La consommation agricole d'eau au Grand Entretien de France Inter : du grand n'importe quoi !
« Pour bien comprendre la disparité dans la répartition entre les usages de l’eau prélevée et consommée, il faut bien distinguer ces deux notions. Les prélèvements désignent la quantité d’eau prélevée dans le milieu naturel puis rejetée après utilisation (donc à nouveau disponible), tandis que la consommation correspond à une quantité d’eau prélevée, réellement consommée, absorbée. Elle ne peut être pas renvoyée directement dans la nature après usage.
[…]
La production d’énergie en France représente 64% de l’eau prélevée qui est essentiellement utilisée pour le refroidissement des centrales thermiques et nucléaires. Ces volumes sont ensuite très rapidement restitués à la nature, à l’endroit même où ils ont été prélevés. La ressource est donc disponible localement et la quantité d’eau effectivement consommée est faible.
À l’inverse, l’activité agricole équivaut à 9% des prélèvements. Cette eau étant, pour partie, utilisée pour irriguer les plantes, infiltrée dans le sol ou encore évaporée, la quantité d’eau effectivement consommée est, en revanche, importante : 48%. L’eau de pluie utilisée directement par les cultures n’est pas comptabilisée. » (Source)
Le lundi 3 août 2020, France Inter a invité Mme Emma Haziza, hydrologue, fondatrice et présidente du centre de recherche Mayane – une dénomination qui couvre une entreprise de droit privé (société par actions simplifiée).
L'entretien complet (25 minutes) est ici.
Cela a donné sur la toile : « Emma Haziza : "La consommation agricole peut monter jusqu'à 80% de l'utilisation d'eau en France en été" ». Le compte rendu qu'en fait France Inter est plutôt détaillé. Et nous sommes servis ! Exemple :
« Les rivières, en France, disposent d'eau même quand il ne pleut pas, car "elles sont alimentées par ces milieux souterrains quand il n'y a pas de pluie. Le problème, c'est que lorsque ces milieux souterrains manquent d'eau eux-mêmes, il ne peuvent plus apporter d'eau à ces milieux superficiels que sont les rivières", explique Emma Haziza. Ainsi, la situation aujourd'hui est de 17% de rivières à sec en France. "L'année dernière, on était arrivés, à la fin de cette période, à 30% de rivières sèches. On peut s'attendre à voir nos rivières se tarir au fur et à mesure du temps, et le problème, c'est que quand on laisse ce tarissement se faire (...) les nappes sont toujours plus fragiles." »
Ben oui ! Quand y a p'u d'eau, y a p'u d'eau...
Mais sus à l'agriculture !
« […] "Les deux plus gros consommateurs d'eau en France sont clairement les systèmes industriels et l'agriculture, qui peut utiliser 80% de l'eau pendant les périodes estivales", détaille Emma Haziza.
[…] "le gros travail à faire, et là où l'appui politique peut se faire, c'est travailler sur les solutions pour diminuer l'utilisation de l'eau au niveau des systèmes agricoles". »
C'est 80 % par rapport à quoi et sur combien de temps ?
Il y a des moments où il faut dire clairement qu'il faut arrêter de déconner.
C'est comme pour :
« ...en 2019, on a eu jusqu'à cent jours de rupture d'approvisionnement dans certaines villes, qui ont été alimentées par camions citernes : ce n'est plus un scénario de science-fiction ».
Quelles villes ? Des ruptures d'approvisionnement pour quels motifs ?
Il faut cesser ce discours d'annonce d'apocalypse et prendre la mesure des réalités. Selon Planétoscope, « L'agriculture consomme en moyenne plus de 100 m3 d'eau par seconde en France en été ». À l'heure où nous écrivons, le Rhône débite 472 m3/s à Perrache.
C'est une indication anecdotique : la France, prise dans sa généralité, ne manque pas d'eau et les prélèvements sont faibles par rapport aux quantités disponibles, ou qui seraient disponibles si on voulait bien procéder à des aménagements.
Justement ! Mme Emma Haziza est interrogée sur l'annonce – à laquelle ne croiront que les naïfs – que le gouvernement va soutenir la création de retenues d'eau. Réponse :
« Ce n'est pas vivable sur le long terme : faire des retenues d'eau, c'est enlever de l'eau aux masses souterraines. Et c'est ne pas permettre un bon équilibre, une équité, entre les différents agriculteurs : lorsque vous allez créer une retenue pour donner de l'eau à certains, d'autres, ceux qui ont besoin de puiser dans les nappes, n'auront plus d'eau. »
.@HazizaEmma, hydrologue : "Faciliter la construction des retenues d'eau est une solution qui n'est pas vivable sur le long terme : faire des retenues d'eau, c'est enlever de l'eau aux masses souterraines (...) C'est un pansement que l'on met sans traiter les causes." #le69inter pic.twitter.com/POVSoL0H0D
— France Inter (@franceinter) August 3, 2020
On a rarement vu un tel discours aussi perché !
Comment ? Ce ne serait pas une bonne solution que de retenir l'eau pendant les périodes de fortes précipitations, l'eau qui irait droit à la mer – en provoquant éventuellement des inondations – pour l'utiliser ou la restituer quand on en a besoin ?
Comment ? Ce serait contrevenir à l'équité que de permettre à un agriculteur de stocker de l'eau qui partirait sinon à la mer – et d'économiser un stock d'eau de la nappe qui deviendrait ainsi disponible pour un autre agriculteur (ou le propriétaire d'une piscine) ?
Voici deux réponses anecdotiques mais o combien pertinentes :
(Source)
(Source)
⬜️ Carte Blanche ⬜️
— 24h Pujadas (@24hPujadas) August 4, 2020
📢 : @emma_ducros, Journaliste à l’Opinion
🔴 : Sécheresse : Pas la faute des agriculteurs ! pic.twitter.com/SOciGAuGRo