OGM : les enjeux socio-économiques et impacts environnementaux 1996-2018 : résumé exécutif et conclusions
Nous avons présenté « GM crops: global socio-economic and environmental impacts 1996-2018 » (OGM : les enjeux socio-économiques et impacts environnementaux 1996-2018) de Graham Brookes et Peter Barfoot (PG Economics Ltd, UK) dans un billet précédent.
Voici le résumé exécutif et les conclusions des auteurs sur une somme de plus de 200 pages, une mine d'informations sur des sujets variés allant des statistiques économiques (évidemment) à l'impact sur la séquestration de carbone. Les notes ont été intégrées dans le texte ci-dessous en tant que de besoin.
Attention : lecture ardue : ces gens sont peut-être de bons analystes et économistes (mais on n'est pas obligé de tout croire), mais question rédaction et clarté du style...
« Résumé et conclusions
Cette étude présente les résultats de la recherche sur l'impact socio-économique et environnemental global des plantes génétiquement modifiées (GM) au cours des vingt-trois années écoulées depuis leur première mise en culture commerciale sur une superficie importante. Elle se concentre sur les effets économiques au niveau de la ferme, les effets sur la production, l'impact environnemental résultant des changements dans l'utilisation des insecticides et des herbicides et la contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
La technologie GM a eu un impact positif significatif sur le revenu agricole résultant d'une combinaison de gains de productivité et d'une efficacité accrue (figure 1 et figure 2). En 2018, l'avantage direct global pour le revenu agricole tiré des cultures GM était de 18,95 milliards de dollars. Cela équivaut à avoir ajouté 5,8 % à la valeur de la production mondiale des quatre principales cultures que sont le soja, le maïs, le canola et le cotonnier. Depuis 1996, les revenus agricoles ont augmenté de 225 milliards de dollars.
Les gains les plus importants pour le revenu agricole ont été obtenus en 2018 dans le secteur du maïs, en grande partie grâce aux gains de rendement. Le revenu supplémentaire de 4,53 milliards de dollars généré par le maïs GM résistant à des insectes (GM IR) en 2018 équivaut à ajouter 6,2 % à la valeur de la culture dans les pays producteurs de plantes GM, ou à ajouter l'équivalent de 2,9 % à la valeur de 154 milliards de dollars de la récolte mondiale de maïs de 2018. Cumulativement depuis 1996, la technologie GM IR a ajouté 59,5 milliards de dollars aux revenus des producteurs mondiaux de maïs.
Des gains substantiels sont également apparus dans le secteur du coton grâce à une combinaison de rendements plus élevés et de coûts inférieurs. En 2018, les niveaux de revenu des exploitations cotonnières dans les pays ayant adopté les OGM ont augmenté de 4,57 milliards de dollars et depuis 1996, le secteur a bénéficié de 65,8 milliards de dollars supplémentaires. Les gains de revenus de 2018 équivalent à ajouter 13 % à la valeur de la récolte de coton dans ces pays, ou 11,2 % à la valeur de 36 milliards de dollars de la production mondiale de coton. Il s'agit d'une augmentation substantielle en termes de valeur ajoutée pour deux technologies de semences de coton.
Des augmentations importantes des revenus agricoles se sont également produites dans les secteurs du soja et du canola. La technologie GM de tolérance à des herbicides (HT) dans le soja a augmenté les revenus agricoles de 4,78 milliards de dollars en 2018 et, depuis 1996, a généré 64,2 milliards de dollars de revenus agricoles supplémentaires. La sixième année d’adoption du soja « Intacta » (combinant les caractères HT et IR) en Amérique du Sud a également fourni 2,72 milliards de dollars de revenus agricoles supplémentaires, et au cours des six années écoulées depuis 2013, 10,2 milliards de dollars de revenus agricoles supplémentaires. Dans le secteur du canola (principalement nord-américain), 7,1 milliards de dollars supplémentaires ont été générés (1996-2018).
