Un billet tardif sur une nouvelle police : celle du sapin de Noël
(Source)
Nous l'avons découvert par un billet de M. Erwan Le Noan Erwan dans l'Opinion du 27 décembre 2020, « Ecologistes d’Etat, de grâce, laissez-nous tranquilles pour Noël ! »
En résumé, selon l'introduction du billet :
« Prenant à cœur sa mission de guider les citoyens trop immatures, l’ADEME ("agence de transition écologique" sous tutelle du ministère de l’environnement) a publié un guide pour "un Noël juste parfait".
Sa recette tient en quatre indications. D’abord, des "produits écolabellisés, made in France" car le patriotisme passe aussi par la nationalité des jouets, même s’il faut le dire en anglais. Ensuite, des cadeaux dématérialisés, car rien ne vaut un e-mail au pied du sapin. A ce titre, il vaut mieux acheter des "jouets d’occasion", et "sans piles". Enfin, "l’utile plutôt que la babiole", comme "un panier de produits bio" ou "un kit zéro déchet" car offrir un brin de thym, c’est garantir aux personnes qu’on aime le plus beau Noël de leur vie. »
En très bref, notre résumé :
« De quoi j'me mêle ? »
M. Erwan Le Noan expose ses griefs de manière plus policée. La liste des recommandations est, écrit-il, effrayante :
« En premier lieu, parce qu’elle émane d’un service de l’Etat, au budget de 600 millions d’euros en 2019 et qui emploie 880 personnes (ETP), dont on ne comprend pas bien en quoi il serait légitime à réglementer nos comportements individuels, dans le cadre intime d’une fête familiale. Est-ce vraiment le meilleur usage de nos impôts ? »
Les autres griefs sont tout aussi pertinents. On les lira sur site.
Nous avons évidemment jeté un œil sur le « tuto de l'ADEME », qui, daté de novembre 2020, a manifestement échappé au plus grand nombre, en tout cas aux râleurs qui s'épanchent sur les réseaux dits sociaux.
Nous pourrons donc ajouter un grief à la liste : produire des « trucs » qui restent confidentiels, « [e]st-ce vraiment le meilleur usage de nos impôts ? »
On ne peut que s'ébaubir d'admiration devant cette prose d'une insondable bêtise :
« Alors que 60% des Français pensent qu’il est urgent d’agir pour la planète* [* Source : Baromètre 2019 de la consommation responsable - GreenFlex], faire des cadeaux responsables prend tout son sens. »
La phrase serait-elle encore vraie si seulement 45 % des Français pensaient... » ?
Cette littérature est du niveau des revues pour salles d'attente (et c'est presque faire injure à ces dernières...).
Voici par exemple une des recommandations : offrir :
« Des cadeaux dématérialisés qui serviront toujours : cours de couture ou de bricolage, week-end à proximité, massage, abonnement, place de concert… »
C'est à croire que les auteurs ont des intérêts dans les milieux économiques visés par la suggestion...
Ils ont en tout cas des biais qu'on dit intellectuels. Voici, sous le titre « Comment faire plaisir tout en préservant la planète ? » :
« Miser sur l’utile: pourquoi pas un panier garni de produits bio ou un kit zéro déchet plutôt qu’un objet qui ne servira pas ? Les productions faites main sont aussi les bienvenues : écharpe tricotée, produits de beauté.... »
Pourquoi « bio » ? Pourquoi « faites main ». L'ADEME a-t-elle un préjugé défavorable pour le « conventionnel » et les productions de l'industrie ? S'est-elle assurée de la sécurité des produits de beauté « faits main » ?
Le sapin de Noël devrait être « vert » selon l'illustration. Mais l'ADEME nous suggère aussi des choses bricolées, notamment :
« Artificiel en bois ! De jolis modèles apparaissent sur le marché, faciles à conserver d’une année sur l’autre. »
« ...faciles à conserver » ? À condition d'avoir la place...
Quant au vrai sapin, il doit être :
« Un sapin naturel, issu de culture française et portant un label Plante bleue, MPS, PEFC ou encore AB (agriculture biologique), c’est une bonne option ! »
Quelles disponibilités ? Quels prix ? L'ADEME est-elle au courant qu'en France, il y a des pauvres qui ne peuvent que s'offrir le premier prix ?
Le sapin devrait être « bio » ? La nourriture aussi... Mais pour commencer, voilà maintenant l'ADEME nutritionniste !
« Juste ce qu’il faut de protéines animales ! Foie gras, chapon, rôti, fromage… : mieux vaut privilégier la qualité à la quantité, et choisir des produits issus de filières plus durables. »
Et voici les trois autres recommandations :
« Place aux circuits courts pour des produits frais et savoureux, bio de préférence, en vente directe ou sur Internet.
Les fruits et légumes : locaux et de saison ! Même si on est tenté par l’exotisme, ils ont l’avantage de ne pas avoir été cultivés sous serre chauffée ou d’avoir beaucoup voyagé.
Les produits de la mer issus d’une pêche durable sont à privilégier pour préserver nos océans. La provenance et la saison comptent aussi. »
Mais tout cela ne suffit pas ! On termine par une suggestion en encadré :
« ET SI ON INNOVAIT CETTE ANNÉE ?
Pourquoi ne pas proposer une entrée 100 % végétarienne, remplacer l’éternelle saumon (surexploité) par la truite ou le brochet, ou encore inviter à table un vin bio… et pour finir en beauté, se régaler de chocolats bio et équitables. »
Cela a beau être des recommandations, du reste reposant sur une inquiétante indigence intellectuelle s'exprimant en particulier par des lieux communs (tel le saumon surexploité...), on s'approche dangereusement de la Mentopolice, de la Police de la Pensée du roman « 1984 » de George Orwell.
Il y a six références au « bio » dans ce texte. Il y a aussi un lien vers des « labels environnementaux », dont certains sont privés et au moins un (devinez lequel...) lié à un mouvement sectaire. L'une au moins des certifications pour les sapins est aussi privée.
Tout cela dénote à notre sens une dérive inacceptable.