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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Prévenir de prochaines pandémies, selon le PNUE et d'autres organisations

12 Août 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Covid-19

Prévenir de prochaines pandémies, selon le PNUE et d'autres organisations

 

Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE ou UNEP) a publié un document d'une soixantaine de pages (dont quelques blanches et beaucoup d'illustrations), « Preventing the next pandemic – Zoonotic diseases and how to break the chain of transmission » (prévenir de prochaines pandémies – Zoonoses et comment briser la chaîne de transmission).

 

Petite note : la traduction française est reprise de documents onusiens. Le traducteur semble avoir eu une vision à plus long terme que les auteurs d'origine...

 

En bas de couverture : « Une évaluation scientifique avec des messages clés pour les décideurs politiques – Un volume spécial de la série de rapports « Frontières » du PNUE ».

 

Cet ouvrage a été réalisé par un consortium comprenant, outre le PNUE, Covid-19 Response, l'Institut International de Recherche sur l’Élevage (ILRI) et One CGIAR.

 

One CGIAR est « un partenariat mondial de recherche pour un avenir sûr sur le plan alimentaire, consacré à la réduction de la pauvreté, au renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à l'amélioration des ressources naturelles ». CGIAR était l'acronyme de Consultative Group on International Agricultural Research (Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole InternationaleCGRAI). L'ILRI est une institution de recherche de ce groupe tout comme, par exemple les mieux connus CIMMYT et IRRI.

 

Cet ouvrage a bénéficié de contributions d'une impressionnante liste d'auteurs et de réviseurs (reviewers).

 

Il a peu de chances d'être traduit en ces temps, déjà pluri-décennaux, d'austérité. Mais l'organisation a traduit les dix messages clés.

 

Messages clés

 

1. ATTÉNUER LES RISQUES LIÉS AUX SYSTÈMES ALIMENTAIRES

 

Nombre de nouveaux rapports scientifiques sur les politiques continuent de se concentrer sur l’urgence sanitaire mondiale provoquée par la pandémie de COVID-19, à la suite de la propagation rapide du virus infectieux SRAS-CoV-2 d’origine zoonotique. À l’instar de cette évaluation, de nouvelles évaluations scientifiques fondées sur des éléments probants sont nécessaires pour étudier le contexte environnemental et zoonotique de la pandémie actuelle, et évaluer les risques d’apparition de nouvelles épidémies zoonotiques.

 

2. URGENCE

 

Les maladies sont de plus en plus souvent d’origine animale. Il est impératif d’agir rapidement pour combler les lacunes de la science et accélérer le développement des connaissances et des outils susceptibles d’aider les gouvernements, les entreprises, le secteur de la santé, les communautés locales et d’autres parties prenantes, en particulier celles dont les ressources sont limitées, à réduire les risques d’apparition de nouvelles pandémies.

 

3. CIBLE DU RAPPORT

 

Une évaluation scientifique a été menée afin de contribuer à combler ces lacunes et mettre en lumière le rôle des animaux sauvages et domestiques dans l’émergence des maladies infectieuses zoonotiques. Cette évaluation rapide s’adresse aux décideurs gouvernementaux, des entreprises et de la société civile à tous les niveaux et dans le monde entier.

 

4. AMPLEUR DU PROBLÈME

 

Il est estimé qu’environ 60 % des maladies infectieuses humaines sont d’origine animale. Environ 75 % des nouvelles maladies infectieuses humaines émergentes franchissent la barrière des espèces et sont transmises aux humains par d’autres animaux. La transmission de la plupart des zoonoses déjà décrites se fait de manière indirecte, par exemple au travers du système alimentaire.

 

5. FRÉQUENCE ET PRÉDICTIBILITÉ DES ÉPIDÉMIES

 

La fréquence à laquelle les microorganismes pathogènes sont transmis aux humains par d’autres animaux augmente en raison des activités humaines non durables. L’apparition de pandémies semblables à la pandémie de COVID-19 est prévisible et imputable aux méthodes d’approvisionnement et de production alimentaire, au commerce et à la consommation d’animaux, et à l’altération des milieux naturels.

 

6. LIENS ET COMPLEXITÉ Les liens entre l’environnement au sens large, la biodiversité et les maladies infectieuses émergentes sont complexes. Bien que les animaux sauvages soient la source la plus fréquente de maladies émergentes humaines, les animaux domestiques peuvent également être des sources, des voies de transmission ou des amplificateurs de zoonoses. De tels liens, en plus de leur interdépendance avec des problèmes tels que la qualité de l’eau et de l’air, la nutrition et la sécurité alimentaire ainsi que le bien-être physique et mental, devraient éclairer les politiques s’attelant aux défis posés par les maladies infectieuses émergentes, notamment les zoonoses, actuelles et futures.

