Bienvenue au Schizophrénistan : « Julien Denormandie: "Nous devons sortir de l’écologie de l’incantation pour une écologie de la raison" » dans l'Opinion
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Le 15 décembre 2020, l'Opinion publiait sous la plume de Mme Emmanuelle Ducros « Plan pollinisateurs: vers un nouveau pataquès façon "néonicotinoïdes" », un plan que cinq députés de la majorité LaREM n'ont pas hésité à qualifier de « déclaration de guerre au monde agricole » dans une lettre au Premier Ministre Jean Castex.
Le 16 décembre, il publiait sous la même plume – normal, c'est elle, la spécialiste des questions agricoles... et quelle spécialiste... – « Julien Denormandie: "Nous devons sortir de l’écologie de l’incantation pour une écologie de la raison" ». En résumé :
« Le ministre met en garde contre le risque de "brider notre agriculture pour importer de la destruction de biodiversité" ».
Qui met-il en garde ?
Cette simple phrase n'est-elle pas le reflet de la schizophrénie d'un gouvernement à la ramasse, incapable de définir une ligne politique claire dans l'intérêt bien compris de la Nation, empêtré dans une sorte de pyramide de Ponzi de coups de marketing électoralistes ?
Des coups dont la plupart ont un effet dévastateur sur ce qu'on appelle par tradition l'agriculture, ce qui est en fait notre production alimentaire, notre sécurité et souveraineté alimentaires et un élément essentiel de structuration de notre société, de notre économie et de notre environnement ?
En fait, ce régime n'en est plus à « brider » l'agriculture, mais à la détruire avec un redoutable entrain.
M. Julien Denormandie a été interrogé essentiellement sur le glyphosate, la souveraineté alimentaire, le revenu des agriculteurs et les conditions d’élevage des animaux.
Il distille des paroles fortes, frappées au coin du bon sens, qui plairont sans nul doute à sa « clientèle » et à tous les gens de bon sens. Et qui doivent faire enrager au « bord opposé », lequel tient évidemment ses propres discours, scellant ainsi la schizophrénie gouvernementale.
En même temps – tiens, une expression très en vogue en Macronie –, M. Julien Denormandie doit composer avec les orientations politiques – politiciennes – de Jupiter. Et son discours devient aussi schizophrène.
C'est le cas en particulier – on s'en serait douté – pour la « sortie » du glyphosate. Personne ne doutera du fait que M. Julien Denormandie est parfaitement conscient de l'ineptie de la décision et des effets dévastateurs sur l'agriculture et l'économie en général. D'ailleurs...
...Voici donc un paragraphe complet de sa réponse :
« Fin 2019, un tiers des exploitations françaises qui en utilisaient déclaraient avoir déjà arrêté. Un autre tiers avait commencé à réduire son utilisation. In fine, nous aurons réduit de moitié les usages en 2022. C’est la plus forte dynamique en Europe ! Nous pouvons en être fiers. Mais ce débat autour du glyphosate doit nous pousser à trois constats. D’abord, l’Etat doit accélérer les investissements sur les recherches d’alternatives techniquement et économiquement soutenables. Ensuite, l’arrêt du glyphosate ne crée pas, aujourd’hui, de valeur pour les agriculteurs. C’est important car on ne peut pas leur demander de dégrader leur compte de résultat, déjà très fragile. Une transition, ça se finance ou ça ne se fait pas. Il faut donc que l’Etat prenne ses responsabilités. A cette fin, nous mettons en place un crédit d’impôt dédié. Enfin, il faut en finir avec la naïveté. Nous sommes dans un marché commun mais nous retrouvons sur nos étals des produits qui n’ont pas les mêmes règles de production. C’est une distorsion de concurrence. Nous devons arrêter les surtranspositions et pousser les sujets au niveau européen. C’est ce que nous allons faire sur le glyphosate. Il est inacceptable que notre agriculture soit suppléée par des importations moins-disantes environnementalement. L’écologie, ce n’est pas de brider notre agriculture et son développement pour importer de la destruction de biodiversité. »
« Nous » réduisons, « nous » allons réduire encore davantage et « nous » pouvons en être fiers, mais « l’Etat doit accélérer les investissements sur les recherches d’alternatives techniquement et économiquement soutenables. » En filigrane : nous réduisons (enfin on en est aucore au stade des déclarations), mais nous n'avons toujours pas les alternatives...
De même, « l’arrêt du glyphosate ne crée pas, aujourd’hui, de valeur pour les agriculteurs ». Peut-on croire que M. Julien Denormandie croit que de la valeur sera créée demain ?
Ce discours est bien rôdé, enjôleur. M. Julien Denormandie assure sans nul doute le service attendu par le locataire de l'Élysée.
Mais ce discours est périssable. Il deviendra lassant et contre-productif s'il n'est pas suivi d'effets. Il serait peut-être temps que la profession agricole se fasse entendre de manière plus claire pour que des solutions claires soient apportées aux enjeux clairement identifiés par le Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation.
« De manière générale, cela fait quinze ans que l’on prend trop souvent les sujets agricoles à l’envers. Nous devons remettre la raison au centre du débat agricole. La politique, ce n’est ni l’émotion ni la vertu : mauvaises conseillères, elles n’aident pas à prendre des décisions pour le bien commun. Nous devons nous appuyer sur la science, la réalité du terrain, la faisabilité. Les Français sont intelligents ; faisons confiance à leur raison. Nous devons sortir de l’écologie de l’incantation, qui consiste à imposer sans se soucier des solutions et des conséquences, pour promouvoir une écologie de la raison, qui consiste à affronter la complexité de la nature et s’inscrire résolument dans une démarche de progrès. [...] »
Chiche ?