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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La consommation agricole d'eau au Grand Entretien de France Inter : du grand n'importe quoi !

8 Août 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information

La consommation agricole d'eau au Grand Entretien de France Inter : du grand n'importe quoi !

 

 

« Pour bien comprendre la disparité dans la répartition entre les usages de l’eau prélevée et consommée, il faut bien distinguer ces deux notions. Les prélèvements désignent la quantité d’eau prélevée dans le milieu naturel puis rejetée après utilisation (donc à nouveau disponible), tandis que la consommation correspond à une quantité d’eau prélevée, réellement consommée, absorbée. Elle ne peut être pas renvoyée directement dans la nature après usage.

 

[…]

 

La production d’énergie en France représente 64% de l’eau prélevée qui est essentiellement utilisée pour le refroidissement des centrales thermiques et nucléaires. Ces volumes sont ensuite très rapidement restitués à la nature, à l’endroit même où ils ont été prélevés. La ressource est donc disponible localement et la quantité d’eau effectivement consommée est faible.

 

À l’inverse, l’activité agricole équivaut à 9% des prélèvements. Cette eau étant, pour partie, utilisée pour irriguer les plantes, infiltrée dans le sol ou encore évaporée, la quantité d’eau effectivement consommée est, en revanche, importante : 48%. L’eau de pluie utilisée directement par les cultures n’est pas comptabilisée. » (Source)

 

 

Le lundi 3 août 2020, France Inter a invité Mme Emma Haziza, hydrologue, fondatrice et présidente du centre de recherche Mayane – une dénomination qui couvre une entreprise de droit privé (société par actions simplifiée).

 

L'entretien complet (25 minutes) est ici.

 

Cela a donné sur la toile : « Emma Haziza : "La consommation agricole peut monter jusqu'à 80% de l'utilisation d'eau en France en été" ». Le compte rendu qu'en fait France Inter est plutôt détaillé. Et nous sommes servis ! Exemple :

 

« Les rivières, en France, disposent d'eau même quand il ne pleut pas, car "elles sont alimentées par ces milieux souterrains quand il n'y a pas de pluie. Le problème, c'est que lorsque ces milieux souterrains manquent d'eau eux-mêmes, il ne peuvent plus apporter d'eau à ces milieux superficiels que sont les rivières", explique Emma Haziza. Ainsi, la situation aujourd'hui est de 17% de rivières à sec en France. "L'année dernière, on était arrivés, à la fin de cette période, à 30% de rivières sèches. On peut s'attendre à voir nos rivières se tarir au fur et à mesure du temps, et le problème, c'est que quand on laisse ce tarissement se faire (...) les nappes sont toujours plus fragiles.»

 

Ben oui ! Quand y a p'u d'eau, y a p'u d'eau...

 

Mais sus à l'agriculture !

 

« […] "Les deux plus gros consommateurs d'eau en France sont clairement les systèmes industriels et l'agriculture, qui peut utiliser 80% de l'eau pendant les périodes estivales", détaille Emma Haziza.

 

[…] "le gros travail à faire, et là où l'appui politique peut se faire, c'est travailler sur les solutions pour diminuer l'utilisation de l'eau au niveau des systèmes agricoles". »

 

C'est 80 % par rapport à quoi et sur combien de temps ?

 

Il y a des moments où il faut dire clairement qu'il faut arrêter de déconner.

 

C'est comme pour :

 

« ...en 2019, on a eu jusqu'à cent jours de rupture d'approvisionnement dans certaines villes, qui ont été alimentées par camions citernes : ce n'est plus un scénario de science-fiction ».

 

Quelles villes ? Des ruptures d'approvisionnement pour quels motifs ?

 

Il faut cesser ce discours d'annonce d'apocalypse et prendre la mesure des réalités. Selon Planétoscope, « L'agriculture consomme en moyenne plus de 100 m3 d'eau par seconde en France en été ». À l'heure où nous écrivons, le Rhône débite 472 m3/s à Perrache.

 

C'est une indication anecdotique : la France, prise dans sa généralité, ne manque pas d'eau et les prélèvements sont faibles par rapport aux quantités disponibles, ou qui seraient disponibles si on voulait bien procéder à des aménagements.

 

Justement ! Mme Emma Haziza est interrogée sur l'annonce – à laquelle ne croiront que les naïfs – que le gouvernement va soutenir la création de retenues d'eau. Réponse :

 

« Ce n'est pas vivable sur le long terme : faire des retenues d'eau, c'est enlever de l'eau aux masses souterraines. Et c'est ne pas permettre un bon équilibre, une équité, entre les différents agriculteurs : lorsque vous allez créer une retenue pour donner de l'eau à certains, d'autres, ceux qui ont besoin de puiser dans les nappes, n'auront plus d'eau. »

 

 

On a rarement vu un tel discours aussi perché !