 

7. VECTEURS DE MALADIE

 

L’émergence des zoonoses est plus probablement imputable à sept facteurs humains : 1) la demande humaine accrue de protéines animales ; 2) l’intensification de pratiques agricoles non durables ; 3) l’utilisation et l’exploitation accrues des espèces sauvages/de la faune ; 4) l’utilisation non durable des ressources naturelles, encore accélérée par l’urbanisation, le changement d’affectation des sols et les industries extractives ; 5) l’augmentation des voyages et des transports ; 6) les évolutions de la chaîne agroalimentaire ; et 7) le changement climatique.

 

8. IMPACT ET COÛT

 

Les zoonoses émergentes menacent la santé des êtres humains et des animaux, le développement économique ainsi que l’environnement. Les populations pauvres sont particulièrement touchées par le fardeau des zoonoses. Néanmoins, personne n’est épargné par les maladies infectieuses émergentes ; ainsi, les populations des pays à revenu élevé payent un lourd tribut financier. Puisqu’une seule zoonose est susceptible de coûter des milliers de milliards de dollars à l’échelle mondiale, la prévention semble dès lors bien plus efficace que la réaction.

 

9. RECOMMANDATIONS

 

Cette évaluation propose d’intégrer dix mesures aux politiques visant à réduire les risques d’apparition de nouvelles pandémies zoonotiques et à « reconstruire en mieux » : i) sensibiliser le public aux risques sanitaires et environnementaux ainsi qu’à leur prévention ; ii) améliorer la gouvernance du secteur de la santé, notamment en mobilisant les acteurs de l’environnement ; iii) accroître la portée des enquêtes scientifiques afin d’inclure les dimensions environnementales des zoonoses ; iv) effectuer la comptabilité financière exhaustive des impacts sociétaux des maladies ; v) améliorer le suivi et la régulation des systèmes alimentaires grâce à des approches fondées sur le risque ; vi) abandonner les pratiques agricoles non durables ; vii) élaborer et mettre en œuvre des mesures visant à améliorer la biosécurité ; viii) renforcer la santé des animaux (y compris les services de santé destinés aux animaux sauvages) ; ix) renforcer les capacités des acteurs du secteur de la santé afin d’y inclure les dimensions environnementales de la santé ; et x) rationaliser et mettre en œuvre les approches « Un monde, une santé ». Ces recommandations sont détaillées dans la section 5 de ce rapport.

 

10. UN MONDE, UNE SANTÉ

 

Ce rapport confirme et s’inscrit dans les conclusions de l’alliance tripartite FAO-OIE-OMS et de nombreux autres experts qui affirment que l’approche « Un monde, une santé » est la méthode de prévention et de réponse la plus efficace aux épidémies et pandémies de zoonoses. Adopter une approche « Un monde, une santé », qui réunit les expertises médicale, vétérinaire et environnementale, aidera les gouvernements, les entreprises et la société civile à veiller à la bonne santé des personnes, des animaux et des milieux naturels

 

Il y a aussi des recommandations résumées dans un communiqué de presse (voir aussi une Foire aux Questions) :

 

  • Investir dans des approches interdisciplinaires, dont l’approche « Un monde, une santé » ;

 

  • Développer la recherche scientifique sur les zoonoses ;

 

  • Améliorer les analyses coûts-avantages des interventions pour y inclure la comptabilisation du coût total des impacts sociétaux des maladies ;

 

  • Sensibilisation aux zoonoses ;

 

  • Renforcer les pratiques de surveillance et de réglementation associées aux zoonoses, y compris les systèmes alimentaires ;

 

  • Encourager les pratiques de gestion durable des terres et développer des alternatives pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance qui ne reposent pas sur la destruction des habitats et de la biodiversité ;

 

  • Améliorer la biosécurité et le contrôle, identifier les facteurs clés des maladies émergentes dans l'élevage et encourager les mesures de gestion et de contrôle des zoonoses qui ont fait leurs preuves ;

 

  • Soutenir la gestion durable des paysages terrestres et marins qui favorisent la coexistence durable de l’agriculture et de la vie sauvage ;

 

  • Renforcer les capacités des acteurs de la santé dans tous les pays ; et

 

  • Rendre l’approche « Un monde, une santé » opérationnelle pour la planification, la mise en œuvre et le suivi de l’utilisation des terres et du développement durable, entre autres.

 

Le rapport a été lancé à l’occasion de la Journée Mondiale des Zoonoses, « célébrée » (!) selon le communiqué de presse « le 6 juillet par les institutions de recherche et les entités non gouvernementales, qui commémore le travail du biologiste français Louis Pasteur. Le 6 juillet 1885, Pasteur a administré avec succès le premier vaccin contre la rage, une maladie zoonotique. »

 

Nous avons des pensées émues pour les chinois qui ont inventé la variolisation, ainsi que pour le médecin de campagne Edward Jenner qui, le 14 mai 1796, inocula une goutte de pus des pustules de vaccine, une maladie bovine proche de la variole, à un enfant (James Phipps).

 

Il y a des choses curieuses dans ce document qui semble empiler les thèses, fantasmes, préoccupations et obsessions des participants à l'exercice. Mais ce sera peut-être pour un autre billet.

 

 

 

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