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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Un billet tardif sur une nouvelle police : celle du sapin de Noël

28 Décembre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme

Un billet tardif sur une nouvelle police : celle du sapin de Noël

 

 

(Source)

 

 

Nous l'avons découvert par un billet de M. Erwan Le Noan Erwan dans l'Opinion du 27 décembre 2020, « Ecologistes d’Etat, de grâce, laissez-nous tranquilles pour Noël ! »

 

En résumé, selon l'introduction du billet :

 

« Prenant à cœur sa mission de guider les citoyens trop immatures, l’ADEME ("agence de transition écologique" sous tutelle du ministère de l’environnement) a publié un guide pour "un Noël juste parfait".

 

Sa recette tient en quatre indications. D’abord, des "produits écolabellisés, made in France" car le patriotisme passe aussi par la nationalité des jouets, même s’il faut le dire en anglais. Ensuite, des cadeaux dématérialisés, car rien ne vaut un e-mail au pied du sapin. A ce titre, il vaut mieux acheter des "jouets d’occasion", et "sans piles". Enfin, "l’utile plutôt que la babiole", comme "un panier de produits bio" ou "un kit zéro déchet" car offrir un brin de thym, c’est garantir aux personnes qu’on aime le plus beau Noël de leur vie. »

 

En très bref, notre résumé :

 

« De quoi j'me mêle ? »

 

M. Erwan Le Noan expose ses griefs de manière plus policée. La liste des recommandations est, écrit-il, effrayante :

 

« En premier lieu, parce qu’elle émane d’un service de l’Etat, au budget de 600 millions d’euros en 2019 et qui emploie 880 personnes (ETP), dont on ne comprend pas bien en quoi il serait légitime à réglementer nos comportements individuels, dans le cadre intime d’une fête familiale. Est-ce vraiment le meilleur usage de nos impôts ? »

 

Les autres griefs sont tout aussi pertinents. On les lira sur site.

 

Nous avons évidemment jeté un œil sur le « tuto de l'ADEME », qui, daté de novembre 2020, a manifestement échappé au plus grand nombre, en tout cas aux râleurs qui s'épanchent sur les réseaux dits sociaux.

 

Nous pourrons donc ajouter un grief à la liste : produire des « trucs » qui restent confidentiels, « [e]st-ce vraiment le meilleur usage de nos impôts ? »

 

On ne peut que s'ébaubir d'admiration devant cette prose d'une insondable bêtise :

 

« Alors que 60% des Français pensent qu’il est urgent d’agir pour la planète* [* Source : Baromètre 2019 de la consommation responsable - GreenFlex], faire des cadeaux responsables prend tout son sens. »

 

La phrase serait-elle encore vraie si seulement 45 % des Français pensaient... » ?

 

Cette littérature est du niveau des revues pour salles d'attente (et c'est presque faire injure à ces dernières...).

 

Voici par exemple une des recommandations : offrir :

 

« Des cadeaux dématérialisés qui serviront toujours : cours de couture ou de bricolage, week-end à proximité, massage, abonnement, place de concert… »

 

C'est à croire que les auteurs ont des intérêts dans les milieux économiques visés par la suggestion...

 

Ils ont en tout cas des biais qu'on dit intellectuels. Voici, sous le titre « Comment faire plaisir tout en préservant la planète ? » :

 

« Miser sur l’utile: pourquoi pas un panier garni de produits bio ou un kit zéro déchet plutôt qu’un objet qui ne servira pas ? Les productions faites main sont aussi les bienvenues : écharpe tricotée, produits de beauté.... »

 

Pourquoi « bio » ? Pourquoi « faites main ». L'ADEME a-t-elle un préjugé défavorable pour le « conventionnel » et les productions de l'industrie ? S'est-elle assurée de la sécurité des produits de beauté « faits main » ?

 

Le sapin de Noël devrait être « vert » selon l'illustration. Mais l'ADEME nous suggère aussi des choses bricolées, notamment :

 

« Artificiel en bois ! De jolis modèles apparaissent sur le marché, faciles à conserver d’une année sur l’autre. »

 

« ...faciles à conserver » ? À condition d'avoir la place...

 

Quant au vrai sapin, il doit être :

 

« Un sapin naturel, issu de culture française et portant un label Plante bleue, MPS, PEFC ou encore AB (agriculture biologique), c’est une bonne option ! »

 

Quelles disponibilités ? Quels prix ? L'ADEME est-elle au courant qu'en France, il y a des pauvres qui ne peuvent que s'offrir le premier prix ?

 

Le sapin devrait être « bio » ? La nourriture aussi... Mais pour commencer, voilà maintenant l'ADEME nutritionniste !

 

« Juste ce qu’il faut de protéines animales ! Foie gras, chapon, rôti, fromage… : mieux vaut privilégier la qualité à la quantité, et choisir des produits issus de filières plus durables. »

 

Et voici les trois autres recommandations :

 

« Place aux circuits courts pour des produits frais et savoureux, bio de préférence, en vente directe ou sur Internet.

