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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Pesticides et Fondation Nicolas Hulot : recentrer le débat sur les vrais enjeux

28 Février 2021 , Rédigé par Seppi Publié dans #Pesticides, #Activisme, #Politique

Pesticides et Fondation Nicolas Hulot : recentrer le débat sur les vrais enjeux

 

André Heitz

 

 

 

 

L'opération de communication de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme (dans cet ordre...) du mardi 9 février 2021 a tourné au fiasco.

 

Son « rapport » richement illustré (et grand générateur de gaz à effet de serre...) a été conçu comme support pour un lobbying en faveur d'un financement accru de l'agriculture biologique. En bref, 11 % des 23,2 milliards d’euros de fonds publics versés chaque année au secteur agricole avaient pour intention la « réduction des pesticides » et à peine 1 % avait un effet avéré sur cette réduction.

 

Pour « vendre » son affaire, il fallait une mauvaise nouvelle qui est une bonne nouvelle pour les médias : l'utilisation des pesticides aurait augmenté de 25 % au cours de la dernière décennie. Les médias ont donc retenu le produit d'appel et, au mieux, passé le message principal au second plan.

 

Ce 25 % se fonde sur le NODU (le nombre de doses unités), et non sur les QSA (quantités de substances actives) vendues, sans que cela fût précisé à des médias et des lecteurs induits en erreur. Doublement, car le calcul est arrêté à 2018, une année exceptionnelle caractérisée par des achats anticipés pour cause d'augmentation de la redevance pour pollutions diffuses.

 

La manœuvre a donc suscité une polémique, le Ministre Julien Denormandie montant notamment au créneau avec deux tweets : « Arrêtons de faire croire que la transition n’est pas en cours ou que l’agriculture s’y opposerait ! C’est dégradant et c’est faux. » et « La transition agro-écologique est un chemin de progrès, pas une incantation ni une mise en accusation. »

 

À la traînée de poudre initiale a suivi un relatif silence médiatique... trop compliqué d'expliquer que les choses ne sont pas si simples, et les bonnes nouvelles – comme la diminution considérable des substances classées CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) – sont pour les médias de mauvaises nouvelles, sans grand intérêt.

 

S'est donc illustré à nouveau le formidable problème de relations publiques auquel est confrontée l'agriculture. Répondre que nous faisons des efforts, que cela prend du temps, que les choses s'améliorent n'est d'aucune efficacité. C'est en fait abonder dans le sens des gesticulations des activistes qui servent à créer une « opinion publique ».

 

Il est temps d'expliquer que l'agriculture, c'est en fait la production alimentaire (pas que, du reste) ; que la production alimentaire est pour la France – et pour les Français individuellement – un impératif de souveraineté et de sécurité alimentaires (pas que) ; que la sécurité sanitaire des aliments passe par une protection des cultures contre les parasites, maladies et mauvaises herbes ; que cette protection exige, même en agriculture biologique, des produits de protection – des médicaments – des plantes.

 

Il est temps d'expliquer que les choses ne se font pas en claquant des doigts ; en claquant du fric pour des programmes voués, par conception, à l'échec ; en durcissant la réglementation ; ou en vidant la boîte à outils phytosanitaire. Sauf à prendre des risques inconsidérés sur les plans agricole, agronomique, alimentaire, économique, environnemental et social (ordre alphabétique). Le progrès viendra par les agriculteurs eux-mêmes, aidés par la science et les technologies comme la robotique et la génétique. Et – lâchons le sigle – les OGM d'ancienne (si on veut bien les accepter) et de nouvelle générations.

 

La transition agroécologique dont on parle tant est prioritairement une transition démographique : assurer la relève. Et paraphrasons Georges Pompidou : « Arrêtez d'emmerder les agriculteurs ! »

 

_______________

 

Une version de cet article a été publiée dans la France agricole du 26 février 2021.

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B
Je vous adresse mes félicitations pour cet excellent article. Il est concis et clair les arguments et le ton sont parfaitement adaptés et percutants. Je partage à 100 %.
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L
idéologues, la vérité ils la connaissent.. <br /> <br /> <br /> là où ils font le plus de mal c'ets à la rationalité des foules..en leur foutant dans le crâne des idées ineptes <br /> telle que , si un truc présente un danger absolu, même non quantifié sinon quantifiable, ça justifie une interdiction.. cette façon de penser conduit en fait à pouvoir interdire à peu près TOUT...tous les chercheurs qui participent à ces campagnes SAVENT que ça ne fait pas sens..la seule chose qui empêche de les mépriser sur le plan humain est la présomption de conviction est de sincérité..ils bafouent juste la raison parce qu'ils sont convaincus de le faire pour le bien. mais on assiste au pourrissement de la science littéralement..avec la relativisation des vérités scientifiques..
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