Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Selon des scientifiques, le refus de l'UE d'autoriser les cultures d'OGM a conduit à des émissions de millions de tonnes de CO2 supplémentaires

18 Février 2021 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #Union européenne

Selon des scientifiques, le refus de l'UE d'autoriser les cultures d'OGM a conduit à des émissions de millions de tonnes de CO2 supplémentaires

 

Mark Lynas*

 

 

Image : Commission Européenne

 

 

Le refus de l'Europe de permettre à ses agriculteurs de cultiver des plantes génétiquement modifiées (GM) a conduit à l'émission évitable de millions de tonnes de dioxyde de carbone nuisible au climat, selon une nouvelle analyse scientifique.

 

Le coût d'opportunité du refus de l'UE d'autoriser la culture de variétés de plantes clés génétiquement modifiées s'élève actuellement à 33 millions de tonnes de CO2 par an, selon les experts.

 

Cela équivaut à 7,5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'ensemble du secteur agricole européen, soit à peu près ce qui pourrait être émis chaque année par 10 à 20 centrales électriques au charbon.

 

Étant donné que les agriculteurs d'Amérique du Nord et du Sud ont adopté les cultures génétiquement modifiées à partir de la fin des années 1990, cette analyse implique qu'au cours des décennies suivantes, le carbone supplémentaire émis en raison de l'opposition de l'UE au génie génétique sera probablement de l'ordre de centaines de millions de tonnes.

 

Ces conclusions résultent du fait que les versions génétiquement modifiées des principales cultures produisent un rendement plus élevé car elles résistent mieux aux dommages causés par les insectes et à la concurrence des mauvaises herbes.

 

Les agriculteurs européens étant condamnés à des rendements agricoles totaux inférieurs en raison de la non-adoption de cultures génétiquement modifiées, il faut maintenir en production ou labourer davantage de terres agricoles dans le monde, qui pourraient autrement être disponibles pour que les forêts séquestrent le carbone dans les arbres et le sol.

 

La lecture de cette nouvelle analyse sera source d'inconfort pour les groupes environnementaux qui ont longtemps combiné le plaidoyer pour l'atténuation du climat avec une opposition ferme aux « OGM », car elle implique que leur opposition au génie génétique pourrait aggraver considérablement l'urgence climatique.

 

L'article est co-écrit par Emma Kovak et Dan Blaustein-Rejto – tous deux du groupe de réflexion écomoderniste californien the Breakthrough Institute – et Matin Qaim, de l'Université de Goettingen, en Allemagne. Il est publié sous forme de pré-impression sur le serveur bioRxiv avant l'examen par les pairs.

 

Le calcul a été effectué en estimant dans quelle mesure les émissions de GES auraient pu être évitées si le taux d'adoption par l'UE de variétés génétiquement modifiées de cinq grandes cultures (maïs, soja, coton, colza et betterave sucrière) en 2017 avait été égal à celui des États-Unis.

 

« Nos résultats suggèrent que les réductions des émissions de GES dues à l'augmentation du rendement des cultures génétiquement modifiées sont substantielles et devraient être incluses dans les analyses futures », écrit l'auteur principal Kovak.

 

Les chercheurs notent également que leurs conclusions sont particulièrement pertinentes en ce moment car une réévaluation possible du régime réglementaire sévère de l'UE pour les cultures biotechnologiques est actuellement en cours.

 

Cependant, la tendance politique actuelle de l'UE va dans la direction opposée. Comme l'explique Mme Kovak, la « nouvelle stratégie européenne de la ferme à la table dans le cadre du Pacte Vert européen vise à développer l'agriculture biologique, qui a des rendements plus faibles et qui serait associée à une augmentation significative des émissions mondiales de GES en provoquant un changement d'affectation des terres ailleurs. »

 

Elle conclut : « Plutôt que de délocaliser les dommages environnementaux vers d'autres Nations, comme le fait le Pacte Vert européen, l'UE devrait augmenter la productivité agricole en adoptant de nouvelles technologies de culture, contribuant ainsi aux bénéfices environnementaux mondiaux. »

 

Les auteurs mettent toutefois en garde sur le fait que leurs hypothèses impliquent des incertitudes importantes dans l'analyse. Ils supposent, par exemple, que l'augmentation des rendements en Europe entraînerait une diminution proportionnelle de la production ailleurs.

 

En réalité, si les effets de l'augmentation du rendement des cultures sur la préservation des terres sont bien établis, leur ampleur peut varier considérablement en fonction des circonstances.

 

Toutefois, les incertitudes signifient également que les économies annuelles de GES estimées à 33 millions de tonnes pourraient, d'un autre côté, être largement sous-estimées. En particulier, l'analyse ne tient pas compte de l'influence de l'Europe en Afrique et en Asie, où le refus de l'UE d'autoriser les agriculteurs à cultiver des plantes génétiquement modifiées a eu une influence considérable.

 

Elle ne prend pas non plus en considération ce qui aurait pu se passer si des cultures plus répandues en Europe qu'en Amérique du Nord – en particulier le blé et l'orge – avaient été génétiquement modifiées pour permettre des améliorations de rendement similaires à celles qui ont été observées pour le maïs, le coton et le soja.

 

Pour l'instant, aucune variété de blé ou d'orge génétiquement modifiée n'est cultivée à grande échelle en raison de l'opposition intense et de longue date des politiciens et des militants anti-OGM. Si ces cultures avaient été mises à la disposition des agriculteurs sous forme de variétés standard génétiquement modifiées, résistantes à des insectes et tolérantes à des herbicides, la productivité agricole de l'Europe aurait pu augmenter considérablement.

 

Les chercheurs concluent sur une note optimiste, en soulignant que « les nouvelles technologies d'édition de gènes vont probablement accroître encore la diversité des combinaisons culture-trait souhaitables ». Si ces cultures sont autorisées en Europe et ailleurs, les futures cultures génétiquement modifiées pourraient encore apporter d'énormes avantages en termes d'atténuation du réchauffement climatique.

 

_____________

 

* Source : EU's refusal to permit GMO crops led to millions of tonnes of additional CO2, scientists reveal - Alliance for Science (cornell.edu)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article