 

Les fruits et légumes : locaux et de saison ! Même si on est tenté par l’exotisme, ils ont l’avantage de ne pas avoir été cultivés sous serre chauffée ou d’avoir beaucoup voyagé.

 

Les produits de la mer issus d’une pêche durable sont à privilégier pour préserver nos océans. La provenance et la saison comptent aussi. »

 

Mais tout cela ne suffit pas ! On termine par une suggestion en encadré :

 

« ET SI ON INNOVAIT CETTE ANNÉE ?

 

Pourquoi ne pas proposer une entrée 100 % végétarienne, remplacer l’éternelle saumon (surexploité) par la truite ou le brochet, ou encore inviter à table un vin bio… et pour finir en beauté, se régaler de chocolats bio et équitables. »

 

Cela a beau être des recommandations, du reste reposant sur une inquiétante indigence intellectuelle s'exprimant en particulier par des lieux communs (tel le saumon surexploité...), on s'approche dangereusement de la Mentopolice, de la Police de la Pensée du roman « 1984 » de George Orwell.

 

 

Post scriptum

 

Il y a six références au « bio » dans ce texte. Il y a aussi un lien vers des « labels environnementaux », dont certains sont privés et au moins un (devinez lequel...) lié à un mouvement sectaire. L'une au moins des certifications pour les sapins est aussi privée.

 

Tout cela dénote à notre sens une dérive inacceptable.

 

 

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J
le chocolat est local maintenant????
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H
Alors là, j'ai bien rigolé pour les légumes et fruits locaux et de saison ! Quelle bande d'ignorants à l'ADEME ! Allez positionnons nous en Ile de France, légumes locaux de saison : choux, poireau, de quoi faire une soupe ou une potée, on pourra rajouter des pommes de terre, mais elles ne sont plus de saison, elles ont été récoltée il y a quelques mois déjà, idem les oignons. On pourra aussi faire des choux fleurs n'importe lesquels ou presque. Ensuite salades de chicorées diverses, il y en a de très bonnes pour qui aime un peu d'amertume, ou endives. Ok, il y a la délicate mâche, c'est la pleine saison. Enfin, pour de la diversité, mieux vaut taper dans le congel, ou acheter ce qui a été produit plus au sud... Pour les fruits locaux et de saison, je suis hilare. Le dernier fruit à cueillir en Ile de France, ce sont des variétés de pommes tardives, en octobre, novembre, éventuellement début décembre, mais au 25 décembre, c'est déjà de la pomme de stockage. Il faudra donc se rabattre sur les agrumes venus de la péninsule Ibérique, du Maroc ou de Corse si on est chauvin et ils ne seront pas locaux. Pour le reste, c'est la pleine saison des ananas, litchis et mangues dans l'hémisphère sud et la Réunion fait des envois en avions cargos en ce moment, mais ça coûte du CO2, faut-il les refuser au nom de la terreur verte ? Bref, pour faire local et de saison en Ile de France, je propose une soupe de poireau, un gratin de choux fleurs, une petite salade de mâche, et une tarte aux pommes. Qui vote pour ? Quand au saumon surexploité, les 4/5ème provienne de l'élevage qui est florissant, le saumon de pêche est cher et inaccessible à la plupart donc hors sujet. Quand au brochet, je ne savais pas que c'était devenu un met accessible, j'en ai pêché au lancer autrefois, pas facile, un met autrefois pas courant et délicat. Visiblement on en trouve désormais vidé sur le net, à prix surprenamment raisonnable quand on sait le prix du ré-empoissonnement en vif... Curieux, j'ai loupé un truc...<br /> Oui effectivement Seppi, avec l'argent de nos impôts, cette propagande bio par une institution d'état est scandaleuse, mais je constate tous les jours l'absence de révolte du monde agricole et des institutionnels censés le défendre. Beaucoup d'agriculteurs veulent arrêter mais personne ne se révolte. Il y a une sourde résignation qui fait peur, car si tout le monde se résigne et arrête en France et dans une grande partie de l'Europe de l'ouest et de l'Amérique du nord, c'est le début d'une catastrophe alimentaire internationale dont juste une toute petite poignée de gens ont idée.
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I
Oui c'est le souci du manger local, ça veut dire quoi liocal ? combien de kilomètre un aliment doit parcourir pour qu'il ne soit plus du local ? Si je suis en Alsace et que je mange des pommes Belges, c'est local ou pas comparer à des pommes venues de Marseille ?<br /> <br /> Pour la révolte, une révolte des paysans serait dramatique, mais parfois je me dis que les agris devraient pouvoir faire une liste d'ennemis de l'agriculture et ne plus nourrir les personnes dessus jusqu'à ce qu'elles les supplient à genoux de leur pardonner. Mais ce serait impossible, hélas.
I
Je suis pas complètement d'accord avec vous Seppi. L'ADEME n'impose pas, elle fait des recommandations, les gens restent libres de les suivre ou non. Du coup je ne pense pas que ce soit mal qu'elle en fasse, au contraire. Mais là où on peut critiquer c'est que ses recommandations sont pas toujors ce qu'il y a de plus rationnels et pertinents (par exemple, son obsession du bio est clairement un mauvais conseil).
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