Figure 1 : Avantages pour le revenu agricole mondial tiré des cultures GM 2018 : total de référence 18,95 milliards de dollars
Figure 2 : Avantages cumulatifs pour le revenu agricole mondial tiré des cultures GM 1996-2018 : total de référence 225 milliards de dollars
Les figures 3 et 4 résument les impacts sur le revenu agricole dans les principaux pays ayant adopté des cultures GM. Elles mettent en évidence les avantages importants en termes de revenu agricole découlant du soja GM HT en Amérique du Sud (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), du cotonnier GM IR en Chine et en Inde et de l'adoption de cultures GM aux États-Unis. La figure 4, en particulier (la part croissante des « autres pays »), illustre également le niveau croissant des avantages obtenus du point de vue du revenu agricole dans les pays qui ont par la suite adopté la technologie des cultures GM, comme le Pakistan, les Philippines et la Colombie.
Figure 3 : Avantages cumulatifs mondiaux pour le revenu agricole des cultures GM 1996-2018 par pays : total de référence 225 milliards de dollars
Figure 4: Avantages pour le revenu agricole mondial des cultures GM 2018 par pays : total de référence 18,95 milliards de dollars
En termes de répartition des bénéfices économiques obtenus par les agriculteurs des pays en développement par rapport aux agriculteurs des pays développés, en 2018, 53,8 % des bénéfices en termes de revenu agricole ont été obtenus par les agriculteurs des pays en développement. La grande majorité de ces gains de revenus pour les agriculteurs des pays en développement provient du cotonnier GM IR et du soja GM HT [Les auteurs reconnaissent que la classification des différents pays en statut de pays en développement ou développé affecte la répartition des bénéfices entre ces deux catégories de pays. La définition utilisée dans cet article est conforme à la définition utilisée par James (2014).] Sur les vingt-trois années, 1996-2018, le gain de revenu agricole cumulé obtenu par les agriculteurs des pays en développement était de 52 % (117,1 milliards de dollars).
En examinant le coût que les agriculteurs paient pour accéder à la technologie GM, le coût total en 2018 était égal à 27 % du total des gains technologiques (y compris les gains de revenu agricole plus le coût de la technologie payable à la chaîne d'approvisionnement des semences) [Le coût de la technologie revient à la chaîne d'approvisionnement en semences, y compris les vendeurs de semences aux agriculteurs, les multiplicateurs de semences, les sélectionneurs de plantes, distributeurs et fournisseurs de technologie GM]. En termes d'investissements, cela signifie que pour chaque dollar supplémentaire investi dans les semences de plantes GM (par rapport aux coûts des semences conventionnelles), les agriculteurs ont gagné en moyenne 3,75 dollars de revenu supplémentaire. Dans les pays en développement, le rendement moyen était de 4,41 dollars pour chaque dollar supplémentaire investi dans les semences de plantes GM et dans les pays développés, le rendement moyen était de 3,24 dollars (figure 5).
Pour les agriculteurs des pays en développement, le coût total était égal à 23 % du total des gains technologiques, tandis que pour les agriculteurs des pays développés, le coût était de 31 % du total des gains technologiques. Bien que les circonstances varient d'un pays à l'autre, la part plus élevée des gains technologiques totaux attribuables aux gains de revenus agricoles dans les pays en développement, par rapport à la part des revenus agricoles dans les pays développés, reflète des facteurs tels que la faiblesse de la fourniture et de l'application des droits de propriété intellectuelle dans les pays en développement et le niveau moyen plus élevé de gain de revenu agricole par hectare obtenu par les agriculteurs des pays en développement par rapport aux agriculteurs des pays développés.
