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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Changement climatique, eau et agriculture d’ici 2050 », un rapport du CGAAER et du CGEDD

27 Janvier 2021 , Rédigé par Seppi Publié dans #Politique, #Agronomie

« Changement climatique, eau et agriculture d’ici 2050 », un rapport du CGAAER et du CGEDD

 

 

Le Chadouf par L.H. Mouchot (Institut du Monde Arabe, Paris

 

 

Le CGAAER et le CGEDD – prenez une grande inspiration : du Conseil Général de l'Alimentation, de l'Agriculture et des Espaces Ruraux et du Conseil Général de l'Environnement et du Développement Durableont été chargés de

 

« proposer une vision partagée des relations entre l’agriculture et l’eau à l’horizon 2050 dans le contexte du changement climatique, pour rapprocher et mettre en synergie les politiques publiques conduites par les ministères en charge de l’agriculture et de l’environnement ».

 

Ils ont produit un rapport accessible à partir de la page « Changement climatique, eau et agriculture d’ici 2050 » du site du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.

 

Si vous voulez vous instruire sur la manière de dire des choses en principe simples avec un tomberau de snobisme rhétorique, c'est une bonne lecture.

 

Les sept recommandations principales :

 

  • « Accélérer la transformation de l’agriculture pour faire face au changement climatique.

     

  • Faire des sols le socle de la stratégie de l'adaptation de l'agriculture au changement climatique.

     

  • Concevoir et mettre en place l’irrigation de demain : vers une irrigation "de résilience".

     

  • Mettre en place les conditions d’un renforcement acceptable de la ressource en eau pour l’agriculture.

     

  • Dynamiser une gouvernance territoriale pour la gestion de l’eau.

     

  • Connecter plus fortement la recherche, le développement et les agriculteurs et filières confrontés au changement climatique.

     

  • Porter un discours commun MTES-MAA sur l’eau et l’agriculture. »

 

Il y a donc sept recommandations... déclinées en 23 sous-recommandations.

 

Cela donne par exemple, pour la première recommandation, « [t]rois axes d’intervention prioritaires » :

 

  • « Faire évoluer plus massivement l’agriculture vers l'agroécologie avec un objectif conciliant production, respect de l’environnement et adaptation au changement climatique.

     

  • Actionner un ensemble de leviers constituant un "panier de solutions" propre à chaque territoire et accompagner chacun d'eux dans sa mise en œuvre sous l’impulsion de l’État et des organismes scientifiques et techniques dont il exerce la tutelle.

     

  • Mobiliser les aides de la PAC3, complétées le cas échéant par des fonds régionaux, avec des contrats de "conversion climatique" et des aides à la couverture du risque de mutation, au profit des agriculteurs qui s’y engagent. »

 

Il y a une définition de l'agro-écologie dans une note de bas de page :

 

« L’agroécologie vise à promouvoir des systèmes alimentaires viables respectueux des hommes et de leur environnement. Ces systèmes engagent des modes de productions agricoles et des filières valorisant les potentialités écologiques, économiques et sociales d’un territoire. Leur développement s’appuie sur des approches transdisciplinaires réunissant professionnels du Monde agricole, scientifiques, acteurs des mouvements sociaux de l’agroécologie et des politiques publiques. https://dicoagroecologie.fr/encyclopedie/agroecologie/ »

 

Ça aide, n'est-il pas ?

 

Mais ne soyons pas trop mesquins. Il est ainsi recommandé de :

 

« Promouvoir activement les pratiques de conservation des sols avec un objectif de massification de ces pratiques dans les territoires par la diffusion des références technico-économiques, la recherche d’itinéraires d’ACS [agriculture de conservation des sols] sans pesticides, l’accompagnement par le développement agricole des groupes locaux engagés dans ces pratiques et l’ouverture des contrats de "conversion climatique" aux agriculteurs qui s'engagent en ACS. »

 

Oui à l'ACS... mais sans pesticides, et bien sûr sans le glyphosate indispensable dans certaines situations...

 

Pour la question à mille euros, cela donne :

 

« Le développement des ressources en eau pour leur valorisation par les divers usages socioéconomiques, notamment l’irrigation, est légitime dès lors qu’il est réalisé dans le respect des équilibres naturels et d’une gestion durable. La mission a examiné les différentes options de renforcement possibles et propose de :

 

  • Développer de manière privilégiée les retenues de substitution qui constituent pour la mission le mode de sécurisation de la ressource en eau le plus satisfaisant, par une convergence des soutiens publics financiers et de l’accompagnement des maîtres d’ouvrage.

     

    [...] »

 

Ne demandez pas plus pour le soutien au stockage de l'eau quand elle part normalement à la mer pour la valoriser quand on a besoin. Dans le texte, cependant, on a mis ce qui suit en exergue :

 

« La mission considère que la réponse au changement climatique nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols

ET,

partout où cela est possible, la mission est favorable au renforcement de la ressource en eau pour l’irrigation, dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux. »

 

Pourquoi la mission n'a-t-elle pas été plus positive dans le résumé de ses recommandations ? Notons aussi qu'une partie importante du rapport – en fait un axe de la pensée des auteurs – est la mise en place (souhaitée ou préconisée) d'une agriculture « économe en eau »... « et en intrants ».

