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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Les femmes se lancent dans l'agriculture au Zimbabwe avec optimisme

8 Octobre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Afrique

Les femmes se lancent dans l'agriculture au Zimbabwe avec optimisme

 

Ruramiso Mashumba*

 

 

 

 

Dans cet article du 13 septembre 2017, reposté par le Réseau Mondial d'Agriculteurs (Global Farmer Network), Ruramiso Mashumba, du Zimbabwe, raconte comment elle est devenue agricultrice.

 

 

Lorsque j'ai décidé de devenir agricultrice au Zimbabwe, les gens ont considéré que c'était une décision inhabituelle.

 

Les hommes dominaient l'agriculture en Afrique, surtout les hommes âgés – et me voilà, jeune femme qui commençait à peine, demandant des financements aux banquiers.

 

Ils me considéraient comme un risque. Mon premier prêt a donc fini par être accordé par ma famille.

 

Ce n'était pas beaucoup, mais c'était suffisant pour démarrer. Maintenant, ça va bien – et mon objectif n'est pas seulement la réussite personnelle dans ma ferme, mais aussi la transformation de l'agriculture africaine par l'autonomisation des femmes et l'accès au financement et à la technologie.

 

Ma ferme se trouve à Marondera, une ville rurale de l'est du Zimbabwe. Nous avons déjà beaucoup de ce dont nous avons besoin : un sol de qualité, beaucoup de soleil et la volonté de travailler dur.

 

Sur 400 hectares de terres arables, nous cultivons une variété de plantes, telles que le maïs, le haricot, le riz, le millet et le sorgho, ainsi que des gommiers en partenariat avec une association de reboisement durable. Nos moyens de subsistance dépendent en partie du commerce mondial, puisque nous avons exporté des pois mange-tout au Royaume-Uni. Nous espérons nous développer bientôt, en cultivant des légumes pour des clients aux Pays-Bas.

 

Certaines personnes semblent penser que lorsque les femmes pratiquent l'agriculture, elles n'ont pas d'autre ambition que la subsistance et que notre agriculture est strictement à petite échelle. En d'autres termes, pour nous, l'agriculture est plus proche d'un passe-temps que nous pratiquons pendant notre temps libre que d'une entreprise qui mérite un investissement.

 

J'essaie de changer cela en montrant aux femmes tout ce qu'elles peuvent accomplir si elles se regroupent et créent des plans d'entreprise. Elles doivent tenir des registres. Elles doivent suivre les profits et les pertes. Elles doivent montrer qu'elles peuvent répondre aux normes de contrôle de qualité de l'Union Européenne afin de pouvoir exporter leurs produits.

 

Ce n'est qu'alors qu'elles obtiendront un financement à long terme.

 

Le tracteur a amélioré la productivité de Ruramiso au Zimbabwe.

 

Bien entendu, l'argent du financement n'est qu'un moyen pour parvenir à une fin. Ce dont nous avons réellement besoin, c'est de technologie. C'est à cela que nous voulons consacrer l'argent.

 

La technologie multiplie l'effet de notre travail, nous rendant plus efficaces et plus productives lorsque nous travaillons la terre. Elle nous permet de développer nos activités lorsque nous passons de la petite agriculture à l'agriculture commerciale.

 

J'ai vu la différence que la technologie a faite dans ma propre ferme. Lorsque j'ai fait l'acquisition d'un tracteur de 80 chevaux, notre capacité à produire a été transformée. L'ajout d'installations de stockage et de réfrigération nous a permis de réduire les pertes post-récolte qui mettent en péril la sécurité alimentaire de l'Afrique.

 

Je suis optimiste quant à l'avenir de l'agriculture africaine. Nous avons longtemps été en retard par rapport au reste du monde. Au Zimbabwe, nos rendements nationaux ont baissé pendant trois années consécutives. D'autres pays d'Afrique subsaharienne ont connu des problèmes similaires.

 

Nous avons beaucoup de rattrapage à faire.

 

Certaines personnes peuvent considérer cela comme un défi insurmontable. Je vois quelque chose de différent : une occasion remarquable de tirer davantage de la terre. En transformant nos petites exploitations agricoles en entreprises commerciales, nous avons la possibilité de nous développer et de nous agrandir et de faire beaucoup mieux.

 

Ruramiso dans un événement parallèle, lors de la remise du Prix Mondial de l'Alimentation 2016, avec son collègue PPS Pangli (Inde), membre du Réseau Mondial d'Agriculteurs, et la modératrice Julie Borlaug.

 

Les femmes sont essentielles à ce projet. Au Zimbabwe aujourd'hui, sept agriculteurs sur dix sont des femmes dans une petite exploitation agricole.

 

Nous commencerons par les bases de la finance et de la mécanisation. Ensuite, nous passerons à d'autres technologies, telles que des installations de stockage avancées qui permettront de lutter contre les pertes.

 

Nous sommes également prêtes à adopter la modification génétique. Elle a révolutionné l'agriculture partout où elle a été expérimentée, y compris de l'autre côté de notre frontière sud, en Afrique du Sud.

 

Nous n'avons pas encore essayé les OGM au Zimbabwe, car notre pays ne les autorise pas actuellement. Cependant, l'opposition à cette technologie sûre et éprouvée ne durera pas éternellement, car les avantages sont si évidents. Un maïs GM qui résiste à des ravageurs comme le foreur des tiges est essentiel pour notre avenir, tout comme la résistance à la sécheresse et les rendements plus élevés.

 

Lorsque je ne travaille pas sur l'exploitation, j'essaie de diffuser ce message d'espoir et d'aspiration, en pensant que d'autres jeunes femmes répondront à l'appel à considérer l'agriculture comme une activité qui mérite d'être financée et à traiter la technologie comme un ami qui peut permettre la croissance.

 

Un jour, l'idée d'une femme entreprenante et prospère dans l'agriculture ne semblera plus si étrange. Nous serons des femmes ordinaires.

 

_______________

 

Ruramiso Mashumba, agricultrice, Zimbabwe

 

Ruramiso Mashumba est une jeune agricultrice qui cultive des pois mange-tout, du maïs, du riz brun entier, du sorgho, du millet, des gommiers et élève des porcs à Marondera, au Zimbabwe. Elle est titulaire d'une licence en gestion d'entreprise agricole de l'Université de West England. Ruramiso est la fondatrice de Mnandi Africa, une organisation qui aide les femmes rurales à lutter contre la pauvreté et la malnutrition en leur donnant les moyens d'agir et en les dotant de compétences et de connaissances dans les domaines de l'agriculture, de la nutrition, des marchés et de la technologie ; en les aidant à accéder à l'agrotechnologie grâce à un programme de partage des intrants ; et en achetant et en vendant collectivement des biens et des services. La vision de Mnandi est de mettre fin à la faim et à la pauvreté.

 

En 2017, Ruramiso a été nommée « Echoing Green Fellow » et est la vice-présidente des jeunes ambassadeurs de la Confédération des Syndicats Agricoles d'Afrique Australe pour la région. En 2018, Ruramiso a remporté l'emblématique prix africain de l'agriculture et de l'élevage. Elle a également remporté le prix des 10 meilleurs jeunes de la JCI en 2019. En 2020, Ruramiso a été nommée parmi les 1.000 meilleurs entrepreneurs du Zimbabwe et a également été reconnue comme l'une des 54 meilleures femmes d'Afrique.

 

Source : https://globalfarmernetwork.org/2020/10/women-embracing-agriculture-zimbabwe-optimism/

 

 

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