Le millet perlé, le sorgho, le moha et la silphie se sont invités dans votre salon
Ce ne sont pas des remèdes miracles à la sécheresse
Millet perlé
Le JT de 20 heures du 18 août 2020 comportait une séquence sur « l'arme anti-sécheresse ».
Intéressant et instructif, surtout si on écoute bien. Le premier agriculteur interrogé déclare qu'avec les « nouvelles » cultures fourragères (millet perlé (ou mil à chandelle), sorgho, moha (sétaire d'Italie)), il avait pu économiser 15 jours de réserves fourragères pour l'hiver. Oui, ces cultures apportent une réponse, mais il ne faut pas non plus rêver.
Le deuxième intervenant (le gérant de la société de commercialisation) nous a présenté la silphie (Silphium perfoliatum).
Il y a visiblement eu un plan com' bien orchestré, avec un article de l'AFP.
RTL (avec AFP) l'évoque dans « Qu’est-ce que la silphie, possible solution à la sécheresse ? » Ah, les titres racoleurs...
En intertitre : « Pas une plante miraculeuse »...
Explication :
« On ne peut toutefois pas dire qu'il s'agit d'une plante miraculeuse. Pour Marielle Stimpfling, conseillère en grandes culture à la chambre d'agriculture d'Alsace, "on ne peut pas présenter la silphie comme une culture de demain pour remplacer le maïs, [car] elle reste sensible au manque d'eau". Avec la sécheresse, son rendement diminue moins que celui d'autres végétaux, mais il diminue quand même. De même, les chambres d'agricultures des Vosges et d'Alsace soutiennent que la teneur en protéines de la plante reste insuffisante pour remplacer totalement le maïs ou le soja.
(téléchargé à partir d'ici)
L'article de l'AFP alterne le chaud et le froid.
Pour le chaud :
« "C'est une plante écologique !", s'enthousiasme M. Perrein, rappelant qu'elle n'a pas besoin d'être irriguée grâce à ses racines qui se développent jusqu'à 2 m de profondeur, au plus près des nappes phréatiques. »
Mais ça, c'est à condition d'avoir des sols de deux mètres de profondeur et une nappe phréatique... dans laquelle on peut éventuellement puiser en été pour cultiver des plantes bien plus performantes.
Pour le froid, en plus de ce qu'a retenu RTL :
« "La silphie remplit la panse, fait ruminer les bêtes, mais ne leur donne pas beaucoup d'éléments énergétiques", prévient Mme Stimpfling, qui lui reconnaît cependant de nombreux avantages pour la méthanisation. "On a très peu de recul sur cette plante" dont la seule littérature à l'heure actuelle date des années 1970, rappelle-t-elle aussi. »
Et le coût d'implantation est de 3.600 euros/hectare...
Et puis, y en a marre de lire « plante écologique ». N'est pas seulement écologique ce qui répond – ou plutôt semble répondre – aux fantasmes de l'écologisme. De plus, elle est peut-être invasive selon la version anglaise de Wikipedia, bien plus détaillée que la française (elle est ainsi déclarée dans plusieurs états des États-Unis d 'Amérique).
La plante serait « résistante à la sécheresse » selon le titre de Géo ou d'Ouest France. Pourtant, selon Wikipedia,
« Habitat
Prairies humides, bois clairs, berges. La silphie perfoliée préfère le soleil et un sol toujours au moins un peu humide poussant, dans la nature, dans les fossés et le long des cours d'eau. Malgré cela, elle tolère bien quelques semaines de sécheresse. Elle se plaît dans presque tous les sols glaiseux, sablonneux ou limoneux. Il s'agit d'une plante essentiellement pérenne, on en trouve des spécimens de plus de 50 ans dans certains jardins. »
Tolérer la sécheresse, c'est essentiellement pouvoir repartir avec les précipitations. Ce n'est pas produire. Il n'y a pas de miracles. Et ces plantes supposées miracles peuvent avoir des exigences particulières.
Silphie en cours de coupe (source)