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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le Burkina Faso renouvelle son engagement en faveur des cultures génétiquement modifiées avec le niébé Bt

12 Octobre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #Afrique

Le Burkina Faso renouvelle son engagement en faveur des cultures génétiquement modifiées avec le niébé Bt

 

Joseph Opoku Gakpo*

 

 

Niébé sauvage et cultivé. Ton Rulkens/Wikipedia

 

 

Ma note : Je serais plutôt comme St Thomas... mais il est bon qu'on en parle.

 

 

Les scientifiques et les agriculteurs du Burkina Faso affirment que leur pays n'a pas abandonné la biotechnologie des cultures, malgré les difficultés qui l'ont poussé à mettre fin au cotonnier génétiquement modifié (GM) en 2016.

 

Des plans sont actuellement en cours pour introduire le niébé génétiquement modifié, qui utilise la même technologie Bt de résistance à des ravageurs que le cotonnier, afin de réduire l'utilisation de pesticides sur cette importante culture de base à haute teneur en protéines.

 

Le Dr Edgar Traoré, coordinateur du Forum Ouvert sur les Biotechnologies Agricoles au Burkina Faso, a déclaré que les processus de développement du niébé génétiquement modifié pouvant résister au foreur des gousses [Maruca vitrata] sont en cours depuis environ une demi-décennie maintenant et qu'ils seront bientôt menés à bien.

 

« Le produit est très prêt au Burkina », a déclaré M. Traoré lors d'une interview à l'Alliance pour la Science. « Vous savez, depuis plus de cinq ans maintenant, nous menons des essais en champ confinés pour évaluer l'efficacité du produit. Et maintenant, je pense [...] que nous sommes prêts à procéder à des essais en plein champ. »

 

Selon M. Traoré, les scientifiques ont transféré le gène Bt, qui assure la résistance au foreur des gousses, dans des variétés locales de niébé que les agriculteurs préfèrent parce qu'elles peuvent résister à la striga [ou herbe des sorcières, une plante parasite] et qu'elles ont la taille et la couleur de graines souhaitées.

 

Le Bt (Bacillus thuringiensis) est une bactérie naturelle qui a la capacité de contrôler une série de parasites, y compris le foreur des gousses, et est largement utilisé en agriculture biologique. Un gène de cette bactérie a été introduit dans le maïs, le cotonnier, le niébé et d'autres plantes pour leur conférer une résistance inhérente à des parasites. Les cultures Bt sont populaires en Afrique du Sud, aux États-Unis, en Amérique du Sud et dans d'autres pays, avec un taux de sécurité de 100 %.

 

 

En 2008, le Burkina Faso est devenu le premier pays d'Afrique de l'Ouest à commercialiser le cotonnier Bt, qui offre une résistance inhérente au ver de la capsule, un ravageur destructeur. Les agriculteurs ont pu réduire considérablement leur utilisation de pesticides, passant de 15 traitements dans leurs champs de cotonniers conventionnels chaque saison à seulement deux traitements pour le cotonnier Bt.

 

Le cotonnier Bt est devenu extrêmement populaire et, en 2014, plus de 70 % de tout le coton produit au Burkina Faso était génétiquement modifié. Mais les sociétés cotonnières ont exprimé leur inquiétude quant à la longueur de la fibre de cette nouvelle variété, trop courte, et elles ont eu du mal à obtenir des prix élevés sur le marché international. Le gouvernement a suspendu sa production en 2016.

 

Bien que les appels des agriculteurs pour un retour du cotonnier Bt soient restés lettre morte, les scientifiques affirment que le Burkina Faso ne se détourne pas complètement de cette technologie. Ils affirment que l'introduction du niébé Bt va raviver la confiance du public dans la technologie des OGM. La culture du niébé Bt a déjà été approuvée au Nigeria.

 

M. Traoré, qui dirige également le Programme d'Amélioration de la Productivité Agricole des Petits Exploitants au Burkina Faso, a déclaré que « tous les agriculteurs du Burkina ont besoin de ce produit, en particulier parce que la culture du niébé est si importante dans notre pays ».

 

Le niébé est une légumineuse à haute teneur en protéines qui est un aliment de base pour environ 200 millions de personnes en Afrique de l'Ouest. Comme il est précoce, la majorité des habitants du Burkina Faso en font leur principale source de protéines. On estime que les ravageurs, dont le foreur des gousses Maruca, produisent des pertes de rendements allant jusqu'à 80 %.

