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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Betterave à sucre : du beau Ducros, du petit Denormandie, du riquiqui Pompili

31 Juillet 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Agronomie, #Pesticides, #Néonicotinoïdes, #Politique, #Activisme

Betterave à sucre : du beau Ducros, du petit Denormandie, du riquiqui Pompili

 

 

La catastrophe de la betterave à sucre affectée par le virus de la jaunisse transmis par les pucerons fait l'actualité médiatique (petitement) et politique.

 

 

Une lettre ouverte au Président de la République

L'Opinion a publié le 29 juillet 2020 une tribune d'une centaine d'élus, une lettre au Président de la République, « Halte au sabordage de la filière betteravière ».

 

Voici le chapô de l'Opinion :

 

« Une centaine d’élus – quatre présidents de régions, des députés, des sénateurs – adressent une lettre ouverte au président de la République. Ils soulignent l’urgence de redonner à la filière betterave (sucre-alcool-bioénergie…), les moyens de protéger ses cultures et d’exister. Sans cela, elle est promise à une destruction programmée avec des conséquences graves pour la souveraineté alimentaire énergétique et sanitaire de la France. Ils appellent à en finir avec le "virus de la décroissance agricole". »

 

Voici l'enjeu économique décrit en très bref par les signataires :

 

« ...26 000 betteraviers et 21 sucreries dans nos territoires ruraux, 45 000 emplois directs, premier producteur européen de sucre et de bioéthanol pour plus d’un milliard d’euros d’excédent commercial…

 

[...] »

 

Les planteurs français qui connaissent des niveaux de pertes financières jamais atteints, ne replanteront pas sans avoir la certitude de pouvoir protéger leurs cultures dès la prochaine campagne ! »

 

 

La pédagogie Emmanuelle Ducros

Six minutes de pédagogie... et « [m]erci à l’entomologiste Étienne Herrbach, à Christophe Boizard, Benjamin Thirouin et Vincent Guyot pour avoir partagé leurs expériences et images. »

 

 

Le « c'est pas de notre faute » de M. Julien Denormandie

C'est, à l'Assemblée Nationale, la séance de questions au Gouvernement du 28 juillet 2020. Mme Marianne Dubois, députée les Républicains du Loiret, interroge le Ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Julien Denormandie.

 

 

La Confédération Générale des Planteurs de Betteraves d'Île-de-France a fait le choix du politiquement correct, des remerciements aux deux protagonistes.

 

 

(Source)

 

 

Il y a pourtant urgence à clarifier la situation.

 

 

La question de Mme Marianne Dubois était limpide :

 

« Monsieur le Premier ministre, allez-vous avoir le courage et l’honnêteté de dire à nos agriculteurs et industriels que vous les abandonnez ? Ou, au contraire, allez-vous avoir le courage de mettre en pratique les paroles présidentielles en permettant l’enrobage protecteur des semis de betteraves dès 2021, dans l’attente d’une autre solution technique viable ? »

 

Réponse de M. Julien Denormandie, en bref : c'est pas de notre faute. En plus développé, en omettant les passages inutiles, polémiques :

 

« […] il faut trouver une solution. […] Voilà trois semaines que je travaille d’arrache-pied pour trouver une issue à la crise. Parlons franchement : le Gouvernement actuel est en train de mettre en application une loi votée en 2016. Voilà la réalité ! Je respecte le pouvoir législatif que vous représentez. Où est donc la proposition de loi que vous auriez pu déposer depuis quatre ans pour dire aux Français que vous voulez revenir sur l’interdiction des néonicotinoïdes ? Chacun doit assumer ses responsabilités ! Je respecte le secteur de la betterave, si important pour notre souveraineté alimentaire, et ne l’abandonnerai jamais ! Mais le pouvoir exécutif ne peut pas changer la loi sans le concours du pouvoir législatif. On a donc aujourd’hui un choix : soit on change la loi, soit on offre à la filière un soutien financier massif. Nous travaillons sur la question avec le Premier ministre, mais chacun doit assumer ses responsabilités. Je m’engage, devant toute la filière, à travailler autant qu’il le faudra pour trouver des solutions,[…]  »

 

Comment ne pas ressentir de l'exaspération devant ce genre de verbiage, cette paralysie gouvernementale qui sacrifie – sciemment dans son cas (il est ingénieur agronome) – une filière agricole et industrielle de grande importance au profit de la chasse aux voix « vertes » pour la prochaine élection présidentielle ?

 

Trouver des solutions ? C'est simple ! À court terme, annoncer que le Gouvernement accordera l'année prochaine une dérogation pour l'enrobage des semences avec les meilleurs néonicotinoïdes (attention : pas que pour la betterave). À plus longue échéance, modifier les lois stupides.

 

Il faut du courage ? Il faut au commencement le courage de la pédagogie.

 

C'est faire preuve d'indigence civique que de se défausser sur la loi adoptée sous la législature précédente – incidemment sous la pression de députés qui sont aujourd'hui dans la majorité et d'une députée qui est aujourd'hui au gouvernement –, de renoncer implicitement au pouvoir de l'exécutif d'initier des lois, et d'attendre de l'opposition qu'elle prenne l'initiative d'une proposition de loi qui sera évidemment combattue par les crypto-verts de LaREM.

 

Notre pays part à vau-l'eau.

 

 

La « solution » Pompili : taxons !

