« Nouveaux OGM » : après le blasphème, l'excomunication sur la page Idées du Monde
Glané sur la toile 640
(Source)
Nous avons vu dans un billet précédent, « On peut lire dans le Monde : "Le génie génétique, paradoxalement accepté pour les vaccins mais refusé pour la betterave" », qu'un collectif de dix directeurs de recherche en activité ou à la retraite avait réussi à publier le 27 janvier 2021 (date sur la toile) une tribune plaidant, en résumé, pour une approche plus postive en faveur des nouvelles techniques génétiques dans le domaine agricole.
Quel blasphème ! Cela ne pouvait pas rester sans réponse.
En fait, c'est la même salle (source et source)
Cela a pris, en partie, la forme d'un ad hominem à l'encontre du Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation qui avait osé affirmer le 7 janvier 2021, en bref, que les nouvelles techniques génétiques ne sont pas des OGM.
Son excommunication a fusé le 1er février 2021 (date sur la toile), avec « Sur les “nouveaux OGM’’, le ministre de l’agriculture s’aligne sur les discours du lobby agro-industriel » (les guillemets font partie du titre).
En chapô :
« En estimant que les nouvelles techniques de modification génétique dénommées NBT ne sont pas des OGM, Julien Denormandie contredit à la fois le droit européen, le Conseil d’Etat et les engagements du gouvernement en 2018, alerte, dans une tribune au "Monde", un collectif de responsables associatifs et écologiques. »
Ce collectif, c'est :
Tom Baquerre, coprésident de Combat Monsanto ; Clotilde Bato, déléguée générale de l’association SOL Alternatives agroécologiques et solidaires ; Jacques Caplat, secrétaire général d’Agir pour l’environnement ; Elisabeth Carbone, secrétaire générale du Mouvement interrégional des Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Miramap) ; André Cicolella, président de Réseau Environnement Santé ; Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre France ; Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne ; Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France ; Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France ; Patrick Lespagnol, président du Mouvement de l’agriculture bio-dynamique (MABD) ; Jacques Loyat, membre d’Attac France ; Tanguy Martin, administrateur d’Ingénieurs sans frontières Agrista ; Antoine Menou, coprésident du Réseau semences paysannes (RSP) ; Tania Pacheff, présidente de Cantine sans plastique France ; Christian Pons, président de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) ; Guillaume Riou, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) ; Jean-Christophe Robert, cofondateur de Filière paysanne ; Arnaud Schwartz, président de France nature environnement (FNE) ; François Veillerette, porte-parole de Générations futures ; Françoise Vernet, présidente de Terre & Humanisme.
On y trouve les usual suspects et quelques autres, l'assemblage habituel des fonds de commerce « écologistes » et « altermondialiste », de l'agriculture prétendument alternative, biologique et bio-dynamique (charlatanesque), etc.
Mais la multiplication des signatures ne rend pas le propos plus intelligent, ni plus décent.
Cela démarre fort avec un appel à l'autorité des Père et Mère Fouettard que devraient être le Premier Ministre et la Ministre de la Transition Écologique.
Vient ensuite le drame qui se joue en ce moment :
« En près de vingt ans, les nouvelles techniques de modification génétique ont fait leur apparition dans les laboratoires et tentent désormais de s’imposer sur les marchés européens. Ces nouvelles techniques, bien que travesties sous un nouveau nom, les new breeding techniques, procèdent à des modifications génétiques et sont à ce titre des OGM. »
Pour la chronologie et les tentatives de percer sur les marchés...
La suite est fondamentalement une vieille rengaine.
La législation européenne en matière d'OGM dit... et la Cour de Justice de l'Union Européenne et le Conseil d'État ont dit... Ces textes sont devenus sacrés, intouchables...
On se rit quand on voit invoquée la réaction de quatre ministres à l'époque quasi immédiatement après le prononcé de l'arrêt de la CJUE :
« Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire [mai 2017-août 2018], ainsi que Stéphane Travert, alors ministre de l’agriculture et de l’alimentation [juin 2017- octobre 2018], Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, et Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, avaient à l’époque salué cette clarification. Les autorités disposaient enfin d’un cadre harmonisé à l’échelle européenne pour protéger les consommateurs et l’environnement. »
Pour les besoins de la cause, les auteurs passent à la trappe les nombreuses critiques formulées à la suite de l'arrêt de la CJUE et les non moins nombreux appels à une révision de la situation... en chantier à la Commission Européenne qui a eu mandat de produire une analyse pour la fin avril 2021... la démonstration éclatante que nous n'avons pas face à nous des Tables de la Loi gravées dans le marbre.
Mais on n'échappe pas à l'argument massue... inlassablement répété malgré les trois décennies et quelque d'utilisation à grande échelle des OGM :
« Ces nouveaux OGM représentent en effet un risque pour la santé et l’environnement. [...] »
Ah le droit de ces gens...
« C’est le droit des consommateurs et des consommatrices de savoir ce qui se trouve dans leur assiette et de choisir de consommer, ou non, des OGM, comme c’est le droit des agriculteurs et agricultrices, notamment en agriculture biologique, d’être protégés par un cadre réglementaire clair. Or, seule une réglementation de ces nouvelles techniques dans le cadre relatif aux OGM le permettra, en rendant obligatoires une évaluation préalable, une traçabilité et un étiquetage. »
Qui se laissera tromper ? L'ambition de ces gens est de faire interdire les OGM – anciens, ce qui est déjà le cas, et « nouveaux » – dans le cadre d'une réglementation utilisée pour créer des obstacles insurmontables à leur culture. Ce n'est pas le droit de savoir, choisir, être protégé... mais celui d'interdire aux autres ce que l'on refuse par idéologie et, pour partie, par intérêt lucratif.
Il est bien sûr fait appel – une nouvelle fois – à M. Jean Castex et Mme Barbara Pompili « pour dissiper le flou que M. Denormandie essaie de créer autour du statut des nouveaux OGM ».
Et voici l'estocade :
« Le ministre de l’agriculture s’aligne ainsi sur les discours du lobby agro-industriel qui milite pour déréglementer l’usage des NBT. »
Tout cela est fort pathétique.