 

« Le Maruca est en train de devenir un ravageur important dans plusieurs zones de culture du niébé au Burkina, et les agriculteurs n'ont pas d'autre choix que de traiter », a fait observer M. Traoré, notant que les agriculteurs n'utilisent souvent pas les pesticides recommandés pour lutter contre ce ravageur et qu'ils peuvent les utiliser de manière inappropriée.

 

« C'est très dangereux », a-t-il déclaré. « Donc, si nous pouvons fournir aux agriculteurs un produit qui ne dépendra pas nécessairement des traitements, très bien. C'est pourquoi il est important pour la recherche de trouver cette solution biotechnologique pour eux ; ils utiliseront alors beaucoup moins de pesticides car il s'agit d'une culture vivrière. Utiliser moins de pesticides dans la culture du niébé Bt sera également une bonne solution pour notre environnement. »

 

Wiledio Naboho, un agriculteur du Burkina Faso, a déclaré que les agriculteurs ont un besoin urgent du niébé Bt pour réduire l'utilisation des pesticides.

 

« Pour nous agriculteurs, le niébé Bt contribuera à réduire l'utilisation des pesticides et à augmenter nos revenus car la variété que nous utilisons actuellement est toujours détruite par le foreur des gousses, qui est à l'origine de 80 % de nos pertes de rendement », a-t-il déclaré. « Les chercheurs de notre pays vont de l'avant pour faire introduire le niébé Bt. Nous, les agriculteurs, attendons. »

 

Naboho a ajouté : « Nous avons besoin d'autres cultures GM comme le maïs Bt et le maïs TELA [résistant à la sécheresse et à des parasites]. Et du riz doré [enrichi en vitamine A], nous en avons également entendu parler. Il sera utile pour nos agriculteurs au Burkina Faso. »

 

Le Dr Hamadou Sibide, sélectionneur de plantes et coordinateur du programme protéines à l'Institut de l'Environnement et de la Recherche Agronomique (INERA), a déclaré que les variétés améliorées de niébé, y compris le niébé Bt, sont importantes pour assurer une bonne santé et de meilleurs revenus aux agriculteurs.

 

« [L]e flux commercial du niébé est une source de devises et de création d'emplois », a-t-il déclaré au FasoPiC dans un entretien. « En matière de production du niébé, le Burkina vient en troisième position après le Nigéria et le Niger. Il faut noter qu’une semence de bonne de qualité contribue à 40% au rendement. […] [L]es variétés [améliorées] du niébé peuvent contribuer à lutter contre l’insécurité alimentaire au Burkina Faso. »

 

Sibide encourage le public à soutenir les variétés de niébé génétiquement modifiées. « La mise au point d’une variété pouvait prendre sept à huit ans avec la sélection conventionnelle. Mais avec les outils de la biotechnologie, le temps de mise au point est au maximum de quatre ans pour ce qui est du niébé », a-t-il expliqué. « Donc le temps de sélection est réduit ainsi que le volume du travail et c’est le consommateur burkinabè qui gagne. […] Compte tenu de la rareté des pluies, de leur mauvaise répartition et des contraintes de production du niébé, les variétés améliorées constituent une solution à ces différentes contraintes. »

 

Les régulateurs surveillent de près les scientifiques qui développent les variétés pour s'assurer qu'elles sont sûres, a déclaré M. Sibide. « Actuellement, le travail de l’Agence Nationale de Biosécurité est beaucoup plus focalisé sur les Organisme Génétiquement Modifiés. […] [E]lle a un œil sur ce que le chercheur fait en matière d’expérimentation sur les Organismes Génétiquement Modifiés de telle sorte qu’au sortir du produit le consommateur ne doute pas de la qualité du produit. », a-t-il déclaré.

 

« Je ne doute pas de la capacité de notre recherche et de nos chercheurs à relever les défis du moment car aucun pays au monde ne s’est développé sans sa recherche scientifique », a ajouté M. Sibide. «  De ce fait, les producteurs doivent adopter les variétés améliorées et surtout les variétés améliorées du niébé qui les feront sortir de la pauvreté et permettre d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. »

 

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Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2020/09/burkina-faso-renews-commitment-to-gm-crops-with-bt-cowpea/

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