Pour les commentaires désabusés, on a vraiment le choix. En voici un jeu :

 

 

En guise de conclusion

 

 

(Source)

 

 

Post scriptum

 

Qu'importe si toute une filière socio-économique s'effondre : Générations Futures

 

(Source)

 

C'est une « alerte » que ce « Générations Futures s’oppose fermement aux insecticides néonicotinoïdes dans les plantations de betteraves ! » publié le 30 juillet 2020. Nous atteignons là un pic d'imbécillité (qui sera sans doute dépassé – l'intelligence a des limites biologiques, la bêtise non).

 

Une filière tire la sonnette d'alarme, voire fait hurler la sirène et

 

« "Face à la pression des betteraviers, Générations Futures se positionne fermement contre d’éventuelles dérogations accordées à des néonicotinoïdes pour la culture de la betterave car ces substances sont trop dangereuses pour l’environnement et la santé pour être utilisées en agriculture. De telles dérogations constitueraient une régression inacceptable en matière de politique agricole et de santé environnementale, totalement incompatible avec les objectifs affichés par le gouvernement dans ces domaines." déclare François Veillerette, Directeur de Générations Futures. »

 

Les néonicotinoïdes ont été utilisés pendant des années en enrobage des semences de betteraves. Aurait-on constaté un danger (ne parlons même pas de risque) ? Un danger qui aurait manifestement disparu avec leur interdiction ? Un danger que l'on pourrait constater par une comparaison avec la situation dans les pays voisins qui, plus pragmatiques, ont accordé des dérogations ?

 

Nous allons dans le mur, mais il ne faut surtout pas modifier la trajectoire... ce serait « une régression inacceptable » !

 

Beati pauperes spiritu...

 

 

Dans le fil du gazouillis précédent

 

 

Ajout de 10h30

 

L'éditorial de l'Opinion du 31 juillet 2020

 

« Ecologie: Pompili et Denormandie dans le piège de la betterave » est la titre de l'éditorial de M. Rémi Godeau.

 

En conclusion :

 

« Le piège se referme. Faute de pouvoir priver de sucre les Français, la ministre propose de taxer les importations. Celles du Brésil, comme si cette fiscalité pouvait sauver un pan de notre agriculture – à quoi bon réclamer des relocalisations ! Celles d’Allemagne, des Pays-Bas ou de Belgique, pays pour qui la souveraineté alimentaire ne se limite pas à des incantations puisqu’ils appliquent, eux, des dérogations temporaires pour éradiquer l’épidémie. Sous les betteraves, on cherche le "mieux" en redoutant le pire. »

 

C'est cruellement vrai...

 

Et, en plus, nous ne pouvons pas taxer le sucre européen...

 

 

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H
Si ce n'était tragique pour toute la filière betteraves, l'interdiction des néonicotinoïdes en enrobage pour les semis de betteraves serait tout simplement burlesque tellement elle est absurde. En effet, remontons à l'argumentaire qui a conduit à cette interdiction : les abeilles seraient intoxiquées par les néonicotinoïdes provenant de l'enrobage en venant butiner les fleurs des plantes ainsi traitées. C'est très vraisemblablement faux, le varroa et d'autres maladies affectant les abeilles sont plutôt à pointer du doigt, du même que le refus de traiter leurs abeilles chez beaucoup d'apiculteurs plein d'illusions. Cela étant, je voudrais bien qu'on m'explique en quoi les abeilles pouvaient être affectés par des betteraves traités aux néonicotinoïdes alors même que la récolte des betteraves se fait intégralement avant la floraison. Jamais aucune abeille ne croise une fleur de betterave, la betterave fleurit dans sa seconde année, il y a belle lurette qu'elle a été arrachée. L'interdiction est absolument délirante.
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P
Je me pose beaucoup questions après avoir lu cet article.<br /> <br /> Es-ce une bonne idée de faire du bioéthanol avec de la nourriture ?<br /> Y a-t-il surproduction mondiale de sucre ?<br /> S'il y a surproduction mondiale de sucre ,ne serait-ce pas une occasion pour les agriculteurs de se recycler progressivement?<br /> Pendant ce temps vous aurez le temps de "discuter" avec les politiciens pour les meilleurs moyens de se débarasser des pucerons.
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D
Surproduction de sucre, peut être aujourd'hui, mais pas demain.<br /> Parce que si l'on raisonne comme ça, on arrête tout en France pour se "recycler" dans... dans quoi au fait? dans le transport à vélo (autre lumineuse idée), dans l'agri bio, pour fournir (quand on peut) de l'alimentation beaucoup plus chère dans un pays qui se désinsdustrialise.<br /> ça ne marchera pas longtemps ces histoires.
P
Je me pose beaucoup questions après avoir lu cet article.<br /> <br /> Es-ce une bonne idée de faire du bioéthanol avec de la nourriture ?<br /> Y a-t-il surproduction mondiale de sucre ?<br /> S'il y a surproduction mondiale de sucre ,ne serait-ce pas une occasion pour les agriculteurs de se recycler progressivement?<br /> Pendant ce temps vous aurez le temps de "discuter" avec les politiciens pour les meilleurs moyens de se débarasser des pucerons.
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J
l'idéologie met aussi dans le même climat équateur et tropiques.seul le soja viendrait de la déforestation.la Canne à sucre qui a besoin de plus de chaleur et qui remplacerait notre betteraves n'est pas concernée par les cultures sur brûlis.bravo génération menteuse et gâtée.
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U
... je travaille d’arrache-pied ...
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