Épidémie de scolytes : un autre scandale du refus d'agir du Gouvernement
C'est encore l'Opinion qui nous a mis sur la piste d'un scandale : le refus d'agir du Gouvernement pour permettre une réponse à une crise qui affecte la sylviculture.
« Monsieur Denormandie, sauvez d’urgence nos forêts en danger de mort » est une tribune de M. David Caillouel, président du Syndicat des Exploitants de la Filière Bois (SEFB).
Prenons le diagnostic de l'Office National des Forêts (ONF), de « Epidémie de scolytes : les forestiers de l'ONF sur le front », un texte daté du 20 janvier 2020 :
« En région Grand Est, où une cellule de crise réunissant les professionnels de la filière forêt-bois a été activée, on estime à 400 000 m3 le volume d'épicéas attaqués en 2018 par le coléoptère. Dans les forêts publiques situées aux alentours de Verdun, environ 80 000 à 100 000 m3 de bois sont concernés à ce jour, soit l’équivalent d’une année et demi de récolte. « C’est bien pire que ce qu’on avait imaginé », témoigne René-Marc Pineau, responsable de l’unité territoriale de Verdun. Cette région n'est plus la seule atteinte. Dans le Jura, en Haute Savoie, en Isère, dans l'Ain et le Massif Central également (région Auvergne-Rhône-Alpes), des foyers de scolytes ont été localisés.
[…]
Cette épidémie, préoccupante pour la santé des forêts et des écosystèmes concernés, inquiète aussi les professionnels de la filière bois. Habituellement valorisés comme bois de charpente et de menuiserie, les épicéas altérés par le scolyte sont en effet déclassés par les scieurs, en raison notamment du développement d’un champignon qui accompagne les scolytes et qui vient bleuir le bois. Fin avril 2019, on estime à 50% le volume d'épicéas scolytés en France, contre un taux habituel moyen d'arbres secs ou malades de 15%. [...] »

(Source)
Prenons le aussi du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, de « Crise scolyte sur épicéas, bilan fin 2019 », du 3à janvier 2020 :
« Pour ces 2 régions [Grand-Est et Bourgogne-Ftanche-Comté et en cette fin 2019, l’épisode scolyte en cours est à l’origine d’environ 7 M de m3 d’épicéas qui devraient être exploités (soit l'équivalent d'environ 20 000 ha). Ces chiffres résultent d’une extrapolation de la situation de la forêt publique vers la forêt privée (d’après les données ONF, IGN, DSF et sur l’hypothèse que les dégâts affectent de la même manière la forêt publique et la forêt privée).

(Source)
L'explication tient dans la météo des années 2018 et 2019. France Bleu rapporte dans « Les scolytes font des dégâts dans nos forêts de montagne » :
« Hervé Nemoz Rajot est le directeur de l'ONF, Office National des Forêts, en Haute-Savoie. "On sait qu'un printemps pluvieux et froid après un hiver rude tue les larves et diminue beaucoup la population" décrit-il, "ce qui se passe et qui est anormal et qui est l'un des effets du changement climatique, c'est que les hivers ne sont plus assez froids". Les coups de gels sont aussi moins fort, et les précipitations trop faibles. Tout cela engendre la multiplication des larves. "Au lieu d'avoir 2 000 scolytes, on en a des dizaines voire des centaines de milliers" raconte Hervé Nemoz Rajot. »
Où est le problème pour la réponse à cette calamité ? Parole à M. David Caillouel :
« En l’absence de traitement prophylactique efficace, l’abattage des bois dévorés par ces insectes mortifères puis leur évacuation des sous-bois constituent la seule façon de préserver les bois encore sains et de freiner la contamination. La capacité d’absorption par les transformateurs français (fabricants de panneaux agglomérés ou de pellets, papetiers, etc.) des résineux malades se limitant actuellement à 6 500 000 m3, l’exportation hors d’Europe en container du surplus d’épicéas scolytés reste le seul débouché. Avant tout pragmatiques, les Allemands ont, avec l’aide financière de leur gouvernement, expédié, depuis le 1er janvier, 2 258 000 m3 en Asie (contre 155 000 pour la France). »
Mais pour exporter, il faut évidemment déparasiter. Et là...
« Alors que les autorités chinoises acceptent un traitement phytosanitaire chimique, les autorités françaises imposent pour l’export un traitement thermique au prix exorbitant de 15 euros le m3, le plus souvent supérieur au coût d’achat des épicéas abattus. Pourtant, l’Anses, l’autorité en charge de l’évaluation des produits phytosanitaires, a autorisé depuis décembre 2019 une solution chimique (le Forester par brumisation en container et en zone portuaire protégée) pour laquelle le Ministère de l’Agriculture refuse toujours la délivrance de certificats phytosanitaires, sans donner d’explications crédibles. En divisant par cinq les frais phytosanitaires (de 3 euros par m3), le recours à ce traitement non-CMR (cancérogène, mutagène, reprotoxique) et non-toxique rendrait pourtant l’exportation de nos épicéas malades compétitive, endiguerait la progression géométrique galopante des scolytes et assurerait aux propriétaires privés les revenus nécessaires au reboisement, tout en permettant de réduire d’autant les aides étatiques. »
Comme le Gouvernement et l'administrations ne donnent pas d'explications, nous ne pouvons pas en donner non plus...
Le traitement du bois s'effectuerait en conteneurs, dans des zones portuaires, dans des conditions très encadrées. Le produit utilisé est de la cyperméthrine, un pyréthrinoïde, certes de synthèse mais conçu sur la base d'un modèle naturel (la pyréthrine, utilisée en agriculture biologique). Ce traitement n'est pas sur les écrans radar des mouvances anti-pesticides (et pour cause, puisqu'il ne peut pas être employé pour les exportations). Ces mouvances se manifesteraient-elles que cela permettrait une superbe campagne de vulgarisation : elles ne veulent pas protéger les forêts. Où est le risque de perdre des voix aux prochaines présidentielles ?
Le paragraphe de conclusion de M. David Caillouel s'ouvre par :
« On ne peut à la fois vouloir s’opposer à un fléau sanitaire dramatique et refuser de se donner les moyens d’y mettre fin. »
Mais il n'est pas interdit de se demander si « on » veut vraiment « s’opposer à un fléau sanitaire dramatique ».
Y aura-t-il quelqu'un à l'Assemblée Nationale pour interpeller M. Julien Denormandie ? Peut-être répondra-t-il comme pour la betterave :
« Cela fait trois [nombre à ajuster] semaines que je travaille d’arrache-pied pour essayer de trouver une solution. »
pierre marie 22 27/08/2020 17:03
un physicien 27/08/2020 14:36
Seppi 27/08/2020 15:17
Justin 27/08/2020 09:14
Sylvestre 28/08/2020 00:02
Seppi 27/08/2020 15:19
douar 27/08/2020 09:14