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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Changement climatique, eau et agriculture d’ici 2050 », un rapport du CGAAER et du CGEDD

2 Février 2021 , Rédigé par Seppi Publié dans #Agronomie, #Politique

« Changement climatique, eau et agriculture d’ici 2050 », un rapport du CGAAER et du CGEDD

 

 

Oups ! C'est un doublon... mais il y a quelques images en plus de ces derniers jours de déluge en France.

 

 

Le Chadouf par L.H. Mouchot (Institut du Monde Arabe, Paris

 

 

Le CGAAER et le CGEDD – prenez une grande inspiration : du Conseil Général de l'Alimentation, de l'Agriculture et des Espaces Ruraux et du Conseil Général de l'Environnement et du Développement Durableont été chargés de

 

« proposer une vision partagée des relations entre l’agriculture et l’eau à l’horizon 2050 dans le contexte du changement climatique, pour rapprocher et mettre en synergie les politiques publiques conduites par les ministères en charge de l’agriculture et de l’environnement ».

 

Ils ont produit un rapport accessible à partir de la page « Changement climatique, eau et agriculture d’ici 2050 » du site du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.

 

Si vous voulez vous instruire sur la manière de dire des choses en principe simples avec un tomberau de snobisme rhétorique, c'est une bonne lecture.

 

Les sept recommandations principales :

 

  • « Accélérer la transformation de l’agriculture pour faire face au changement climatique.

     

  • Faire des sols le socle de la stratégie de l'adaptation de l'agriculture au changement climatique.

     

  • Concevoir et mettre en place l’irrigation de demain : vers une irrigation "de résilience".

     

  • Mettre en place les conditions d’un renforcement acceptable de la ressource en eau pour l’agriculture.

     

  • Dynamiser une gouvernance territoriale pour la gestion de l’eau.

     

  • Connecter plus fortement la recherche, le développement et les agriculteurs et filières confrontés au changement climatique.

     

  • Porter un discours commun MTES-MAA sur l’eau et l’agriculture. »

 

 

(Source)

 

 

Il y a donc sept recommandations... déclinées en 23 sous-recommandations.

 

Cela donne par exemple, pour la première recommandation, « [t]rois axes d’intervention prioritaires » :

 

  • « Faire évoluer plus massivement l’agriculture vers l'agroécologie avec un objectif conciliant production, respect de l’environnement et adaptation au changement climatique.

     

  • Actionner un ensemble de leviers constituant un "panier de solutions" propre à chaque territoire et accompagner chacun d'eux dans sa mise en œuvre sous l’impulsion de l’État et des organismes scientifiques et techniques dont il exerce la tutelle.

     

  • Mobiliser les aides de la PAC3, complétées le cas échéant par des fonds régionaux, avec des contrats de "conversion climatique" et des aides à la couverture du risque de mutation, au profit des agriculteurs qui s’y engagent. »

 

Il y a une définition de l'agro-écologie dans une note de bas de page :

 

« L’agroécologie vise à promouvoir des systèmes alimentaires viables respectueux des hommes et de leur environnement. Ces systèmes engagent des modes de productions agricoles et des filières valorisant les potentialités écologiques, économiques et sociales d’un territoire. Leur développement s’appuie sur des approches transdisciplinaires réunissant professionnels du Monde agricole, scientifiques, acteurs des mouvements sociaux de l’agroécologie et des politiques publiques. https://dicoagroecologie.fr/encyclopedie/agroecologie/ »

 

Ça aide, n'est-il pas ?

 

Mais ne soyons pas trop mesquins. Il est ainsi recommandé de :

 

« Promouvoir activement les pratiques de conservation des sols avec un objectif de massification de ces pratiques dans les territoires par la diffusion des références technico-économiques, la recherche d’itinéraires d’ACS [agriculture de conservation des sols] sans pesticides, l’accompagnement par le développement agricole des groupes locaux engagés dans ces pratiques et l’ouverture des contrats de "conversion climatique" aux agriculteurs qui s'engagent en ACS. »

 

Oui à l'ACS... mais sans pesticides, et bien sûr sans le glyphosate indispensable dans certaines situations...

 

 

(Source)

 

 

Pour la question à mille euros, cela donne :

 

« Le développement des ressources en eau pour leur valorisation par les divers usages socioéconomiques, notamment l’irrigation, est légitime dès lors qu’il est réalisé dans le respect des équilibres naturels et d’une gestion durable. La mission a examiné les différentes options de renforcement possibles et propose de :

 

  • Développer de manière privilégiée les retenues de substitution qui constituent pour la mission le mode de sécurisation de la ressource en eau le plus satisfaisant, par une convergence des soutiens publics financiers et de l’accompagnement des maîtres d’ouvrage.