Figure 5 : Retour sur investissement moyen par $ supplémentaire dépensé en semences GM en 2018 ($/ha)
Soixante-douze pour cent du gain de revenu total au cours de la période de 23 ans provient de rendements plus élevés et des gains obtenus du soja de deuxième récolte, 28 % de coûts inférieurs (principalement des coûts inférieurs de la lutte contre les ravageurs et les mauvaises herbes). En ce qui concerne les deux principaux types de caractères, la résistance à des insectes et la tolérance à des herbicides ont représenté respectivement 56,9 % et 42,9 % du gain de revenu total (les autres caractères représentaient le solde de 0,2 %). L'équilibre du gain de revenu résultant des gains de rendement/production par rapport aux économies de coûts évolue à mesure que les cultures GM de deuxième génération sont de plus en plus adoptées. Ainsi, en 2018, la répartition du gain de revenu total provenait à 88 % de gains de rendement/production et à 12 % d'économies de coûts.
Sur la base des impacts sur le rendement utilisés dans le calcul des avantages directs pour le revenu agricole ci-dessus et en tenant compte de la facilitation d'une culture dérobée de soja en Amérique du Sud, les cultures GM ont ajouté des volumes importants à la production mondiale de maïs, de coton, de canola et de soja depuis 1996 (tableau 1).
Les caractères GM IR, utilisés dans le maïs et le cotonnier, ont représenté 92,2 % de la production supplémentaire de maïs et 98,5 % de la production supplémentaire de coton. Des effets positifs de l'utilisation de cette technologie sur le rendement se sont produits dans tous les pays utilisateurs, à l'exception du cotonnier GM IR en Australie où les niveaux de lutte antiparasitaire contre Heliothis sp. (parasites de la capsule et du bourgeon) précédemment obtenus avec l'utilisation intensive d'insecticides étaient très bons. Le principal avantage et la raison de l'adoption de cette technologie en Australie découlent d'économies de coûts significatives et des gains environnementaux associés à une utilisation réduite d'insecticides, par rapport aux rendements moyens dérivés de cultures utilisant une technologie conventionnelle (comme l'application d'insecticides et les traitements de semences). L'impact moyen sur le rendement sur la superficie totale plantée avec ces caractères au cours des 23 années écoulées depuis 1996 a été de + 16,5 % pour le maïs et de + 13,7 % pour le coton.
Comme indiqué précédemment, le principal impact de la technologie GM HT a été de fournir un contrôle des mauvaises herbes plus rentable (moins coûteux) et plus facile, par opposition à l'amélioration des rendements ; le contrôle amélioré des mauvaises herbes a néanmoins donné des rendements plus élevés dans certains pays. La principale source de production supplémentaire à partir de cette technologie a été la facilitation des systèmes de production sans travail du sol, le raccourcissement du cycle de production et la façon dont elle a permis à de nombreux agriculteurs d'Amérique du Sud de semer du soja immédiatement après une récolte de blé au cours de la même campagne. Cette deuxième récolte, qui s'ajoute à la production traditionnelle de soja, a ajouté 202,3 millions de tonnes à la production de soja en Argentine et au Paraguay entre 1996 et 2018 (représentant 81 % de la production totale de soja supplémentaire liée au GM HT). Le soja Intacta a ajouté 27,3 millions de tonnes supplémentaires depuis 2013.
Tableau 1. Production végétale supplémentaire résultant des effets positifs sur le rendement des cultures GM
Pour examiner cet impact, l'étude a analysé l'utilisation des ingrédients actifs et a utilisé l'indicateur connu sous le nom de quotient d'impact environnemental (EIQ) pour évaluer l'impact plus large sur l'environnement (plus l'impact sur la santé animale et humaine). L'EIQ distille les divers impacts environnementaux et sanitaires des différents pesticides dans différents systèmes de production génétiquement modifiés et conventionnels en une seule «valeur au champ par hectare» et s'appuie sur des données clés de toxicité et d'exposition environnementale liées à des produits individuels. Il fournit donc une meilleure mesure pour comparer l'impact de divers pesticides sur l'environnement et sur la santé humaine que le poids de l'ingrédient actif seul. Les lecteurs doivent cependant noter que l'EIQ n'est qu'un indicateur (principalement de toxicité) et ne prend pas en compte tous les problèmes et impacts environnementaux. Dans l'analyse de la production GM HT, nous avons supposé que l'alternative conventionnelle offre le même niveau de contrôle des mauvaises herbes que le système de production GM HT.
