Le Groupement National Interprofessionnel des Semences et Plants (GNIS) s'ouvre aux détracteurs de la filière semencière
Glané sur la toile 637
(Source)
Mme Emmanuelle Ducros a produit le 27 janvier 2021 un « L’interprofession des semences ouvre la porte à ses détracteurs » fort informatif.
En résumé :
« Le GNIS fait le pari de "devenir une maison commune" du débat agricole, sur des sujets ultra-controversés comme les OGM, la biodiversité, les pesticides... »
C'est peut-être aller un peu vite, en tout cas un pari loin d'être gagné...
Tout est bon pour récriminer à la Confédération Paysanne... (source)
Le GNIS a été créé en 1941 (et non en 1962 comme dit dans l'article) pour, comme l'indique sa désignation, organiser la filière des semences et plants.
Par « filière », il faut entendre l'ensemble des opérateurs pertinents, ce qui va des sélectionneurs (producteurs de nouvelles variétés) aux transformateurs utilisateurs de produits agricoles, en passant notamment par les agriculteurs producteurs de semences (non, les semences ne se produisent pas en usine...), les entreprises semencières qui conditionnent les semences et assurent la logistique de leur diffusion, et les agriculteurs utilisateurs de semences.
Notons que certains militants, chercheurs dans des institutions qui furent prestigieuses et comportent encore quelques centres d'excellence – donc payés par nos impôts –, se sont servi de cette coïncidence historique pour dénigrer le GNIS et, au-delà, la filière semencière française.
Il en est par exemple deux qui ont ainsi osé évoquer « Vichy et la genèse d’un dirigisme semencier »... alors que le GNIS est l'exact contraire : l'organisation de la filière par la filière elle-même, certes sous supervision des autorités et avec une mission de service public. En filigrane : le sophisme du déshonneur par association, une technique bien rôdée chez les alter-historiens.
Ce genre de prose sous-tend, alimente et conforte des attaques récurrentes et plus terre à terre contre la filière française des variétés et des semences et plants – une filière d'excellence : premier producteur européen et premier exportateur mondial de semences. Certaines critiques sont du reste manifestement infondées (ainsi, ce n'est pas le GNIS qui gère le catalogue des variétés).
C'est en fait assez cocasse (enfin...) : la filière et son organisation sont vitupérées par ceux-là même qui prônent le dialogue entre producteurs, transformateurs et distributeurs, s'agissant des prix des produits agricoles...
(Source)
Donc :
« Le projet stratégique de l’interprofession des semences, le GNIS, fera date. Contesté, accusé d’être le lobby des grands semenciers, soupçonné (à gros traits) d’avoir l’ambition secrète de mettre la main sur le vivant, le Groupement national interprofessionnel des semences et plants prend ses opposants à contre-pied : il leur propose d’intégrer son conseil d’administration et ses sections de travail. Pour marquer la rupture, il va changer de nom et devient Semae. »
Il ne s'agit pas seulement d'ouvrir la structure de direction aux syndicats agricoles minoritaires que sont la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale (ordre alphabétique).
Petit aparté : cette structure s'appelait anciennement « Comité Central ». J'ai encore en mémoire la tête un peu contrite qu'avait fait M. Philippe Gracien, alors directeur du GNIS, en annonçant cela dans un séminaire de l'UPOV à Rabat en 1993.
Le GNIS/Semae se fait « maison commune » :
« Une nouvelle section va apparaître au côté des huit existantes (céréales à paille et protéagineux, maïs et sorgho, semences fourragères et à gazon, betteraves, pommes de terre, oléagineux, lin et chanvre, potagères et florales) : elle abritera les "autres types des semences", produites hors des circuits de certification. Le but est de convaincre des organisations comme la Coordination nationale pour la défense des semences fermières, le Réseau semences paysannes ou les trieurs à façon de sortir d’une opposition frontale à un trio caricaturé "Monsanto-Syngenta-Limagrain", pour rejoindre le Groupement. La porte est ouverte aux parties prenantes de bonne volonté désireuses de sortir des positions idéologiques. Un "conseil des enjeux sociétaux", indépendant, sera créé. »
Parviendra-t-il à apaiser les débats et à restaurer la rationalité dans l'espace public ? C'est tout ce que nous pouvons lui souhaiter.
Car les enjeux sont énormes. Pour en avoir une petite description, il faudra se rendre sur le site de l'Opinion.
L'actuel président du GNIS est M. François Desprez, président de Florimond Desprez, une entreprise familiale créée en 1830 par un agriculteur particulièrement compétent, producteur de semences. Avec son cousin Bruno, François en a fait un grand de la sélection variétale, particulièrement en betteraves, céréales et oléo-protéagineux.
L'entreprise est devenue une multinationale avec 35 filiales directes à l'étranger... mais reste une entreprise familiale avec ses racines solidement ancrées dans le Nord, à Cappelle-en-Pévèle.
J'ai eu l'occasion de rencontrer Victor, le père, une autre grande figure de la filière française des variétés et des semences, quand il venait prêcher la parole des acteurs de la vie économique à Genève à un parterre d'administrateurs du système de la protection des obtentions végétales.
J'ai rencontré un autre Desprez (Michel, le frère de Victor) lors d'un séminaire à Saragosse dans les années 1990 ; il m'a rapporté un morceau de l'histoire de l'entreprise dans l'avion qui nous ramenait à Madrid.
C'était l'époque où les nouveaux entrants qui avaient investi dans la génétique de laboratoire avaient (enfin) compris qu'entre leurs paillasses et les semoirs des agriculteurs, il fallait des intermédiaires spécialistes de la sélection variétale (disposant du savoir faire de la génétique des champs, et aussi d'un capital génétique) et de la production et de la commercialisation des semences. C'était donc l'époque où les multinationales faisaient leurs emplettes. Florimond Desprez avait ainsi reçu une offre faramineuse de Monsanto (n'y voyez pas mal... les autres faisaient pareil). Réponse de Florimond Desprez ? « Nous ne sommes pas des financiers. »
Cette anecdote servira peut-être de matière à réflexion pour les contempteurs du capitalimse d'entreprise.