Houlah ! On va tous mourir : « on avale plus de pesticides que ce que l’on pensait » !
Le Parisien – Aujourd'hui en France se fait le porte-parole de Générations Futures
Hasard du calendrier ou stratégie d'empoisonnement du puits, une semaine avant l'ouverture des débats sur le projet de loi devant permettre au gouvernement d'accorder des dérogations de 120 jours pour l'enrobage des semences de betteraves afin de lutter contre les ravages de la jaunisse ?
Mme Barbara Pompili, Ministre de la Transition Écologique, reçoit M. Fabrice Nicolino et ses groupies pour se faire copieusement insulter et signer dans la foulée un « appel » anti-pesticides* (*de synthèse)... Une officine bordelaise s'en prend aux vins étiquetés « haute valeur environnementale »... Et M. François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations Futures vient clamer : « Je m'a trompé !»... Oups ! « On m'a trompé ! »
Il a trouvé bon accueil au Parisien – Aujourd'hui en France, qui lui a consacré le 15 septembre 2020 un petit article, « Fruits et légumes : on avale plus de pesticides que ce que l’on pensait », de Mme Émilie Torgemen, qu'on a vu plus inspirée.
L'histoire est simple : Générations Futures a communiqué par le passé des messages angoissants sur les fruits et légumes – non bios – contenant des pesticides. Mais :
« ...l'ONG publiait son analyse des résidus de produits phyto dans nos assiettes à partir des plans de surveillance de la Répression des fraudes en pensant que les chiffres concernaient uniquement les végétaux issus de l'agriculture intensive, puisque les résultats concernant les produits biologiques étaient eux présentés à part. Or, comme l'a confirmé le service juridique de la DGCCRF sollicité par l'ONG écolo, ce n'est pas le cas. Mécaniquement, la part des produits contenant des pesticides était donc moins importante : 63 % pour les fruits (bio et non bio mélangés) alors que c'est 66,7 % pour les non bio ; 43,2 % pour les légumes (bio et non bio mélangés) alors que c'est 45 % pour les seuls conventionnels dans le bilan 2017, le dernier en date. »
Voilà donc l'occasion de diffuser un nouveau message angoissant... et complètement fallacieux. Ce n'est pas parce qu'un pourcentage change du fait d'une modification de la base de calcul qu'« on avale plus de pesticides que ce que l’on pensait ». Ce « on », ce n'est du reste que Générations Futures et ses relais médiatiques...
D'ailleurs, passer de 63 % – oups ! c'est 63,1 % pour être exact – de fruits (bio et non bio mélangés) avec résidus à 66,7 % pour les non bio... quelle catastrophe !
C'est bien sûr de la faute de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes. Mais à lire le « rapport », « on » – ici, c'est « nous » – peut émettre des doutes (c'est nous qui graissons) :
« Faute de spécification nous pensions bien sûr […]
[…]
Notre but était notamment de faire des statistiques sur les produits non bios (un code spécifique était attribué aux produits issus de l’agriculture biologique dans les tableurs) et des statistiques plus ciblées selon la nature des résidus ou les pays de production.
[…]
Les premiers résultats obtenus [et publiés dans les « rapports antérieurs] nous ont rapidement posé problème.
[...] »
On se gausse aussi à la lecture de :
« Les principaux médias faisaient la même analyse (voir exemple ci-contre). »
Le « ci-contre » est un renvoi à une image de « Une majorité des fruits et légumes conventionnels présentent des résidus de pesticides », de Mme Martine Valo du Monde Planète, une régurgitation de la com' de Générations Futures...
Quoi qu'il en soit, une bourde dans un « rapport » publié en juin 2020 permet de lancer une nouvelle campagne de communication et de gesticulation en septembre 2020. C'est fort !
Et fort de café ! Le Parisien écrit :
« "La DGCCRF doit pouvoir donner des proportions pour les produits conventionnels exactement comme elle les donne pour les fruits et légumes frappés du label AB", réclame-t-il [M. François Veillerette]. Aux consommateurs ensuite de faire leur choix. »
Des consommateurs enfumés par la communication – relayée par des médias complaisants – d'une officine qui fait l'article pour le « bio » et le biobusiness...
Nulle part n'est-il précisé ce que signifient réellement les chiffres avancés, à savoir qu'ils sont rassurants. Et l'officine s'abstient bien sûr de révéler que les produits « bios » contiennent aussi des résidus de pesticides.
Nous allons vous le révéler : 1,4 % – un sur 70 – des échantillons de légumes analysés par la DGCCRF (un chiffre étonnamment bas) et 11% pour les fruits. Selon les données colligées par l'EFSA, 13,8 % des échantillons « bios » collectés en 2018 contenaient des résidus à des niveaux quantifiables.
Toujours selon l'EFSA, 4,5 % de l'ensemble des échantillons recueillis en 2018 dans le cadre du programme aléatoire et du programme de surveillance (ce dernier ciblé sur les situations « à risques ») dépassaient les limites maximales de résidus, contre 1,5 % des échantillons « bios », sans que les dépassements n'aient constitué un risque pour la santé selon les normes très protectrices en vigueur.
Au consommateur donc de choisir entre payer le prix courant pour un risque nul et payer beaucoup plus cher pour diviser ce risque nul par trois.