Le président des États-Unis devra faire preuve de leadership
Daniel Kelley*
Joe Biden a promis d'être « un président pour tous les Américains ».
Cela inclut évidemment les agriculteurs, qui sont souvent regroupés politiquement mais qui sont en fait un groupe hétérogène. Certains d'entre nous ont voté pour le président Trump. D'autres ont choisi Joe Biden dans une élection qui a défié les sondages et qui était beaucoup plus serrée que ce que les experts avaient prédit.
Dans un discours prononcé peu après son apparente victoire, Biden a promis d'être un président « qui ne voit pas d'États rouges et bleus, mais des États-Unis ». Puis il a plaidé : « Donnons-nous une chance. »
Chaque nouveau président mérite cette chance.
Ce que nous attendons de lui, c'est un leadership.
La première chose que M. Biden peut faire pour les agriculteurs est de nommer un excellent secrétaire à l'agriculture. Les spéculations sur la personne qui obtiendra ce poste sont déjà en cours. J'espère qu'il choisira quelqu'un d'aussi bon que Tom Vilsack, l'ancien gouverneur de l'Iowa qui a occupé ce poste pendant toute la durée des deux mandats du président Obama.
J'ai eu des désaccords avec l'administration Obama, mais avec le secrétaire Vilsack au sein du cabinet, je pensais que les agriculteurs avaient toujours une voix à la table.
J'avais aussi mes accords avec l'administration Obama, notamment avec son appel à l'entrée des États-Unis dans le Partenariat Transpacifique (Trans Pacific Partnership – TPP), une alliance commerciale qui promettait d'améliorer les possibilités d'exportation pour tous les Américains, y compris les agriculteurs et les éleveurs. Malheureusement, le président Trump s'est opposé au TPP. Dès son premier jour de présidence, il a signé un décret qui retirait les États-Unis de la coalition.
Le président Trump a déclaré qu'il voulait de meilleurs accords commerciaux, et il a réussi à en obtenir un avec le Canada et le Mexique, lorsque son administration a remplacé l'ALENA par l'ACEUM. Il a également commencé à affronter la Chine sur le plan commercial, en lançant une série de litiges commerciaux qui étaient frustrants pour les agriculteurs qui dépendent des clients chinois, mais qui étaient peut-être aussi nécessaires en raison du comportement abusif du gouvernement chinois, qui viole les accords commerciaux, vole la technologie américaine et opprime son peuple.
Il s'avère que le TPP représente peut-être l'un des meilleurs moyens de s'attaquer à la Chine. Les onze nations qui s'étaient autrefois associées aux États-Unis dans le cadre du TPP n'ont pas abandonné l'accord. L'Australie, le Brunéi Darussalam, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam ont ensuite signé leur propre accord.
Cet accord a non seulement amélioré leurs liens économiques, mais a également donné à ces pays du Pacifique un moyen de résister à l'influence croissante de la Chine dans la région. Leur accord a amélioré la circulation des biens et des services à travers les frontières et a également renforcé leur sécurité nationale.
Même le président Trump en a vu les avantages : il y a deux ans, il a demandé à ses conseillers économiques de chercher des moyens de réintégrer le TPP.
Biden devrait mener à bien cette tâche.
Pendant sa campagne présidentielle, il est resté muet sur le TPP. Les raisons de son adhésion sont cependant devenues plus convaincantes la semaine dernière, lorsque la Chine a signé un important accord commercial avec 14 autres nations dans ce que le New York Times appelle « un pacte conçu par Pékin en partie comme un contrepoids à l'influence américaine ».
Le Japon est déjà inquiet. Si M. Biden veut renforcer les liens avec nos alliés de longue date, comme il l'a affirmé, alors le PPT représente une véritable opportunité. C'est plus logique que jamais.
Il faut un dirigeant qui veut le concrétiser.
Enfin, M. Biden serait sage de faire savoir aux agriculteurs qu'il ne veut pas leur imposer de nouvelles réglementations. C'est probablement la plus grande frustration que j'ai ressentie face à l'administration Obama, notamment en ce qui concerne la réglementation dite des « eaux des États-Unis » (Waters of the US) », dans laquelle l'Agence de Protection de l'Environnement cherchait à contrôler davantage les terres agricoles et la propriété privée. L'administration Trump a sagement mis fin à cette mauvaise idée.
Nous n'avons pas besoin d'autres mauvaises idées, telles que de nouvelles restrictions sur les technologies de protection des cultures et l'élevage. Nous avons plutôt besoin d'une administration qui prend des décisions fondées sur des données scientifiques solides. Nous avons besoin d'une administration qui laissera les agriculteurs faire leurs propres choix en matière de culture et qui les aidera à vendre nos produits alimentaires.
Mais surtout, nous avons besoin d'un dirigeant qui considère les agriculteurs non pas comme un problème, mais comme une solution à nos plus grands défis, du changement climatique à la reprise économique au lendemain de la pandémie de Covid-19.
Nous sommes prêts à donner à Joe Biden une chance de diriger. Espérons qu'il nous donnera aussi une chance.
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Daniel Kelley, agriculteur, Illinois, USA
Daniel cultive du maïs et du soja en partenariat avec ses frères et son fils. Il a une longue expérience des systèmes coopératifs agricoles, et a dirigé GROWMARK et CoBank.
Source : https://globalfarmernetwork.org/2020/11/leadership-required-from-the-us-president/