Les caractères GM ont contribué à une réduction significative de l'impact environnemental associé à l'utilisation d'insecticides et d'herbicides sur les superficies consacrées aux cultures GM (figure 6 et figure 7). Depuis 1996, l'utilisation de pesticides sur les superficies dévolues aux cultures GM a été réduite de 776 millions de kg d'ingrédients actifs (une réduction de 8,6 %), et l'impact environnemental associé à l'utilisation d'herbicides et d'insecticides sur ces cultures, mesuré par l'indicateur EIQ, a diminué de 19 %.
En termes absolus, le gain environnemental le plus important a été associé à l'adoption de la technologie GM de résistance à des insectes (IR). Le cotonnier GM IR a contribué à une réduction de 43 % du volume total d'ingrédients actifs utilisé sur les cultures GM (- 331 millions de kg d'ingrédients actifs, ce qui équivaut à une réduction de 32,2 % de l'utilisation d'insecticides sur la sole de cotonnier GM IR) et à une réduction de 34,2 % de l'indicateur EIQ au champ total associé à l'utilisation des cultures GM (1996-2018) en raison de la réduction significative de l'utilisation d'insecticides que la technologie a facilitée, sur ce qui a traditionnellement été un utilisateur intensif d'insecticides. De même, l'utilisation de la technologie GM IR dans le maïs a conduit à des réductions importantes de l'utilisation d'insecticides (112,4 millions de kg d'ingrédients actifs : - 59 %), avec des avantages environnementaux associés (charge EIQ - 63 %).
Le volume d'herbicides utilisés dans les cultures de maïs GM a également diminué de 242,4 millions de kg (1996-2018), soit une réduction de 7,3 %, tandis que l'impact environnemental global associé à l'utilisation d'herbicides sur ces cultures a diminué de 12,1 %, nettement plus. Cela met en évidence le passage des herbicides utilisés avec la plupart des cultures GM tolérantes aux herbicides (HT) à des ingrédients actifs avec un profil plus respectueux de l'environnement que ceux généralement utilisés sur les cultures conventionnelles.
Des gains environnementaux importants ont également été réalisés dans les secteurs du soja et du canola. Dans le secteur du soja, alors que l'utilisation d'herbicides a augmenté de 5 millions de kg (+ 0,1 % : 1996-2018), l'impact environnemental associé sur cette superficie cultivée a diminué (a été amélioré) de 12,9 %, en raison du passage à des herbicides meilleurs pour l'environnement. Dans le secteur du canola, les agriculteurs ont réduit l'utilisation d'herbicides de 39,7 millions de kg (une réduction de 21,9 %) et l'impact environnemental associé de l'utilisation d'herbicides sur cette sole a diminué de 31,6 % (en raison du passage à des herbicides meilleurs pour l'environnement).
En termes de répartition des bénéfices environnementaux associés à une moindre utilisation d'insecticides et d'herbicides pour les agriculteurs des pays développés par rapport aux agriculteurs des pays en développement, la répartition des bénéfices environnementaux (1996-2018) a été respectivement dans les pays développés (48 %) et les pays en développement (52 %). Soixante et un pour cent des gains environnementaux dans les pays en développement proviennent de l'utilisation du cotonnier GM.
