La biodynamie dans « Ça m'intéresse »
Glané sur la toile 609
Nous avons vu dans un billet du mois dernier que Futura Sciences avait trébuché en publiant « Question/Réponse, "Qu’est-ce qu’un vin biodynamique ?" » et qu'il s'est vite rattrapé en le retirant du site.
Les médias papier n'ont pas cette faculté...
Dans son numéro de septembre 2020, Ça m'intéresse a aussi trébuché avec quasiment quatre pages, « Biodynamie, la force du mysticisme ».
En sur-titre, une sorte de sophisme d'appel à l'autorité : « Les plus grands doamines viticoles y viennent peu à peu ».
En résumé : « Conçue par un penseur féru d'ésotérisme, cette méthode ne repose sur aucune base scientifique. "Et pourtant, ça marche !" assurent ses adeptes. »
L'article débute par des « témoignages » de différentes régions viticoles. Ainsi :
« "Et pourtant, ça marche !" renchérissent les adeptes de la biodynamie, un mode de production pavé d'interrogations, voire de mystères. Plus au nord, dans la région du muscadet, les vins de Fred Niger, du Domaine de l'Ecu (Loire-Atlantique), sont dégustés dans le monde entier. Le vigneron, énergique et un peu fantasque, nous entraîne au cœur de son chai creusé quatre mètres sous terre dans l'orthogneiss, la roche de son terroir. "Il a été bâti sur le principe du nombre d'or, comme la pyramide de Khéops ou Notre-Dame de Paris", précise-t-iI. À l'intérieur, des amphores en argile reposent dans une semi-pénombre. "Je cherche un vin plein de vibrations qui fait du bien au corps. Les amphores ne sont qu'un emballage élégant pour travailler les énergies", insiste Fred Niger. Leur usage se développe dans le vignoble français, en biodynamie ou non. C'est un retour aux sources, en l'occurrence au Caucase, où l'on a découvert, dans l'actuelle Géorgie, les plus anciennes traces de vin dans des amphores. "À l'intérieur, il se crée un vortex, un lent tourbillon. Le jus en mouvement s'oxygène. Et d'une amphore à l'autre, avec le même raisin, on peut obtenir des vins différents. Ce que je n'observe pas avec les barriques en bois", explique-t -il. »
Il n'est pas sûr que les bémols plutôt clairsemés insérés dans le texte soient suffisants pour convaincre le lecteur – ni même lui donner à penser – qu'il s'agit de charlatanerie et de marketing.
Tout cela est fort regrettable, d'autant plus que Ça m'intéresse est une revue de grande qualité.
Il est une autre leçon à tirer : le charlatanisme s'insinue partout... et nous sommes trop nombreux à regarder ailleurs.