La « stratégie » européenne « de la ferme à la table » vue par l'USDA : un article de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion
Glané sur la toile 614
(Source – amis férus d'histoire : un site à visiter)
Le titre de l'article de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion du 19 novembre 2020 est expressif : « Vue d’Amérique, la stratégie agricole européenne "farm to fork" s’annonce comme un désastre mondial ».
En sur-titre : « Dans le mur ? »
Soyons un brin optimistes : la « stratégie » – ce sont des guillemets exprimant le doute et la perplexité – prendra du temps pour se mettre en place et pour déployer ses effets – si tant est que cela soit possible sur un certain nombre de points comme la réduction de l'utilisation des antibiotiques en élevage et des pesticides en agriculture (on voit ce que cela donne en France pour les pesticides...).
Soyons un peu plus optimistes : les politicards les plus obtus – peut-être Toddler-in-chief et Cie exclus – finissent par se rendre compte que foncer dans le mur fait mal au front, ou par disparaître. Cette « stratégie » qui veut s'étendre « de la ferme à la fourchette » fera certes des dégâts, mais ils seront plus facilement réparables que, par exemple, le démantèlement de notre filière nucléaire française.
Or donc, écrit Mme Emmanuelle Ducros :
« Le département américain de l’Agriculture (USDA) a publié il y a quelques jours une étude économique consacrée au volet agricole du Green deal européen, ce que l’on appelle la stratégie "farm to fork" ("de la ferme à la table"). Les conclusions des différents scénarios de son application sont effarantes : baisses de production importantes, hausses des prix délirantes, appauvrissement de l’Europe et propagation de la famine dans le monde.
On sent une certaine incrédulité dans l’analyse que les économistes américains de l’USDA, le département américain de l’Agriculture, livrent de la stratégie "farm to fork" et de la stratégie biodiversité dévoilée par la Commission européenne en mai dernier.
Il s’agit d’un plan agricole destiné à réduire les usages de terre de 10 %, d’engrais de 20 %, d’antibiotiques vétérinaires de 50 % et de pesticides de 50 % au sein de l’Union européenne… Mais les analystes américains soulignent, à juste titre, que ces ambitions ne se bornent pas seulement au territoire des Vingt-Sept : il est question aussi, via les accords commerciaux et diplomatiques, de promouvoir la vision européenne d’une agriculture et d’une alimentation "durables" — et on verra que ce qualificatif peut être discuté. "Cela suggère une intention d’étendre au-delà de l’Union européenne le champ d’action de cette politique", expliquent-ils. »
Ha ! Ha ! Ha ! La vieille Europe qui se veut le phare de l'obscurantisme bien-pensant...
Pour savoir combien c'est effarant, il faudra vous plonger dans l'article sur site, ou consulter la publication originale.
Les deux graphiques ci-dessous résument les effets principaux de la « stratégie », sur la production et les prix.
Regardez bien l'évolution des prix en Afrique et dans la région Asie de l'Ouest-Afrique du Nord, et demandez-vous quelle serait le résultat sur la stabilité sociale et politique des pays en cause et sur les flux migratoires...
Les simulateurs de l'USDA ont calculé que l’Europe doit s’attendre à une réduction de 12 % de sa production alimentaire si elle s’applique ses règles à elle-même. Cela me laisse songeur. C'est peu quand il est envisagé de sortir 10 % des terres de la production agricole, même si on peut croire que le retour à la friche – oups, le verdissement – portera prioritairement sur les terres les moins productives. Et quand on ambitionne de porter à 25 % la part de la SAU en agriculture dite biologique...
C'est, paraît-il, une image de la Fondation de France (source)