Une histoire de graines résistantes
John Rigolizzo*
Des chercheurs israéliens ont donné un nouveau sens au terme « dat(t)e d'expiration ».
Ils ont pris des graines de palmier-dattier trouvées lors de fouilles d'anciens sites dans le désert de Judée, les ont préparées et plantées dans de la terre de rempotage, et ont produit des aliments que nous pouvons manger aujourd'hui. Megan Sauter, de la Société d'Archéologie Biblique, décrit les dattes qu'ils ont produites comme « pas trop sucrées avec un bon goût de miel en plus ».
Cela me rappelle une tradition familiale. D'aussi loin que je me souvienne, les dattes ont toujours été une friandise d'hiver chez nous. Nous les mettons à disposition pendant la période des fêtes, avec des figues, des fruits et des châtaignes.
Mais nos dattes ne proviennent pas de graines que les agriculteurs ont recueillies et stockées il y a quelque 3.000 ans. C'est le miracle de ce que les Israéliens ont fait. Ils ont découvert des graines anciennes mais bien conservées à la forteresse de Masada, au sommet de la montagne, ainsi qu'à Qumran, où les manuscrits de la mer Morte étaient cachés. Déterminant leur âge par des tests au radiocarbone, ils ont choisi de ne pas laisser les graines dans un musée, mais de les étudier et de les planter – et des graines ont germé. Elles sont devenues des plantes saines, qui produisent maintenant de délicieuses dattes.
C'est ça, la résilience.
En fait, la plupart des graines qu'ils ont plantées n'ont pas germé. Au fil des siècles, elles avaient perdu leur viabilité. Même les graines les plus résistantes ne durent pas éternellement.
De nombreuses graines ne survivent pas au-delà d'une seule saison. Les graines de tomate perdent la moitié de leur viabilité au bout d'un an. Cela signifie que si vous plantez un champ avec des graines de tomate d'un an, seule la moitié d'entre elles environ germeront. Le maïs doux perd environ un quart de sa viabilité chaque année. Le blé est beaucoup plus résistant, mais la plupart des agriculteurs préfèrent mettre les semences de blé en terre sans attendre plutôt que de les stocker.
L'un des bienfaits de l'agriculture moderne est que nous n'avons pas à stocker les semences comme le faisaient les agriculteurs il y a quelques générations. Nous pouvons les commander aux producteurs et les planter quand elles sont fraîches et au mieux de leur viabilité. Lorsque je suis allé à l'université, on m'a appris à mettre rapidement les semences dans le sol, plutôt que de les laisser traîner. En tant qu'agriculteur, j'ai toujours essayé de faire cela.
Mon père était différent. Il voulait lui aussi mettre des graines en terre, mais il était aussi lié à des habitudes plus anciennes et il gardait parfois des graines pendant des années. Je me souviens d'un grand sac de graines de courge qu'il a gardé dans sa cave pendant des décennies.
Une année, il a insisté pour que je les plante à la ferme. Je n'ai pas voulu le faire parce que je pensais qu'elles avaient perdu leur viabilité. Mais il a persisté. En tant que fils dévoué, j'ai accepté d'essayer. Et je dois avouer que j'étais un peu curieux de voir ce qui allait se passer. Nous avons donc planté les vieux pépins de courge sur un ou deux acres.
Nous avons effectivement fait pousser quelques courges, mais pas autant que ce que nous aurions obtenu avec des graines plus jeunes. Nous avons surtout vu un champ de plantes maigres qui ne produisaient rien. Beaucoup de graines n'ont pas germé du tout. D'un point de vue agricole, c'était un effort vain. D'un point de vue personnel, j'ai au moins eu la satisfaction de pouvoir dire à mon père : « Je te l'avais dit ! ».
Les agriculteurs ne peuvent pas simplement regarder une graine et savoir ce qu'elle va faire. Son aspect extérieur ne permet pas de savoir si elle va germer ou non. Nous devons la mettre dans le sol et voir ce qui se passe – ou, plus précisément, nous devons la mettre dans le sol et utiliser les outils de l'agriculture pour en tirer le meilleur parti possible.
C'est ce que les Israéliens ont fait avec leurs vieilles graines de palmier-dattier. Ils les ont trempées dans une solution spéciale, ont appliqué un engrais soigneusement choisi, et plus encore. Ils ont également étudié la génétique des graines, apprenant qu'elles étaient le résultat de croisements.
Cette découverte m'a fait sourire, car elle montre que les agriculteurs d'autrefois étaient fondamentalement comme les agriculteurs d'aujourd'hui. Nous en savons peut-être plus sur la génétique aujourd'hui, mais depuis le début des temps, les agriculteurs travaillent dur pour améliorer leurs cultures en faisant des essais et des erreurs, en mélangeant des variétés pour améliorer ce qu'ils cultivent. Dans le cas des palmiers-dattiers de Judée, les chercheurs ont pu « voir des vagues de croisements dans leurs graines ». Les agriculteurs ont croisé leurs arbres locaux avec des variétés étrangères pour obtenir les caractéristiques souhaitées, en l'occurrence une douceur subtile et spécifique.
Cet objectif séculaire des agriculteurs n'aura jamais de dat(t)e d'expiration.
___________
* John Rigolizzo, Jr., agriculteur, New Jersey, USA
John Rigolizzo, Jr est un agriculteur de cinquième génération qui produit des légumes frais et du maïs dans le sud du New Jersey. La ferme familiale alimente des marchés de détail et de gros. John fait du bénévolat en tant que membre du conseil d'administration du Global Farmer Network (réseau mondial d'agriculteurs) et a assuré le leadership de la Vegetable Growers Association du New Jersey (association des producteurs de légumes du New Jersey) et du New Jersey Tomato Council (conseil de la tomate du New Jersey). En tant qu'ancien président du New Jersey Farm Bureau, son intérêt et son soutien de longue date au libre-échange ont été confirmés par sa participation à 11 missions commerciales internationales et sa participation à des réunions de l'Organisation Mondiale du Commerce à Seattle et à Genève.
Source : A Story of Resilient Seeds – Global Farmer Network