Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Une étude montre que les plantes génétiquement modifiées peuvent sortir les agriculteurs de la pauvreté

27 Septembre 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #Afrique

Une étude montre que les plantes génétiquement modifiées peuvent sortir les agriculteurs de la pauvreté

 

Joseph Opoku Gakpo*

 

 

 

 

Sur un continent où plus de 80 % des personnes vivant dans l'extrême pauvreté sont des agriculteurs, certains ont réussi à échapper à l'emprise d'une vie difficile grâce à l'utilisation de semences améliorées.

 

Motlatsi Musi, un producteur sud-africain de maïs, de haricots et de pommes de terre qui se considère comme un entrepreneur, est l'un d'eux. Il vit bien au-dessus du seuil de pauvreté, dans une bonne maison, avec suffisamment de nourriture pour sa famille et assez d'argent pour éduquer ses enfants.

 

Musi fait partie des millions d'agriculteurs dans le monde qui ont tiré des bénéfices directs de la culture de plantes génétiquement modifiées (GM) à hauteur de 18,95 milliards de dollars US pour la seule année 2018, selon un nouveau rapport mondial.

 

En cultivant des plantes Bt résistantes à des insectes, Musi a réduit la quantité de pesticides coûteux qu'il utilise sur son exploitation et a obtenu des rendements plus élevés, ce qui lui a assuré un bon bénéfice.

 

« Mon rendement a augmenté de 30 % », a déclaré M. Musi à l'Alliance pour la Science. « Au cours de ces années, de 2005 à 2019, j'ai eu une expérience pratique de l'infestation par la légionnaire d'automne en 2015. Ce parasite est entré dans mes champs, a mangé quelques feuilles mais n'a pas endommagé mes cultures » car elles étaient protégées par le gène Bt.

 

« Sur le plan économique, j'ai réussi à envoyer mes enfants à l'école », a déclaré Musi, qui est membre du Réseau Mondial d'Agriculteurs (Global Farmer Network) et lauréat du prix Kleckner 2017. « Un de mes fils est diplômé en biomédecine et travaille maintenant dans un laboratoire en tant que contrôleur qualité senior. Ma femme, mon fils et moi avons réussi à donner un coup de jeune à notre maison. Ma contribution provient de mes ventes de maïs génétiquement modifié ».

 

Musi n'est pas le seul à avoir réussi. Le rapport, rédigé par Graham Brookes et Peter Barfoot de PG Economics au Royaume-Uni, révèle que les agriculteurs qui ont cultivé des plantes GM ont gagné 225 milliards de dollars US supplémentaires, en cumul, entre 1996 et 2018.

 

Le rapport a constaté que pour chaque dollar supplémentaire investi dans les semences de plantes GM (par rapport aux coûts des semences conventionnelles), les agriculteurs ont gagné en moyenne 3,75 dollars de revenu supplémentaire. La Banque Mondiale définit les personnes extrêmement pauvres comme celles qui vivent avec moins de 1,90 dollar US par jour. Ces données signifient que chaque dollar qu'un agriculteur investit dans la technologie GM un jour donné lui rapporte des revenus qui le font passer deux fois au-dessus du niveau d'extrême pauvreté.

 

Au total, depuis 1996, la technologie de résistance à des insectes génétiquement modifiés a ajouté 59,5 milliards de dollars US au revenu des producteurs de maïs du monde entier. En 2018, le niveau de revenu des exploitations cotonnières dans les pays ayant adopté les plantes GM a augmenté de 4,57 milliards de dollars US, le secteur bénéficiant de 65,8 milliards de dollars US supplémentaires depuis 1996. La technologie de tolérance à des herbicides grâce à la transgenèse dans le soja a fait augmenter les revenus agricoles de 4,78 milliards de dollars en 2018, et depuis 1996, elle a permis de dégager 64,2 milliards de dollars de revenus agricoles supplémentaires. La culture du canola génétiquement modifié, principalement en Amérique du Nord, a généré 7,1 milliards de dollars US supplémentaires pour les agriculteurs entre 1996 et 2018.

 

Les avantages de l'utilisation des cultures génétiquement modifiées sont encore plus importants dans les pays en développement, où le rendement moyen était de 4,41 dollars US pour chaque dollar US supplémentaire investi dans des semences génétiquement modifiées, contre 3,24 dollars US dans les pays développés. Ce chiffre est significatif, car 21 des 26 pays où sont cultivées des plantes génétiquement modifiées sont des pays en développement. Pourtant, ils ne représentent qu'une fraction des 195 pays du monde. Depuis leur introduction aux États-Unis en 1996, des obstacles réglementaires coûteux ont empêché la technologie des OGM d'atteindre un plus grand nombre d'agriculteurs dans le monde.

 

« L'une des principales raisons de cette adoption limitée est le coût élevé associé à la mise sur le marché de la technologie en raison des exigences réglementaires qui doivent être respectées », a déclaré M. Brookes lors d'une séance de webinaire organisée par l'ISAAA sur l'impact mondial des cultures génétiquement modifiées.

 

« Lorsque la technologie a été introduite pour la première fois dans les années 1990, on s'est inquiété de la nécessité de la réglementer correctement », a-t-il expliqué. « Puis les réglementations sont arrivées. Et donc, dans la plupart des pays, il y a ces exigences réglementaires compliquées qui rendent l'introduction de la technologie très coûteuse ».

