Les Coquelicots et les dérivés de pesticides dans l'eau : plus fort que les Protocoles des Sages de Sion
Dur, dur, d'occuper le terrain quand on est une entité activiste. Sur fond de croisade contre les pesticides en général – oups ! les seuls pesticides de synthèse –, après la pitrerie des SHDI (toujours en cours), voici la pantalonnade des « métabolites » de pesticides dans l'eau, « [p]arfois plus toxiques que les #pesticides dont ils sont issus, [et qui] empoisonnent les écosystèmes et l’eau que nous buvons. »
(Source)
Des « métabolites »... ils sont vraiment fortiches ces Coquelicots... Et dire que M. Fabrice Nicolino exige de rencontrer M. Roger Genet, directeur général de l'ANSES, pour lui prodiguer un cours de toxicologie...
Or donc une équipe de chercheurs suisses a produit une longue étude, « Chlorothalonil transformation products in drinking water resources: Widespread and challenging to abate » (produits de transformation du chlorothalonil dans les ressources en eau potable : largement répandus et difficile à éliminer).
Ces gens ont eu la mauvaise idée de doser ces produits de dégradation dans l'eau d'Évian plutôt que dans la Valser bien suisse (n'y voyez aucune malice... ironie : l'Évian, c'est quand même plus vendeur médiatiquement que la Valser). Et ils ont trouvé 6 nanogrammes/litre d'un dérivé du chlorothalonil...
Un pisse-copie de 20 Minutes Suisse a trouvé de quoi gagner sa croûte – en pompant sur la Sonntagszeitung – avec « Même l’eau d’Evian contient du chlorothalonil ». En chapô, une sinistre connerie : « Des traces de ce pesticide interdit ont été retrouvées dans la fameuse eau minérale, considérée comme si pure que les scientifiques l’utilisent même pour calibrer leurs instruments de mesure. »
Mais c'est un « journaliste »... un expert, donc... D'autre ont aussi plongé, comme à la Tribune de Genève.
Nous Voulons des Coquelicots, la succursale de Générations Futures (le nom de domaine Internet du premier appartient au second...), a donc sauté sur l'occasion :
« [EMPOISONNEMENT] L'eau d'Evian, venue du cœur des Alpes, est si pure que les scientifiques l'utilisent pour calibrer leurs instruments de mesure. Sauf qu'on y trouve désormais du chlorothalonil, un pesticide cancérigène. Surpris? Nous, non. »
(Source)
Incidemment, « [l]'eau d'Evian, venue du cœur des Alpes »... ya des remises à niveau à opérer question géographie et géologie...
Et « calibrer » ? Quels instruments et à quelle fin ?
« ...si pure... » ? De l'eau minérale ?
Balancer « [EMPOISONNEMENT] » en introduction... il faut oser... être Nous Voulons des Coquelicots...
Les 6 nanogrammes/litre correspondent à 6 grammes – un morceau de sucre – dans un milliard de litres, ou un million de mètres cubes d'eau. Cela correspond à 666,66... millions de bouteilles d'eau de 1,5 litres ou encore... 333 piscines olympiques de 3.000 mètres cubes.
La production annuelle d'Évian s'élève à 1,5 milliard de litres... je vais engager mon petit-fils aîné pour calculer le nombre de mois de production pour atteindre l'équivalent de ce morceau de sucre (réponse : huit mois).
On se réfère souvent à la norme de qualité de l'eau potable (en se trompant ou en trompant délibérément sur sa signification) : 0,1 microgramme/litre pour chaque pesticides (sauf quelques exceptions). Nos 6 nanogrammes/litre représentent 6 % de la norme de qualité.
La vraie valeur applicable du point de vue de la potabilité est la Vmax, 45 microgrammes/litre en France. Notre valeur de 6 nanogrammes/litre est inférieure à la Vmax d'un facteur... 7.500...
Certes, cette Vmax s'applique au chlorothalonil et non à ses produits de dégradation, mais est-il raisonnable de penser – ou de faire croire – qu'un tel produit serait des milliers de fois plus « dangereux » que le produit initial – sachant de surcroît que les normes sont elles-mêmes hyper-protectrices ?
La dose journalière admissible (DJA) est actuellement fixée à 0,01 milligramme/kilogramme de poids corporel/jour. Un petite crevette de 60 kg devrait boire... 66.666 bouteilles d'eau pour atteindre sa dose journalière admissible... Rappel : c'est une dose de précaution, normalement 100 fois inférieure à la dernière dose testée sur des animaux qui n'a pas eu d'« effet » – n'importe quel effet – sur ces animaux.
On peut tourner cela dans tous les sens : il faut beaucoup de zéros pour écrire le facteur qui donne le rapport entre la gesticulation des Coquelicots et la réalité. Et combien de zéros faut-il pour que les Protocoles des Sages de Sion arrivent au niveau de la désinformation répandue par les Coquelicots ?
Post scriptum
L'autorisation du chlorothalonil n'a pas été renouvelée dans l'Union Européenne par le règlement d'exécution (UE) 2019/677 de la Commission du 29 avril 2019. Les autorisations de produits devaient être retirées au plus tard le 20 novembre 2019 et les délais de grâce devaient expirer au plus tard le 20 mai 2020.