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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

USA : l'agriculture fait preuve de résilience face aux flammes

19 Octobre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

USA : l'agriculture fait preuve de résilience face aux flammes

 

Mark Wagoner*

 

 

 

 

L'air « était parfaitement épais de fumée », écrivait George McClellan en explorant les Cascade Mountains en 1853. Les feux de forêt avaient tellement réduit la visibilité que le futur général de la guerre de Sécession avait l'impression d'être de retour dans une salle de caserne infestée de cigares à West Point.

 

Il se trouvait en fait près de Snoqualmie Pass, qui relie aujourd'hui l'est et l'ouest de l'État de Washington par l'Interstate 90. C'est la route que je prends quand je me rends à Seattle en voiture depuis ma ferme dans la Walla Walla Valley.

 

J'ai pensé au commentaire de McClellan au début de ce mois, car la fumée des feux de forêt dans la région nord-ouest de la côte du Pacifique rendait la vue impossible au-delà de 400 mètres. Nos employés étaient en train de ramasser des planches de mégachiles [abeilles découpeuses de la luzerne – voir ici] dans les champs de production de semences de luzerne à récolter lorsque la fumée a frappé. C'était insupportable. Ils pouvaient à peine respirer, et leurs masques contre la Covid-19 n'ont pas aidé. Le travail était devenu impossible. Je leur ai donné l'après-midi de congé.

 

Les incendies de 2020 ont brûlé plus de six millions d'hectares de terres en Californie, en Oregon et dans l'État de Washington, faisant des dizaines de victimes et déclenchant un débat sur ce qui a mal tourné.

 

Je n'ai jamais vu une conflagration aussi massive. Pourtant, ce n'est pas la première fois que j'ai à faire face à ce genre de menace. Comme le montre l'anecdote de McClellan, les incendies de forêt sont une réalité dans l'ouest des États-Unis. Ils ont éclaté ici bien avant que quelqu'un ne commence à parler du changement climatique ou de la gestion des forêts.

 

Pour les agriculteurs comme moi, les incendies de cette année sont une nouvelle occasion de démontrer la résilience qu'exige la production alimentaire. Chaque jour, nous luttons contre les mauvaises herbes, les parasites et les maladies. Le temps est imprévisible. Nous sommes toujours vulnérables aux turbulences des marchés des produits de base. Ce sont des risques normaux et nous avons les moyens de les combattre, des outils de protection des cultures aux polices d'assurance.

 

Pourtant, chaque saison apporte ses propres défis, et nous devons parfois faire face à des événements étranges qu'aucun d'entre nous n'aurait pu prévoir.

 

En agriculture, vous ne savez jamais quel défi vous attend.

 

En juin dernier, une vague de froid a empêché les abeilles de polliniser notre luzerne. Elles ne voulaient pas sortir. L'année dernière, les pluies ont gâché notre récolte, qui a besoin de temps sec.

 

Il y a toujours quelque chose, et parfois c'est le feu : il y a quelques années, de la fumée est descendue de la Colombie Britannique. Elle n'était pas aussi dense et désagréable que cette année, mais nous l'avons vraiment remarquée. Avant cela, un incendie avait éclaté à la réserve nucléaire de Hanford, un site désaffecté près de ma ferme. Alors que les cendres flottaient dans le ciel, elles ont dérivé sur ma ferme alors que nous récoltions des graines de luzerne.

 

Je craignais que mes champs ne s'enflamment.

 

La panique n'a duré que quelques heures et nous avons évité le désastre, mais c'est le moment le plus effrayant que j'ai eu à endurer en matière de feu et d'agriculture. Les flammes et la fumée de 2020 n'ont jamais été aussi pénibles, mais elles ont perturbé nos activités pendant une période plus longue.

 

Heureusement, les incendies de cette année n'ont fait que nous ralentir. En fin de compte, je ne pense pas qu'ils auront eu un grand effet sur nos résultats.

 

Mais d'autres agriculteurs de ma région en souffriront. Un de mes amis exploite un vignoble et un chais. Il s'attend à ce que le brouillard retarde sa récolte, car ses raisins mettront plus de temps à mûrir. Cela signifie qu'ils seront plus sensibles au gel, qui peut ruiner une récolte. Un autre problème qui se pose est celui du goût : les raisins qui mûrissent dans le smog peuvent avoir un goût de fumée. Cela peut être bon pour la viande au barbecue, mais pas pour le vin. Les incendies précédents ont déjà causé ce problème dans le passé et on ne sait pas comment les raisins vont se développer jusqu'à la vendange.

 

Aucune solution ne permettra de résoudre entièrement le problème des incendies. Nous vivons dans une région qui y est sujette. C'était vrai lorsque seuls les Amérindiens vivaient ici et cela reste vrai aujourd'hui.

 

Pourtant, nous pouvons faire mieux. Une amélioration immédiate concerne la gestion des forêts. Si les organismes publics font un meilleur travail de nettoyage des arbres morts et d'aménagement de coupe-feux, ils empêcheront probablement les feux de forêt ordinaires de se transformer en infernos dévastateurs. Contrairement aux propositions visant à lutter contre le changement climatique, qui est un problème complexe et controversé, de meilleures politiques forestières peuvent améliorer notre qualité de vie presque immédiatement.

 

Pour les agriculteurs et tout le monde dans l'Ouest américain, cela nous aiderait tous à respirer un peu plus facilement.

 

______________

 

Mark Wagoner, agriculteur, État de Washington, USA

 

Mark Wagoner est un agriculteur familial de troisième génération dans le sud-est de l'État de Washington où il produit des semences de luzerne pour quatre grandes entreprises de semences. S'appuyant sur l'abeille alcaline, une abeille indigène qui niche au sol, et sur les mégachiles pour la pollinisation, Mark travaille avec la National Alfalfa and Forage Alliance et l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) pour s'assurer que des insecticides sûrs et efficaces soient disponibles pour être utilisés pendant le vol des abeilles. Mark est membre bénévole du conseil d'administration du Réseau Mondial d'Agriculteurs (Global Farmer Network) et de nombreux autres conseils s'occupant des questions relatives à l'eau et à l'utilisation des terres. Il travaille avec diligence à l'élaboration et à la mise en œuvre de stratégies de coexistence pour les productions conventionnelle, biologique et génétiquement améliorée de luzerne.

 

Source : https://globalfarmernetwork.org/2020/09/agriculture-demonstrates-resilience-through-the-flames/

 

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H
Sans combustible, pas d'incendie. Le meilleur moyen de les prévenir est de réduire les déchets végétaux au sol, branches, feuilles, friches. Les écologistes, comme en Australie, depuis une vingtaine ou une dizaine d'années selon les endroits, ont interdit les feux préventifs et contrôlés. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner des résultats. Qui plus est, pendant des années on y a planté des eucalyptus, cette arbre qui est un véritable bidon d'essence. A noter que lorsque les grands parcs US se créent à partir du siècle dernier, le comble est qu'on en vire les indiens, accusés de détruire l'environnement par justement des feux préventifs qui libéraient des pâturages pour les bisons (entre autres).
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I
Et surtout qu'on lutte contre les pratiques inconscientes des concouillons qui jettent leurs mégots de cigarette dans les forêts ou font des barbecues entre les arbres sans penser au risque incendie.
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