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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Oui, certains vaccins contre la Covid font appel au génie génétique. Et alors ?

19 Décembre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Covid-19

Oui, certains vaccins contre la Covid font appel au génie génétique. Et alors ?

 

Mark Lynas*

 

 

Coronavirus et brins d'ADN. Illustration médicale en 3D par peterschreiber.media/Shutterstock.

 

 

Nous avons tous entendu les théories de conspiration sur la Covid-19. Aujourd'hui, une toute nouvelle série de vaccins contre la Covid est en train d'émerger – et de se propager de manière aussi virale que la pandémie qu'ils sont destinés à contrôler.

 

Bien que la communauté de la santé publique ait tendance à se faire rassurante sur certaines des préoccupations les plus raisonnables – oui, les vaccins ont été développés incroyablement vite et des effets secondaires à court terme peuvent se produire – ce billet vise à faire quelque chose de différent.

 

Nous allons droit au cœur du problème. Donc non, les vaccins contre la Covid-19 ne sont pas des vecteurs de distribution pour des puces gouvernementales. Ils ne sont pas contaminés par du matériel provenant de fœtus avortés. Et ils ne nous transformeront pas en OGM – bien que certains d'entre eux utilisent le génie génétique, et tous utilisent la génétique de manière plus large.

 

Nous pensons que c'est vraiment cool – quelque chose à célébrer, et non à repousser. Nous faisons donc une révélation importante sur la façon dont la génétique et la biotechnologie ont été au cœur de l'effort de recherche sur les vaccins. Parce que nous savons que les complotistes ne se soucient de toute façon pas des preuves.

 

 

ARNm – vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna

 

Premier point : l'ARNm. Il ne reprogrammera pas votre cerveau. Mais il reprogramme certaines de vos cellules, en quelque sorte. Et ce n'est pas un défaut, c'est intentionnel.

 

Pour comprendre cela, vous devez savoir à quoi sert l'ARNm. En gros, c'est une molécule d'acide nucléique simple brin qui transporte une séquence génétique de l'ADN du noyau de la cellule vers les usines à protéines – appelées ribosomes – qui se trouvent à l'extérieur du noyau, dans le cytoplasme cellulaire.

 

C'est ce que le "m" de l'ARNm signifie : messager. L'ARN messager ne fait que transmettre aux ribosomes les instructions contenues dans la matrice d'ADN pour l'assemblage des protéines. (Les protéines font presque tout ce qui compte dans l'organisme.) C'est tout.

 

C'est utile pour les vaccins car les scientifiques peuvent facilement reconstruire des séquences génétiques spécifiques qui codent pour des protéines qui sont spécifiques au virus envahisseur. Dans le cas de la Covid, il s'agit de la protéine spiculaire (de pointe) bien connue qui permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules humaines.

 

Les vaccins à ARNm incitent quelques cellules proches du site d'injection à produire la protéine spiculaire. Cette protéine stimule ensuite le système immunitaire à produire les anticorps et les lymphocytes T qui combattront la véritable infection par le coronavirus lorsqu'elle se produira.

 

Ce n'est pas très différent de la façon dont les vaccins traditionnels fonctionnent. Mais au lieu d'injecter un virus vivant affaibli ou tué, l'approche par ARNm entraîne ou instruit directement votre système immunitaire avec une seule protéine.

 

Contrairement aux affirmations des fous, il ne vous transformera pas, ni personne d'autre, en OGM. L'ARNm reste dans le cytoplasme, là où se trouvent les ribosomes. Il n'entre pas dans le noyau et ne peut pas interagir avec votre ADN ni provoquer de modifications du génome. Pas de Frankencure ici non plus.

 

Une variante de l'approche ARNm consiste à faire un pas en arrière dans le processus et à construire une plate-forme de vaccin à partir de l'ADN. Le patron formé d'ADN – construit par les scientifiques pour coder la protéine spiculaire du coronavirus – est introduit dans les cellules où il est lu et transformé en ARNm et... la suite est identique.

 

Vous vous demandez peut-être si cet ADN peut modifier génétiquement vos cellules. Encore une fois, la réponse est non. L'ADN est injecté en petits morceaux circulaires appelés « plasmides » – à ne pas confondre avec les plastiques – et bien que ceux-ci entrent dans le noyau, le nouvel ADN ne s'intègre pas dans votre génome cellulaire. Vous comprenez ?

 

 

Adénovirus – le vaccin d'Oxford

 

Celui-ci est vraiment génétiquement modifié. Mais qu'est-ce que cela signifie réellement ?

 

Le vaccin d'Oxford utilise ce que l'on appelle une approche de « vecteur viral ». L'équipe scientifique a pris un adénovirus – un type d'agent pathogène qui provoque un rhume – et y a épissé la séquence génétique de la protéine spiculaire du coronavirus.

 

L'adénovirus sert simplement de véhicule pour faire entrer la séquence génétique dans les cellules. C'est bien pour cela qu'il est appelé « vecteur viral », après tout. Les virus ont été conçus par des milliards d'années d'évolution précisément pour trouver des moyens de se faufiler dans les cellules hôtes.

 

Notez que le génie génétique est une partie essentielle du processus de développement. Tout d'abord, les virus vecteurs sont dépouillés de tous les gènes qui pourraient vous nuire et provoquer une maladie. Les gènes qui provoquent la réplication sont également supprimés, de sorte que le virus est inoffensif et ne peut pas se répliquer.

 

Ensuite, les gènes de la protéine spiculaire du coronavirus sont ajoutés – une utilisation classique de l'ADN recombinant. Donc oui, le vaccin Oxford/AstraZeneca signifie en fait qu'un virus génétiquement modifié est injecté dans votre corps.

 

Et c'est une bonne chose. Dans le passé, par exemple avec le vaccin contre la polio, les virus vivants contenus dans le vaccin pouvaient parfois muter et redevenir pathogènes, provoquant une polio dérivée du vaccin. Vous pouvez voir qu'il est de loin préférable d'utiliser un virus génétiquement modifié qui ne peut pas causer de tels dommages !

 

 

L'alarmisme sur les OGM

 

Comme nous l'avons déjà signalé à l'Alliance pour la Science, les mouvements anti-OGM et anti-vaccins se chevauchent considérablement. Ces groupes ont tendance à partager une idéologie qui se méfie de la science moderne et fétichise plutôt les approches « naturelles ». Quelle que soit la signification de « naturel ».

 

Notez que ces groupes ne sont pas toujours marginalisés et repoussés à aux franges auxquelles ils devraient appartenir. En Europe, les réglementations anti-OGM ont bloqué toute utilisation substantielle de la biotechnologie des cultures pendant près de deux décennies, entravant les efforts visant à rendre l'agriculture plus durable.

 

Et en juillet dernier, le Parlement Européen a dû suspendre les règles anti-OGM de l'UE afin de permettre le développement sans entrave des vaccins contre la Covid. C'est très embarrassant pour Bruxelles !

 

Les mouvements anti-OGM et anti-vax vont-ils utiliser leurs tactiques habituelles d'alarmisme pour susciter la peur, accroître l'hésitation devant les vaccins et prolonger ainsi l'enfer de la pandémie de Covid-19 ? Cela reste à voir. S'ils y parviennent, il sera tragique que beaucoup plus de personnes meurent et que nos économies continuent à souffrir. C'est à nous tous – le mouvement populaire en faveur de la science – de les arrêter.

 

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* Source : Yes, some COVID vaccines use genetic engineering. Get over it. - Alliance for Science (cornell.edu)

 

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