculture européenne sans évoquer le développement du système triennal. Si les connaissances spécifiques sur la santé des sols, la fertilisation et l'agronomie étaient assez élémentaires, cette méthodologie reflète ce que les générations suivantes ont pu découvrir.
Le système triennal permettait une rotation des cultures d'été et d'hiver, avec des saisons de végétation qui se chevauchaient, tandis que l'on pouvait laisser le sol en jachère pendant toute une année. Avec une variété d'aliments de base comprenant des fèves, des pois et différents petits grains, cette rotation était assez efficace pour maximiser l'utilisation des nutriments du sol.
Alors que l'essor des découvertes scientifiques était encore à venir, la longue période qu'a été le Moyen Âge a jeté les bases nécessaires aux futurs innovateurs. Le travail était dur et d'une lenteur atroce, mais les petits changements apportés au fil des ans ont permis aux sociétés de survivre et de se développer – pour finalement arriver là où nous sommes aujourd'hui.
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* Jaclyn Krymowski a été récemment diplômée de l'Université d'État de l'Ohio, avec une spécialisation dans les productions animales et une spécialisation dans la communication agricole. Elle est une « agvocate » enthousiaste, une rédactrice professionnelle indépendante et blogue sur the-herdbook.com.
Source : Like today’s agricultural technology? Thank the Middle Ages | AGDAILY