Les produits « bio » 44 % plus chers, le Parisien et le Président Emmanuel Macron
Merveilleux télescopage !
Le 14 décembre 2020, le Parisien publie : « Les fruits et légumes bio 44 % plus chers en moyenne : pourquoi un tel écart ? » (réservé aux abonnés), avec en chapô :
« Selon une étude de la CLCV que nous dévoilons en exclusivité, les fruits et légumes bio restent plus chers que ceux issus de l’agriculture classique, y compris dans les grandes surfaces. »
Le même jour, le Président Emmanuel Macron annonce sur un ton martial et conquérant qu'« on » va introduire un chèque alimentaire « pour aider les plus précaires à se nourrir avec des produits biologiques et locaux ». C'est bien sûr, une fuite en avant devant la débâcle de la Convention Citoyenne pour le Climat qu'il a lui-même orchestrée.
Un « chèque alimentaire » pour que 9 millions de pauvres puissent acheter uniquement des produits par definition 40% plus chers, idée soufflée par Terra Nova aux conventionnels, il fallait l’oser... Il l’a fait.
— Géraldine Woessner (@GeWoessner) December 14, 2020
Vous avez dit « déconnectés » ? https://t.co/cHMx6DwAkY
La notion de « précaires » n'étant pas définie, ni le volume de produits alimentaires en jeu, on en est réduit aux supputations. Avec quelque 8 millions de personnes comptant aujourd'hui, à un moment ou un autre, sur l'aide alimentaire, il faut compter sur 800 millions d'euros par tranche de 100 euros de tickets distribués... une paille... Si l'on prend les pauvres avec un seuil de 60 % du revenu médian, la facture monte à 930 millions.
Une paille... pour un bénéfice nutritionnel nul, un impact environnemental souvent négatif – ne serait-ce que par la nécessité d'occuper davantage de surface agricole pour une production identique – et un effet économique probablement négatif, une grande partie des produits « bio » devant être importés et l'étant de pays plus compétitifs.
Revenons donc à l'article du Parisien et l'enquête de CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie). Le résultat est tout simplement une image à l'instant t pour une gamme de sept produits (carotte, courgette, tomate ronde, banane, orange, pomme Golden et raisin blanc avec pépins) et des prix collectés dans deux ensembles de points de vente (370 au total). Le résultat semble être plutôt dans la zone basse des écarts de prix entre « bio » et « conventionnel ».
(Source)
Ça tombe bien ! Le Parisien écrit, en produisant un formidable non sequitur :
« Avec le développement de la filière, l'écart semble toutefois se resserrer. "Il y a quelques années, on parlait d'une différence de 70 %", rappelle Patrick de Ronne, président de Biocoop (680 magasins en France). Aujourd'hui, les achats en fruits et légumes frais biologiques représentent 8 % des quantités achetées, selon des données de France Agrimer. Un chiffre en progression de 6 % par rapport à 2018 alors que la surface agricole dévolue au bio a doublé en cinq ans dans l'Hexagone, selon l'Agence Bio. »
L'écart s'est-il (se serait-il) resserré parce que les prix du « conventionnel » ont augmenté ou que ceux du « bio » ont baissé et, dans ce dernier cas, qui supporte la baisse ?
Nous sommes cependant prévenus :
« Mais attention, même s'il se développe, "le bio n'a pas vocation à être au même prix que le conventionnel", rappelle Patrick de Ronne. La CLCV le reconnaît aussi : "C'est normal que le bio soit plus cher. Il y a un surcoût qui est évidemment lié au mode de production", pointe Lisa Faulet [chargée de mission alimentation à CLCV]. »
En d'autres circonstances, on vous expliquerait que le « bio » est aussi productif que le « conventionnel », que si... on peut mettre Paris en bouteille… enfin on peut arriver au même prix.
(Source : rapport CLCV)
Ce qui est intéressant dans l'article du Parision, ce sont les explications, en partie fokloriques.
Selon Carrefour, le « bio » n’est pas moins cher dans les grandes surfaces à cause des emballages, obligatoires pour éviter les mélanges. Est-ce par rapport au « conventionnel » ou au « bio » vendu par des enseignes spécialisées ? S'agissant de la deuxième hypothèse, on peut émettre quelques doutes quand on a dans cette enquête des carottes et des courgettes plus chères dans les magasins spécialisés et que la CLCV conclut que la différence de prix qu'elle a constatée n'est pas significative...
