À quoi sert la cellule Demeter ? Libération enquête...
Le 3 octobre 2019 a été mise en place la cellule Déméter au sein de la Gendarmerie Nationale pour mieux répondre aux menaces, petites et grandes, qui pèsent sur le monde agricole.
La communication au sujet de cette cellule n'a pas été au top, rn partie en raison d'un malencontreux mélange de genres – entre actes de délinquance, voire crimes, et
M. Christophe Castaner, alors Ministre de l'Intérieur, a ainsi écrit :
« J’ai donc décidé d’une série d’actions pour mieux protéger nos agriculteurs et c’est l’objet, notamment, de la Cellule Demeter. Créée au sein de la Gendarmerie nationale, la cellule Demeter va permettre :
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d’améliorer notre coopération avec le monde agricole et de recueillir des renseignements ;
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de mieux connaître les groupes extrémistes à l’origine des atteintes et de pouvoir anticiper et prévenir leurs actions ;
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de pouvoir gagner en efficacité par des actions et des enquêtes mieux coordonnées.
Cette cellule est un signal fort envoyé aux agriculteurs : les forces de l’ordre se tiennent à leur côté et sont là pour les aider.
La création de la cellule est également une étape dans un plan plus vaste encore pour la sécurité du monde agricole. Ainsi, par la signature d’une convention entre le ministère de l’Intérieur, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs :
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nous nous assurons que des échanges d’information réguliers se fassent entre agriculteurs et forces de l’ordre ;
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nous renforçons la prévention en garantissant des diagnostics de sécurité pour les exploitations ;
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nous nous engageons à donner priorité aux interventions pour les agriculteurs victimes d’actions violentes. »
Voici encore d'un autre texte :
« La nécessité d’appréhender la globalité du phénomène des atteintes au milieu agricole implique que le périmètre de compétence de la cellule Déméter englobe la prévention et le suivi :
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des actes crapuleux, qu’il s’agisse d’une délinquance de proximité et d’opportunité ou bien d’une criminalité organisée voire internationale ;
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des actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques.
Il peut donc s'agir de vols, de dégradations, de cambriolages, de violations de domiciles ou d'intrusions, d'occupations illégales, d'actions menées par certains groupes… »
Les « groupes extrémistes », moins extrémistes, « simplement » militants et « anti-système » on saisi l'occasion pour protester avec leur violence ou leur douceur verbale habituelle. Ainsi, pour la Ligue des Droits de l'Homme, des « défenseurs de l'environnement » seraient « sous surveillance ». Pour les autres joyeusetés de ce texte, voir ici.
LDH = Ligue des Droits de l'Homme (Source)
Libération a mené l'enquête et produit deux articles dans le cadre des « dossiers du fil vert » (réservés aux abonnés).
Pour le premier, l'approche – le biais – est évidente dès le titre : « Ecoutes, perquisitions et poursuites : quand l'Etat fait du zèle pour étouffer les actions écolos » (texte complet ici). C'est de Mmes Aurélie Delmas et Aude Massiot et du 7 septembre 2020.
C'est du butinage. Cela commence avec les poursuites intentées contre les décrocheurs de photos officielles du Président Emmanuel Macron. Puis vient un coup de massue :
« Cette affaire et la réaction des autorités, immédiate et massive, sont un signal déterminant de la stratégie développée par la puissance étatique envers les militants écologistes. Dans une récente interview à Libération, Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux et connu comme un partisan du dialogue, évoque une "radicalisation de la part de l’Etat" face aux associations. Pour confirmer cette stratégie, Libération a contacté une vingtaine d’associations d’envergure nationale. Le constat est quasi unanime : l’Etat se montre de plus en plus méfiant de l’activisme des militants écologistes, voire zélé à les surveiller. »
Voici à propos de la cellule Déméter :
« Le dispositif vanté par Castaner, dont la controversée cellule Demeter spécialisée sur les critiques et atteintes aux agriculteurs, est déjà très actif. "Depuis mai, nos salariés ont fait l’objet de bien plus de convocations qu’en temps normal, relate Brigitte Gothière, directrice de l’association L214, connue pour ses enquêtes sur des abattoirs. Quatre ont été entendus sur les conditions dans lesquelles nous obtenons les images de nos enquêtes." Sûre d’être surveillée elle aussi par les services de renseignement, elle s’inquiète: "Mes enfants savent qu’un matin, il peut y avoir des policiers armés qui débarquent chez moi et m’emmènent. C’est quelque chose que je n’aurais pas envisagé il y a dix ans." »
Voilà pour l'« information-insinuation »...
Le deuxième volet paraissait le 8 septembre sous la plume de Mme Aude Massiot. C'est : « "Agribashing" : enquête sur la cellule Demeter, dispositif politique contre une menace fantôme ».
Il fallait oser le titre, alors que la mission de la cellule est bien plus vaste !
En chapô, avec un conditionnel indicateur de fantasmes :
« Créé en octobre 2019 par la Direction générale de la gendarmerie, à la demande du ministère de l'Intérieur, ce programme serait une réponse à la montée des attaques de militants contre des agriculteurs. »
(Source)
Enfin, Mme Aude Massiot, « [E]nvoyée spéciale », s'est rendue près de Besançon, dans une région où il ne s'est apparemment rien passé d'extraordianire ces derniers temps. La descrption des visites est intéressante. Non, il ne s'est rien passé d'extraordinaire... mais des choses graves pourraient se produire.
L'article se poursuit par des anecdotes de militants qui se sont vu convoquer à la gendarmerie.
Le lecteur typique de Libération en a pour son compte. D'autres – pour autant qu'ils lisent l'article – resteront sur leur faim.
Une « menace fantôme » ?
Comment peut-on écrire ça quand sévit ou sévissent un ou plusieurs tortionnaires d'animaux en France ?
Comment peut-on écrire ça quand, régulièrement, la presse locale et les réseaux sociaux se font l'écho d'atteintes délictueuses ou criminelles à des exploitations agricoles d'« agribashing » plus ou moins « ordinaire » ?
C'est certes postérieur, mais le 14 septembre 2020, la Nouvelle République titrait : « "Scandaleux" actes de vandalisme sur trois exploitations agricoles du sud Deux-Sèvres » (il s'agissait de destruction de matériel d'irrigation). Qu'on ne nous dise pas que voler un chariot élévateur pour ensuite mettre à terre une rampe d'irrigation est le fait de sauvageons désœuvrés.
(Source)
(Source)
Régulièrement, des champs, particulièrement de tournesol, sont dévastés par des « Faucheurs volontaires ». Pas plus tard que le 13 septembre 2020, ils ont vandalisés deux hectares d'essais menés en partie pour trouver une résistance à une maladie fongique, le sclérotinia et pour partie pour les inscriptions de variétés au catalogue officiel.
Et puis, il y a ça :
(Source)
On arrêtera là. Dites, Libé, ne pensez-vous pas que votre code de déontologie devrait inclure le civisme ? D'autres y arrivent bien...
#AgriBashing
— Olivier Damaisin (@olivierdam1) August 7, 2020
Saviez-vous que le monde agricole, en France, subit 2 agressions par heure!
2 agressions d’agriculteurs ou tentative de destruction d’exploitations toutes les heures en France. Ce n’est plus acceptable! @J_Denormandie @JoelGiraud05 🚜👩🏼🌾👉🏻https://t.co/6QLZIQuY7d pic.twitter.com/QutQDhSPaN