 

 

 

 

La dernière recommandation est des plus intéressantes. Elle produit trois sous-recommandations :

 

« La capacité à faire aboutir des accords à l’échelle des territoires de gestion (bassins versants, …) nécessite qu’une meilleure cohérence soit affichée et perçue dans les politiques des deux ministères MAA et MTÈS sur l’enjeu de l’eau. Quatre axes sont mis en avant à ce sujet par la mission :

 

  • Établir des éléments de doctrine partagés entre le MTES et le MAA sur la question des rapports entre l’agriculture et l’eau dans le contexte du changement climatique et les promouvoir par un effort commun de pédagogie, d’information et de communication auprès des professionnels agricoles et de l’ensemble des acteurs de l’eau.

     

  • Mettre en place un groupe de travail permanent ad hoc MTES-MAA, placé directement sous l’autorité des deux ministres, qui pourrait être chargé d’établir ces éléments de doctrine partagés, notamment sur la base des préconisations de la présente mission, et d’assurer leur suivi.

     

  • Appuyer ce suivi, à l’échelle nationale, sur un réseau d’observatoires de l’agriculture et du changement climatique.

     

  • Produire au MAA une "feuille de route" sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique, notamment dans le domaine de l’eau. »

 

« Établir des éléments de doctrine partagés »... « un effort commun de pédagogie, d’information et de communication »... Vaste programme ! Mais pourquoi seulement « auprès des professionnels agricoles et de l’ensemble des acteurs de l’eau » ?

 

Mais au fait... «  une vision partagée des relations entre l’agriculture et l’eau à l’horizon 2050 »... Pourquoi pas à l'horizon 2021... hic et nunc ?

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M
Bonjour, mais c'est qui ces CGAAER et CGEDD dont on entends parler qu'aujourd'hui ? encore des "planqués" qui prennent un jeton de présence ! ils sont aller dans des exploitations agricoles ? ils ont mis les pieds dans des élevages ? ils sont aller vois des maraichers ? Il y en a marre de tous ces donneurs de leçons qui vivent à nos dépends !
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P
Les modèles climatiques prédisent assez mal l'évolution des températures (200 à 300% d'erreur sur les tendances de ces 30 dernières années). Ils sont totalement incapables de prédire l'évolution des précipitations. <br /> En revanche, on sait que l'augmentation des teneurs atmosphérique en dioxyde de carbone aide les plantes à utiliser efficacement l'eau disponible. D'ailleurs la NASA a observé que l'index de production foliaire a augmenté de 16%, principalement dans les zones semi-désertiques.<br /> Les techniques de génie génétique permettent de développer des plantes adaptées à des conditions climatiques changées (plus chaud, plus sec ou plus humide). Les petits barrages, comme celui projeté à Sivens, sont aussi une excellente assurance contre les inévitables périodes de sécheresse.<br /> Conclusion : pourquoi "lutter contre le climat" à grands frais, quand il est infiniment plus facile de s'adapter à ses évolutions.
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U
Si ma mémoire est bonne, l'année la plus chaude (2016) a correspondu avec un maximum de production de céréales.
J
C'est pas si simple (c'est pourquoi les modèles sont un peu à la ramasse).<br /> <br /> À mesure que la température mondiale augmente, les plantes C3 auront du mal à survivre - et puisque nous dépendons d'elles, nous le ferons aussi.<br /> <br /> plantes C3= céréales à grains comme le riz, le blé , le soja, le seigle et l' orge ; les légumes tels que le manioc, les pommes de terre , les épinards, les tomates et les ignames; des arbres comme les pommiers , les pêchers et les eucalyptus<br /> <br /> En conséquence, les plantes C4 ont deux fois plus de capacité photosynthétique que les plantes C3 et peuvent supporter des températures plus élevées, moins d'eau et de l'azote disponible. C'est pour ces raisons que les biochimistes tentent actuellement de trouver des moyens de déplacer les traits C4 et CAM (efficacité du processus, tolérance aux températures élevées, rendements plus élevés et résistance à la sécheresse et à la salinité) dans les plantes C3 afin de compenser les changements environnementaux auxquels le monde échauffement.<br /> <br /> https://www.greelane.com/fr/science-technologie-math%C3%A9matiques/sciences-sociales/c3-c4-cam-plants-processes-172693/#:~:text=%20Plantes%20C4%20%201%20Esp%C3%A8ce:%20commune%20dans,faisceau%20(BSC).%20Les%20C4%20ont%20un...%20More
U
Ne boudons pas notre plaisir : ces deux comités semblent avoir compris que l'agriculture a besoin d'eau.Le premier pas vers un retour au réel.
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P
« Au fur et à mesure» que la température monte, les plantes C3 auront de plus en plus de mal à survivre... ». Un ou deux degrés de plus sont habituellement un facteur plutôt favorable aux réactions chimiques, y compris celles qui prennent place dans les organismes vivants. Toutefois la différence entre 14 et 15 °C ne joue certainement pas beaucoup puisque les variations diurnes, saisonnières et d'une année sur l'autre sont considérablement plus grandes. <br /> Pour ce qui est de l'humidité, il semble que la quantité totale d'eau qui s'évapore (puis condense en précipitations) augmente avec la température. Un monde plus chaud a donc de grande chances d'être un monde plus humide, même si les "modèles climatiques" ne sont pas équipés pour le prédire.
M
- Prendre la poignée de recommandations qui peuvent avoir un sens concret dans leur rapport et faire exactement le contraire.<br /> - Supprimer d'urgence le CGAAER et le CGEDD.<br /> - S'assurer que les principaux cadres de ces organismes ne se retrouvent plus à aucun poste à responsabilité dans la fonction publique : ce sont des gens dangereux.
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