« Nouveaux OGM » : signez la pétition (non)...
(Source)
Les forces obscurantistes se sont fendues d'une nouvelle pétition, « Arrêtons la deuxième vague des OGM ! – Non au retour des OGM ! »
Nous n'entrerons pas dans le laïus, classiquement pathétique, sauf sur deux points.
Les initiateurs de la pétition geignent parce que :
« Cette décision du Conseil d’État n’a toujours pas été exécutée et le gouvernement français est dans l’illégalité depuis début août 2020. Et il le sait ! Il n’a rien fait pour stopper, dans notre pays, la culture et la commercialisation illégale de colza OGM rendu tolérant aux herbicides. »
C'est vraiment petit bras et pas vraiment honnête.
D'ailleurs, ce n'est pas « aux herbicides », mais à un herbicide ou une classe d'herbicides.
Cette décision ne concerne pas seulement les variétés qui seraient issues d'une modification génétique par une des techniques comme CRISPR/Cas-9 (qui a valu un prix Nobel à la française Emmanuelle Charpentier et l'américaine Jennifer Doudna), mais aussi les variétés issues de certaines mutations induites (dont, mais pas seulement, les VrTH).
Les auteurs de la pétition savent bien que le gouvernement a été coincé par des exigences contradictoires – le respect de la réglementation européenne et la mise en œuvre d'une injonction du Conseil d'État. Ils le savent tellement bien qu'ils se sont abstenus jusqu'à présent de saisir la justice pour se plaindre de l'inexécution de l'arrêt du Conseil d'État, et ce, sans nul doute par crainte de perdre leur acquis jurisprudentiel.
Par ailleurs, le gouvernement s'est sorti de l'ornière grâce à la loi n° 2020-1674 du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l'enseignement supérieur, dont l'article 44 prévoit :
« I. - Dans les conditions définies à l'article 38 de la Constitution, le Gouvernement est habilité à prendre par ordonnances toute mesure relevant du domaine de la loi visant à :
[…]
4° Modifier le code de l'environnement, le code rural et de la pêche maritime et le code de la consommation afin de prévoir les modalités de traçabilité et les conditions de l'utilisation des semences des variétés rendues tolérantes aux herbicides et des produits issus ; »
Lisez bien le texte : il ne s'agit pas d'interdire comme l'exigent les activistes aux revendications fossilisées au niveau de l'ère primaire des biotechnologies végétales...
Les auteurs de la pétition n'ignorent pas que le projet de loi – qui contenait le principe de cette disposition – avait été soumis au Conseil d'État pour avis et que celui-ci a conclu :
« Ces dispositions n’appellent pas d’objection d’ordre constitutionnel ou conventionnel ni d’autres remarques de la part du Conseil d’Etat. »
Leurs relais à l'Assemblée Nationale et au Sénat se sont aussi abstenus de protester au-delà de l'opposition à la législation par ordonnances ; en particulier, ils n'ont pas saisi le Conseil Constitutionnel.
Le texte d'appel de la pétition met en accusation « l'industrie des biotechnologies ».
On a droit au couplet anticapitaliste introduit par :
« Depuis vingt ans, cette industrie prétend que ces techniques OGM sont indispensables pour éradiquer la faim ou augmenter la productivité, et aujourd’hui pour faire face au changement climatique ou sortir de la dépendance aux pesticides. Évidemment, aucune de ces promesses n’a jamais été tenue et ne le sera jamais en bricolant les gènes des plantes dans les laboratoires. [...] »
Le texte est subtile. Si la première phrase énonce une assertion qui n'est pas fondamentalement déraisonnable, la deuxième implique une promesse de résultat, implicitement sur toute la ligne : ce n'est pas « avec les OGM nous contribuerons à éradiquer la faim », mais « avec les OGM nous éradiquerons... ».
C'est un procédé qui a cours depuis maintenant plusieurs décennies...
Mais il y a mieux, ou pire :
« Cette industrie veut désormais se servir de ces techniques pour éradiquer définitivement de la surface de la Terre, notamment avec le forçage génétique, des espèces végétales et animales entières pourtant indispensables à la biodiversité. »
Là, on est en plein dans la propagande mensongère, celle qui évoque d'illustres et infâmes pratiquants de la technique.
Nous avions une pétition pour l'interdiction des « pesticides* », l'astérisque renvoyant à une note en caractères minuscules digne des contrats d'assurance, « * de synthèse ».
Nous voici maintenant avec une demande également affublée d'un astérisque :
« Pour préserver la biodiversité ainsi que notre droit de cultiver et de manger sans OGM, en signant cette pétition, nous demandons au gouvernement français de publier le décret qui doit répondre aux injonctions prononcées par le Conseil d’État (*). »
Mais là... Olé ! On n'est guère plus avancé !
« (*) Le gouvernement français a soumis au Haut Conseil des Biotechnologie, à la Commission européenne et aux États membres de l’Union européenne, un projet de décret établissant la liste des techniques de mutagenèse exemptées de l’application de la réglementation européenne (dans laquelle ne figure évidemment aucune des nouvelles techniques de modification génétique, dites "NBT") et un projet d’arrêté établissant la liste des variétés de colza OGM n’ayant pas respecté cette réglementation. Selon les demandes du Conseil d’État, le décret devait être publié au plus tard le 9 août et les arrêtés le 9 novembre 2020. À ce jour, le gouvernement ne les a toujours pas publiés. »
Cela s'inscrit évidemment dans « le droit de manger et de cultiver sans OGM » qui doit être « garanti » aux citoyens français selon la lettre qui serait envoyée à des membres du gouvernement.
C'est réclamé, notamment, par des entités qui se réclament de l'agriculture biologique – et même du charlatanisme qu'est la biodynamie... – et qui savent pertinemment qu'elle produit, vend et fait consommer des produits issus de variétés qui constituent des OGM selon la jurisprudence de la Cour de Justice de l'Union Européenne !
(Source)
La pétition est soutenue par les entités suivantes :
Objectif Zéro OGM
Agir pour l’Environnement
Les Amis de la Confédération Paysanne
Les Amis de la Terre
ASPRO-PNPP
Bio Consom’acteurs
Collectif anti-OGM 66
Collectif Les pieds dans le plat
Combat Monsanto
Comité de Soutien aux Faucheurs Volontaires 49
Comité de soutien aux faucheurs de Pithiviers
La Confédération Paysanne
Faucheurs Volontaires d’OGM
Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB)
Générations Futures
Greenpeace France
Intelligence Verte
Loiret sans OGM
Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique
Nature & Progrès
OGM Dangers
Réseau Semences Paysannes
Sciences Citoyennes
Vigilance OG2M
Vigilance OGM et Pesticides 16
Vigilance OGM 33
Vigilance OGM 36.
Nous ne nous lasserons jamais de souligner que des entités qui sont supposées œuvrer en défense des intérêts des agriculteurs – fussent-ils désignés par « paysan.ne.s » dans leur littérature – s'allient avec des entités dont le passe-temps consiste à détruire les cultures et les perspectives de revenus d'autres agriculteurs.