 

Sur les 53 pays d'Afrique, seuls les agriculteurs d'Afrique du Sud, d'eSwatini et du Sud-Soudan pratiquent actuellement la culture commerciale d'OGM. Le Nigeria a approuvé le cotonnier et le niébé génétiquement modifiés et distribue maintenant les semences améliorées aux agriculteurs. Le Kenya et l'Éthiopie sont également en train de déployer le cotonnier Bt. Bien que des recherches sur les cultures génétiquement modifiées soient en cours dans d'autres pays du continent, des obstacles réglementaires ont empêché les agriculteurs d'accéder aux semences.

 

« Cela me donne toujours des frissons d'apprendre que cette terre de verts pâturages, où coulent le lait et le miel, que des collègues agriculteurs d'autres parties du monde apprécient grâce aux cultures génétiquement modifiées, est quelque chose que nous ne pouvons voir que de loin au Ghana, et que nos pieds ne peuvent pas fouler cette même terre promise », a déclaré le jeune agriculteur ghanéen Evans Okomeng du Graduate Farmers Network à l'Alliance pour la Science.

 

« C'est injuste. Cela représente également le déni d'un droit humain fondamental », a-t-il déclaré. « Par exemple, comment se fait-il qu'un fonctionnaire du gouvernement qui est novice dans mon domaine d'expérience et manque de compétences pour cultiver même des plants de piment soit celui qui est assis dans un bureau quelque part pour décider quelles graines je vais pouvoir semer sur mon propre champ et qui choisit ensuite de limiter mes options ? »

 

M. Okomeng ne comprend pas pourquoi la technologie utilisée par les agriculteurs d'Afrique du Sud, des États-Unis, de Chine et de certains pays d'Amérique du Sud ne peut être mise à la disposition des agriculteurs ghanéens pour résoudre des problèmes tels que l'infestation de parasites. Il souhaite que les gouvernements africains changent leur position sur la technologie des OGM au profit des agriculteurs ordinaires.

 

« La situation des agriculteurs ne cesse de s'aggraver de jour en jour en raison des pertes de récoltes annuelles, des mauvais rendements et de l'impact à long terme des pesticides sur la santé des agriculteurs alors que la santé est la richesse en soi. Mon appel au gouvernement serait d'accélérer tous les processus qui mèneraient à la commercialisation rapide des cultures GM pour que les agriculteurs aient le choix légal de planter sans aucun harcèlement », a déclaré M. Okomeng.

 

« Une fois que les cultures génétiquement modifiées auront fait leurs preuves sur le plan économique pour mes collègues agriculteurs ailleurs, et qu'elles seront commercialisées au Ghana, je pense que mes finances s'en porteront mieux qu'aujourd'hui, cela réduira l'impact à long terme sur ma santé de la surpulvérisation [de pesticides] et élèvera également ma dignité parmi mes pairs au sein de ma communauté », a-t-il ajouté.

 

Le rapport indique que la bringèle** (aubergine) résistante à des insectes génétiquement modifiés – un légume largement consommé au Bangladesh – augmente considérablement les revenus des agriculteurs. La bringèle Bt est la première culture alimentaire génétiquement modifiée mise au point par des scientifiques du secteur public en Asie du Sud. Elle a été mise à la disposition des agriculteurs du Bangladesh pour une culture commerciale en octobre 2013. Depuis lors, plus de 30.000 petits exploitants agricoles ont cultivé cette plante.

 

Les agriculteurs obtiennent des rendements 15 à 20 % plus élevés, obtiennent des produits de meilleure qualité sans pesticides – ce qui se traduit par un prix 10 % plus élevé sur le marché – et ont fait état de coûts de lutte antiparasitaire moins élevés, soit environ 88 dollars US par hectare. Depuis son introduction et jusqu'à ce jour, le coût de la technologie a été nul, la technologie étant mise gratuitement à disposition par le service de vulgarisation. En conséquence, l'impact net sur le revenu agricole a été positif, avec une augmentation moyenne du revenu agricole entre 2014 et 2018 de 658 dollars US par hectare au profit des agriculteurs.

 

« Une étude récente indique que la bringèle Bt réduit considérablement les pulvérisations de pesticides et multiplie les revenus par six », a déclaré Arif Hossain, directeur exécutif de Farming Future Bangladesh, à l'Alliance pour la Science. « Pour moi, c'est un fait, pas une fiction mal informée. J'ai vu des agriculteurs pulvériser des pesticides 80 à 100 fois pour des variétés de bringèle conventionnelles et ces mêmes agriculteurs peuvent cultiver la bringèle Bt en s'épargnant ce nombre de traitements dans leur champ. Les consommateurs préfèrent également acheter de la bringèle Bt parce qu'elle est plus saine et plus sûre pour l'environnement. »

 

M. Hossain a fait remarquer que les agriculteurs étaient au départ neutres dans leur attitude vis-à-vis de la nouvelle culture.

 

« Mais lorsque les agriculteurs ont constaté le rendement de la culture et le faible coût des intrants, ils n'ont pas hésité à se procurer des semences auprès d'autres agriculteurs ou du système de vulgarisation du gouvernement », a-t-il ajouté.

 

______________

 

* Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2020/08/gm-crops-can-lift-farmers-out-of-poverty-study-shows/

 

** C'est le mot réunionnais.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article