Figure 6 : Changements dans l'utilisation d'herbicides et d'insecticides avec l'utilisation de cultures GM 2018 (changement en % dans l'utilisation d'ingrédients actifs et de la charge EIQ : réduction de référence de l'utilisation d'ingrédients actifs 51,7 millions kg)
Figure 7 : Changements cumulatifs dans l'utilisation d'herbicides et d'insecticides avec l'utilisation de cultures GM 1996-2018 (changement en % dans l'utilisation d'ingrédients actifs et de la charge EIQ : réduction de base de l'utilisation d'ingrédients actifs 776 millions de kg)
Il convient toutefois de noter que dans certaines régions où les plantes GM HT ont été largement cultivées, certains agriculteurs se sont trop appuyés sur l'utilisation du glyphosate pour gérer les mauvaises herbes dans les cultures GM HT et cela a contribué au développement de la résistance des mauvaises herbes. Il y a actuellement 41 mauvaises herbes reconnues comme présentant une résistance au glyphosate dans le monde, dont plusieurs ne sont pas associées à des cultures tolérantes au glyphosate (www.weedscience.org). Par exemple, il y a actuellement 17 mauvaises herbes reconnues aux États-Unis comme présentant une résistance au glyphosate, dont deux ne sont pas associées aux cultures tolérantes au glyphosate. Aux États-Unis, la zone touchée se situe actuellement dans une fourchette de 50 % à 75 % de la superficie totale consacrée annuellement au maïs, au cotonnier, au canola, au soja et à la betterave à sucre (les cultures dans lesquelles la technologie GM HT est utilisée).
Lorsque les agriculteurs sont confrontés à l'existence de mauvaises herbes résistantes au glyphosate dans les cultures GM HT, il leur est conseillé d'inclure d'autres herbicides (avec des modes d'action différents et complémentaires) en combinaison avec le glyphosate et, dans certains cas, d'adopter des pratiques culturales telles que le labour dans leurs systèmes intégrés de gestion des mauvaises herbes. Ce changement d'orientation de la gestion des mauvaises herbes reflète également le programme plus large de développement de stratégies mises en œuvre dans toutes les formes de systèmes de culture pour minimiser et ralentir le potentiel de développement de résistances des mauvaises herbes aux méthodes de lutte existantes. De plus, des cultures GM HT tolérantes à d'autres herbicides (des tolérances souvent empilées avec celle du glyphosate) sont également devenues disponibles à partir de 2016 dans certains pays (notamment au dicamba et au 2,4-D aux États-Unis). Au niveau macro, ces changements ont influencé l'assortiment, la quantité totale, le coût et le profil global des herbicides appliqués aux cultures GM HT au cours des 15 dernières années et cela se reflète dans les données présentées dans cet article.
La capacité des cultures GM de contribuer à réduire les niveaux d'émissions de GES provient de deux sources principales :
-
La réduction de la consommation de carburant due à des applications moins fréquentes d'herbicides ou d'insecticides et une réduction de la consommation d'énergie pour le travail du sol. Les économies de carburant associées à la réduction des passages de pulvérisation (par rapport aux cultures conventionnelles) et le passage à la conservation des sols, à des itinéraires techniques réduits et sans labour, ont entraîné des économies permanentes d'émissions de dioxyde de carbone. En 2018, cela représentait environ 2.456 millions de kg (résultant d'une réduction de la consommation de carburant de 920 millions de litres). Sur la période allant de 1996 à 2018, la réduction permanente cumulée de la consommation de carburant est estimée à 34.171 millions de kg de dioxyde de carbone (résultant d'une réduction de la consommation de carburant de 12.799 millions de litres) ; et
-
La séquestration de carbone dans le sol résultant de l’adoption plus large des systèmes agricoles « sans labour » (SL) et « à travail réduit » (TR). Ces systèmes de production ont considérablement augmenté avec l'adoption des cultures GM HT car la technologie GM HT a amélioré la capacité des agriculteurs à contrôler les mauvaises herbes concurrentes, réduisant ainsi le besoin de compter sur le travail du sol et la préparation du lit de semence comme moyens d'obtenir de bons niveaux de contrôle des mauvaises herbes. En conséquence, la consommation de carburant du tracteur pour le travail du sol est réduite, la qualité du sol est améliorée et les niveaux d'érosion du sol sont réduits. À son tour, plus de carbone reste dans le sol, ce qui entraîne une réduction des émissions de GES. Sur la base des économies résultant de l'adoption rapide des systèmes de travail du sol SL/TR en Amérique du Nord et du Sud, 5,608 millions de kg supplémentaires de carbone du sol auraient été séquestrés en 2018 (équivalent à 20.581 millions de kg de dioxyde de carbone qui n'a pas été rejetés dans l’atmosphère).