(Source : le Parisien)
Selon le rapport de CLCV, en tenant compte des incertitudes de son enquête, il n'y aurait pas de différence entre enseignes généralistes et spécialisées. C'est exprimé de manière orientée, quoique justifiée quand on connaît la publicité faite notamment par une certaine enseigne :
« Dans tous les cas, ces résultats montrent que les GMS ne semblent pas forcément être les plus intéressantes pour acheter des fruits et légumes bio, malgré leurs nombreuses promesses de proposer aux consommateurs des produits biologiques à petits prix et accessibles à tous. »
La critique est certes pertinente, s'agissant des « promesses ». Mais on peut retourner l'argument : pourquoi les magazins spécialisés – dont bon nombre ne sont pas des petites surfaces – ne sont-ils pas moins chers ?
On ferait aussi moins de promos en « bio ». Ah bon...
L'article ramène même la crise de la Covid-19 qui aurait incité les distributeurs à multiplier les opérations promotionnelles sur des fruits et légumes (sous-entendu : conventionnels) à prix coûtant pour « soutenir le pouvoir d'achat des consommateurs et des producteurs ». Cet argument relève en partie de la tromperie. D'une part, les ventes à prix coûtant ne sont pas si nombreuses et, d'autre part, CLCV n'évoque pas ces opérations dans son document.
Et en admettant qu'il fût exact, que des opérations de promotion plus nombreuses aient été menées et que cela se soit reflété sur les prix du « conventionnel », l'argument plaide en défaveur du resserrement de la différence de prix.
Et, croix de bois, croix de fer, on ne ferait pas de marges plus importantes sur le bio qu'en conventionnel. Deux exemples de taux de marge quasiment identiques sont donnés dans l'article. Admettons... mais un taux de marge identique sur des bases différentes produit des marges différentes (dont une partie peut très bien s'expliquer)...
Si vous comprenez la logique de l'assertion suivante, vous êtes très fort :
« Carrefour abonde : "On ne fait pas de distinction entre le bio et le conventionnel. Les marges sont appliquées selon d'autres critères. Nous partons du prix qui convient le mieux aux clients et notamment en observant ce que fait la concurrence." »
On nous apprend aussi que le « bio » made in France ne serait pas plus cher que le « bio » importé (sauf exceptions comme le raisin). On nous cite à cet effet la tomate ronde et la courgette. Mais...
« "Pour l'exemple de la tomate et de la courgette, cette année a été exceptionnelle", précise Marie Estangoy » [acheteuse fruits et légumes chez Naturalia].
Y aurait-il une tendance générale. Selon Mme Marie Estanguoy,
« Mais en général, il y a de plus en plus de producteurs bio en France. C'est une très bonne nouvelle, car plus il y a de producteurs, plus les filières se structurent et permettent des économies d'échelle. Les prix sont donc plus compétitifs et se rapprochent des prix de l'import historiquement plus bas. »
On peut aussi le traduire de la manière suivante : plus il y a de producteurs, plus on peut faire jouer la concurrence...
Le Parisien écrit dans son texte :
« Mais alors que les pouvoirs publics encouragent les Français à acheter des produits bio, elle [l'enquête] met en exergue le surcoût important que cela représente pour leur portefeuille. »
CLCV écrit pour sa part :
« La consommation de produits bio est pourtant encouragée par les pouvoirs publics et fait partie des dernières recommandations publiées par Santé Publique France en 2019. Nous interpellons les pouvoirs publics sur la nécessité de rendre accessibles au plus grand nombre les produits issus de l’agriculture biologique.
Hélas oui ! Comme nous l'avons décrit dans « Programme National Nutrition Santé (PNNS) et bio : on nous prend pour des buses », le « bio » s'est infiltré sournoisement dans les recommandations alimentaires.
Le pompier-pyromane Président de la République n'a manifestement pas répondu à l'interpellation de CLCV – cela aurait été chronologiquement difficile – mais à la nécessité d'éteindre les incendies qu'il a allumés avec la Convention Citoyenne pour le Climat.
Il a une solution : ponctionner les finances publiques – dont l'impôt payé par les contribuables imposables – pour financer encore davantage une filière dont une partie se sucre déjà confortablement.
Alex 24/12/2020 06:41
Hbsc Xris 25/12/2020 19:50
Il est là, fils spirituel de Seppi 25/12/2020 12:05
Hbsc Xris 24/12/2020 20:16
Il est là, fils spirituel de Seppi 24/12/2020 13:17
Hbsc Xris 23/12/2020 20:24
Il est là, fils spirituel de Seppi 24/12/2020 13:21
Marc FAURE 23/12/2020 15:33
Justin 24/12/2020 17:16
Hbsc Xris 24/12/2020 04:24
Justin 23/12/2020 15:13
Il est là, fils spirituel de Seppi 24/12/2020 13:18
Hbsc Xris 24/12/2020 03:27
pierre marie 22 23/12/2020 20:06