 

Comment ? Ce ne serait pas une bonne solution que de retenir l'eau pendant les périodes de fortes précipitations, l'eau qui irait droit à la mer – en provoquant éventuellement des inondations – pour l'utiliser ou la restituer quand on en a besoin ?

 

Comment ? Ce serait contrevenir à l'équité que de permettre à un agriculteur de stocker de l'eau qui partirait sinon à la mer – et d'économiser un stock d'eau de la nappe qui deviendrait ainsi disponible pour un autre agriculteur (ou le propriétaire d'une piscine) ?

 

Voici deux réponses anecdotiques mais o combien pertinentes :

 

 

(Source)

 

 

(Source)

 

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M
Bonjour, je ne doute pas des compétences de cette personne; mais est-elle aller renocontrer des agriculteurs qui sont obligés d'irriguer ? car, contrairement à ce que croient tous ces bobos écolos, l'irrigation en agriculture a un coût financier et humain; ce sont des heures à tirer les enrouleurs et/ou à déplacer les rampes d'arrosage, c'est de l'argent remis aux agences de l'eau, qui semblent assez opaques dans leurs comptes, mais bien contentes d'avoir cette ressource en plus de la TGAP. La majorité des fruits et légumes en France, et ailleurs, ont besoin d'irrigation, sinon ces chers bobos n'auraient que des pipelles et en quantité très limitée. Cette eau prélevée retourne, en partie, dans la nappe, en partie dans les fruits et légumes pour nous hydrater, en partie par évaporation pour former des nuages. L'eau, sur notre planète, n'est jamais perdue, mais retransformée. La répartition peux apparaitre avec certains défauts de disponibilité. Juste un petit détail : elle précise que les centrales nucléaires rejettent la totalité de ce qu'elles utilisent, alors ces panaches de vapeur d'eau qui sortent des tours de refroidissement ne sont pas comptabilisés ? Soyons rationnels !
Répondre
P
Pourtant les retenues d'eau semblent le plus simple pour gérer l'eau de pluie.<br /> <br /> Il y a toujours cette autre option qui demande à réfléchir et qui pourrait une solution <br /> https://www.youtube.com/watch?v=EmE32H94TVI
Répondre
H
Retenues d'eau et barrages sont en effet un excellent moyen de gérer l'eau puisque la France est un pays particulièrement bien arrosé, le problème venant simplement du fait que l'eau ne tombe pas forcément au bon moment pour les cultures et donc la récupérer et la stocker est une solution de simple bon sens. <br /> Cependant depuis une vingtaine d'années, la France des réserves d'eau est tout simplement ravagée par une idéologie écologiste complètement délirante qui s'appelle "continuité écologique des cours d'eau". Pour faire court, les écologistes veulent des cours d'eau sans entrave, des eaux libres partout et un retour des milieux humides dans les régions où on les avait éradiqués. Je ne reviendrais pas sur la question grave de la restauration de milieux humides, véritables nids à moustiques, c'est un autre sujet, celui-ci de santé publique. Cependant à l'heure actuelle, les agriculteurs qui veulent créer des retenues d'eau ou les associations d'agriculteurs qui veulent créer des barrages se heurtent à des réglementations drastiques et à des refus presque systématiques. Pire, au nom de cette idéologie de "continuité écologique des cours d'eau" des étangs et lacs de retenus, des biefs de moulin parfois pluri centenaires sont en cours de destruction systématique à grands frais, on y dépense des milliards. Outre le fait que l'on perd stupidement de l'eau qui pourrait être utilisé sur le plan agricole, on est également en train de déréguler les cours d'eau puisqu'une grande partie des retenues détruites ou en cours de destruction permettaient de gérer tant les fortes pluies en retenant l'eau, que les sécheresses en ouvrant les vannes s'il le fallait. Et après on mettra inondations et cours d'eau à sec sur le compte du réchauffement climatique.<br /> Pour exemple, l'affaire du lac de Caussade où deux responsables agricoles viennent d'être condamnés en juillet dernier à de la prison ferme pour la construction d'une grande retenue d'eau. Une autorisation de travaux leur avait été accordée en juillet 2018. Malheureusement des associations écologistes, FNE en tête, sont montées au créneau et sous la pression ont fait interdire les travaux. Ces travaux ont tout de même été poursuivis, le monde agricole local ayant besoin de cette eau. Aujourd'hui, après la condamnation des responsables de la construction du lac, la destruction de celui-ci est exigé par les écologistes.