[L'agriculture sans labour (SL) signifie que le sol est à peine perturbé lors du semis (non labouré), tandis que le travail réduit du sol (TR) signifie que le sol est moins perturbé qu'il ne le serait avec les systèmes de travail du sol traditionnels. Par exemple, dans un système agricole SL, les graines de soja sont semées à travers la matière organique qui reste d'une culture précédente comme le maïs, le cotonnier ou le blé. Les définitions complètes sont données dans la section 4.2.2.]
Cumulativement, la quantité de carbone séquestrée est susceptible d'être plus élevée en raison des avantages cumulés d'une année sur l'autre pour la qualité du sol ; cependant, il est tout aussi probable que les gains cumulatifs totaux de séquestration du sol ne soient pas la somme de l'économie estimée de chaque année car seule une partie de la superficie cultivée sera restée en SL et TR permanents. Il n'est pas possible d'estimer avec certitude les gains cumulatifs de séquestration du sol qui prennent en compte les retours au travail du sol conventionnel (TSC) en raison d'un manque de données. Par conséquent, notre estimation de 302.364 millions de kg de dioxyde de carbone non rejetés dans l'atmosphère pour la période cumulative 1996-2018 doit être traitée avec prudence.
En plaçant ces bénéfices quant à la séquestration de carbone dans le contexte des émissions de carbone des voitures, le tableau 2 montre que :
-
En 2018, les économies permanentes de dioxyde de carbone résultant d'une consommation réduite de carburant équivalaient à retirer 1,6 million de voitures de la circulation ;
-
Les gains supplémentaires probables de séquestration du carbone dans le sol en 2018 équivalaient au retrait de 13,6 millions de voitures de la circulation ;
-
Au total, en 2018, les économies combinées d'émissions de dioxyde de carbone liées aux cultures GM résultant de la réduction de la consommation de carburant et de la séquestration supplémentaire de carbone dans le sol étaient égales au retrait de la circulation de 15,3 millions de voitures, soit 48,5 % de toutes les voitures immatriculées au Royaume-Uni ; et
-
Il n'est pas possible d'estimer avec certitude les gains probables de séquestration du carbone dans le sol depuis 1996. Si la totalité des cultures GM HT en SL ou TR au cours des vingt-trois dernières années était restée en SL/TR permanent, cela aurait abouti à une économie de dioxyde de carbone de 302.364 millions de kg, ce qui équivaut à retirer 200,3 millions de voitures de la circulation. Cependant, il s'agit d'une possibilité maximale et les niveaux réels de réduction du dioxyde de carbone seront probablement inférieurs.
Tableau 2: Contextualisation de l'impact de la séquestration du carbone 2018 : équivalents automobiles
Notes :
1. Hypothèse : dans toutes les éditions précédentes de ce rapport, les auteurs ont supposé qu'au Royaume-Uni, une voiture familiale moyenne produit 150 grammes de dioxyde de carbone par km, roule sur une distance de 15.000 km/an et produit donc 2.250 kg de dioxyde de carbone/an. Avec l'introduction de véhicules à faible émission de dioxyde de carbone et une tendance à moins rouler, les auteurs ont utilisé les données 2018 suivantes pour les voitures à essence: 123,4 grammes de dioxyde de carbone par km (https://www.eea.europa.eu/highlights/average-co2-emissions-from-new) ; et 12.231 km/an (https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/823068/national-travel-survey-2018.pdf, page 15) soit 1.509,3 kg de dioxyde de carbone/an.
2. Soja IR = économies grâce à une utilisation réduite d'insecticides. Toutes les autres économies associées à la pile HT dans le soja « Intacta » inclus sous soja HT.