Mme Agnès Ricroch dans le Point : « En France, un chercheur peut ne pas être promu s'il travaille sur des sujets incorrects »
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M. Sébastien Le Fol, du Point, a recueilli les propos de Mme Agnès Ricroch, maîtresse de conférences en génétique à AgroParisTech et à l'université Paris-Saclay, adjunct professor à Penn State University (États-Unis) et membre de l'Académie d'Agriculture de France (présidente de la Section Sciences de la Vie), à la suite de l'annonce du Prix Nobel de chimie attribué à Mmes Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna.
Cela a donné « En France, un chercheur peut ne pas être promu s'il travaille sur des sujets incorrects » (c'est une citation de ses propos).
Ce texte est malheureusement, pour les non-abonnés, derrière un péage. Mme Agnès Ricroch – un spécimen rare de la recherche en activité se prononçant favorablement sur la recherche génétique des dernières générations – « pointe les deux boulets français : bureaucratie et écologisme ».
Extrait :
« On dénonce souvent le manque d'argent dans la recherche. Est-ce la seule raison de cette fuite des cerveaux ?
En effet, ce n'est pas la seule raison, il y a aussi le choix des sujets porteurs : le génie génétique, notamment la transgenèse produisant des OGM au sens européen du terme, est très mal perçu en France. Un chercheur peut ne pas obtenir de promotion s'il travaille sur ces sujets devenus politiquement incorrects, et subir des pressions de sa hiérarchie pour ne pas s'exprimer dans les médias. Si une start-up veut développer une innovation et que celle-ci fait appel à la transgenèse, elle ne le fera pas, car le mentionner lui fera fermer toutes les portes pour lever des fonds ou gagner des prix. Ces recherches dans les laboratoires publics sont peu financées en France, et encore moins les applications. Il n'y a aucun essai au champ pour les plantes transgéniques, même si elles ont des buts "écologiques" comme utiliser moins d'eau ou si leur culture implique moins d'émissions de gaz à effet de serre, ou si elles sont enrichies en vitamines… »
Et aussi :
« Est-ce si dramatique que nos chercheurs aillent "chercher" ailleurs ?
Ce qui est normal en science est qu'il y ait des flux de chercheurs dans les deux sens, mais ce qui est dramatique est que notre pays n'est pas assez attractif avec une bureaucratie trop lente, une liberté d'expérimenter trop soumise à un agenda politique et à des idées dominantes relevant d'idéologie et des salaires trop bas.
Ce qui est aussi dramatique est que c'est le pays hôte qui récolte les fruits. L'éducation en France est gratuite pour les élèves et les étudiants grâce à nos impôts. Quand ces chercheurs formés en France s'en vont chercher ailleurs, leurs succès (brevets, prix…) reviennent au pays hôte qui n'a pas déboursé un dollar ou un euro dans leur éducation. »
On pourra aussi lire, de la même auteure, « Agnès Ricroch : les applications de la découverte d’Emmanuelle Charpentier, ne sont toujours pas autorisées en France » sur European Scientist.
On pourra aussi lire, sur la misère de la recherche française, « EDITO - Non, le prix Nobel de chimie d'Emmanuelle Charpentier n'est pas une bonne nouvelle pour la France », de M. Nicolas Beytout sur Europe 1.
En intertitre :
« "La France vénère un tombeau [celui de Pierre et Marie Curie au Panthéon] tout en ayant peur de l’avenir" »
Mouais... ce serait intéressant de faire un sondage pour voir qui connaît les Curie...
Il ne faudrait pas beaucoup, à notre sens, pour corriger la deuxième partie du propos : donner la parole à des Agnès Ricroch et retirer le micro aux prêcheurs d'apocalypse qui entretiennent la vague de peurs – souvent avec des discours ineptes – et surfent sur elle pour leur profit et celui de leurs « comités de patronage ».