     

    [...] »

 

Ne demandez pas plus pour le soutien au stockage de l'eau quand elle part normalement à la mer pour la valoriser quand on a besoin. Dans le texte, cependant, on a mis ce qui suit en exergue :

 

« La mission considère que la réponse au changement climatique nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols

ET,

partout où cela est possible, la mission est favorable au renforcement de la ressource en eau pour l’irrigation, dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux. »

 

Pourquoi la mission n'a-t-elle pas été plus positive dans le résumé de ses recommandations ? Notons aussi qu'une partie importante du rapport – en fait un axe de la pensée des auteurs – est la mise en place (souhaitée ou préconisée) d'une agriculture « économe en eau »... « et en intrants ».

 

 

 

 

La dernière recommandation est des plus intéressantes. Elle produit trois sous-recommandations :

 

« La capacité à faire aboutir des accords à l’échelle des territoires de gestion (bassins versants, …) nécessite qu’une meilleure cohérence soit affichée et perçue dans les politiques des deux ministères MAA et MTÈS sur l’enjeu de l’eau. Quatre axes sont mis en avant à ce sujet par la mission :

 

  • Établir des éléments de doctrine partagés entre le MTES et le MAA sur la question des rapports entre l’agriculture et l’eau dans le contexte du changement climatique et les promouvoir par un effort commun de pédagogie, d’information et de communication auprès des professionnels agricoles et de l’ensemble des acteurs de l’eau.

     

  • Mettre en place un groupe de travail permanent ad hoc MTES-MAA, placé directement sous l’autorité des deux ministres, qui pourrait être chargé d’établir ces éléments de doctrine partagés, notamment sur la base des préconisations de la présente mission, et d’assurer leur suivi.

     

  • Appuyer ce suivi, à l’échelle nationale, sur un réseau d’observatoires de l’agriculture et du changement climatique.

     

  • Produire au MAA une "feuille de route" sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique, notamment dans le domaine de l’eau. »

 

« Établir des éléments de doctrine partagés »... « un effort commun de pédagogie, d’information et de communication »... Vaste programme ! Mais pourquoi seulement « auprès des professionnels agricoles et de l’ensemble des acteurs de l’eau » ?

 

Mais au fait... «  une vision partagée des relations entre l’agriculture et l’eau à l’horizon 2050 »... Pourquoi pas à l'horizon 2021... hic et nunc ?

 

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I
Seppi<br /> vous avez deja publie cet article le 27 janvier
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P
La langue de bois de ces technocrates bobo-idéologisés est stupéfiante. Ils devraient lire le livre "combien pèse un nuage" de Jean-Pierre Chalons pour comprendre comment parler du cycle de l'eau avec des mots simples et des idées claires.<br /> Pour ce qui est du réchauffement, il faut savoir que les modèles climatiques (simulations informatiques) sont incapables de la moindre prédiction à quelque échéance que ce soit. Les nuages normaux, et même les énormes systèmes nuageux des cyclones tropicaux sont trop petits pour y être représentés. Le cycle de l'eau est donc remplacé par des "paramétrisations" qui ne reflètent pas les lois de la physique, mais des paramètres ad hoc dotés d'un grand nombre de degrés de liberté qui permettent d'ajuster la sortie du modèle pratiquement à volonté. D'ailleurs, les sorties des modèles varient de plusieurs centaines de pourcents d'un modèle à l'autre. Ces modèles sont intrinsèquement inutilisables pour prévoir l'évolution globale des précipitations, et encore moins leur évolution locale.<br /> Tout ce que l'on sait, sans avoir besoin de simulation informatique, est que l'air chaud contient plus d'humidité, et que celle-ci condense fatalement dans le froid de la haute atmosphère. Intuitivement, les précipitations devraient augmenter dans un climat plus chaud.
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H
Je vais vous raconter un truc marrant. J'habite dans un coin du Pacifique où j'ai une petite exploitation agricole. Comme nous avons une saison sèche marquée, il faut gérer l'eau, et bien sûr la première solution est de la retenir à la saison des pluies, avant qu'elle ne se barre à la mer (une évidence incompréhensible pour un écolo). Mais comme mes petits camarades agriculteurs ou éleveurs, j'ai pris l'habitude pour prévoir mon irrigation et mes rotations de pâtures de suivre avec attention un site météo international que je je nommerais pas, qui est censé donner avec précision, les températures, les vents et les précipitations pour les 10 jours à venir. Les mises à jour se font de 6h en 6h. Et bien non seulement, le site est régulièrement à côté de la plaque mais en faisant des comparaisons, je me suis rendue compte que mes petits camarades et moi n'avions pas les mêmes prévisions les uns et les autres. En fait, il y a en permanence tous les jours et à toutes les heures des différences très sensibles (pluies ou pas, vent, etc...) entre les Mac, les Ipad, les systèmes sous Windows et les Androides. Je suppose que les différents supports informatiques utilisent des logiciels présentant quelques différences et du coup, les interprétations ne sont pas les mêmes. Parfois, c'est même rocambolesque, tellement les différences sont énormes. Cela laisse songeur sur les modèles informatiques.<br /> Et par ailleurs, là où je vis, plus il fait chaud, plus il pleut, c'est la première chose que les "vieux" m'ont appris. A contrario, plus il fait frais, plus c'est sec. Et j'ai appris qu'ils ont 100% raison, les "vieux"...