35 députés de la majorité disent : « Face à l'agribashing, soutenons nos éleveurs! » dans le JDD
Trente-six députés de la majorité – devenus 35 avec la nomination de M. Joël Giraud au poste de Secrétaire d'État à la Ruralité – ont produit une tribune en appui de l'agriculture, ou plutôt de l'élevage, qui nous nourrit, « Face à l'agribashing, soutenons nos éleveurs! ».
Ce n'est pas tous les jours que l'on trouve des députés courageux qui s'investissent dans la défense de nos éleveurs. Goûtons donc le plaisir, même si c'est loin d'être parfait :
« La période post crise dans laquelle nous nous trouvons actuellement ne doit pas nous faire oublier que les Français ont pu être nourris durant la période du confinement grâce à nos agriculteurs. Quelles sont les raisons qui poussent certains au dénigrement permanent de nos éleveurs et qui osent proférer des comparaisons avec les périodes les plus sombres de l'histoire de l'humanité, aussi calomnieuses qu'insultantes? Nous devons, au contraire, plus que jamais soutenir notre système agricole et nos producteurs. […]
[…]
[…] Il ne s'agit ni plus ni moins, face à l'agribashing, que de réconcilier agriculture et société. »
Les très honorables députés se trompent cependant dans leur analyse : agriculture et société font très bon ménage, comme en témoignent les sondages d'opinion et, plus prosaïquement, les habitudes d'achat des consommateurs.
Le problème, essentiellement, est celui de minorités agissantes expertes en manipulation et médiatisation et de leurs soutiens actifs ou suivistes de la médiasphère et des réseaux sociaux. Et, il faut le constater aussi, celui de la réponse – ou de l'absence de réponse.
Les députés signataires se félicitent de l'adoption de certaines mesures – dont certaines ont déjà fait la preuve de leur insuffisance, voire de leur échec, comme la loi dite égalim – pour conclure :
« Alors, les conditions sont réunies pour travailler ensemble collectivement et en bonne intelligence, car pour atteindre ces objectifs, un seul mot doit nous guider … L'entente. »
C'est malheureusement un peu naïf. Les pouvoirs publics ont-ils pris des dispositions censées améliorer le bien-être animal et répondre à des campagnes militantes ? Il serait malvenu de les contester, mais pensez-vous vraiment que cela mettra fin au militantisme et à l'agribashing ? Nous pensons que c'est une incitation à poursuivre.
Le problème, essentiellement, est celui de minorités agissantes... avons nous écrit ? Ces députés ont réagi à un message de M. Jean-Charles Larsonneur, député... LaREM qui, sur son compte Facebook, avait fait référence à des « pratiques cruelles d’un autre âge » ou encore à un « holocauste quotidien » et fait connaître son soutien à un « référendum pour les animaux ».
À propos de ce « référendum », on peut prendre la mesure du problème par l'examen de l'ampleur des échos médiatiques : nul, sauf dans la presse agricole pour l'appel qui fait l'objet de ce billet ; et pour le « référendum » important (et cela continue) et surtout dénué d'esprit critique, à l'exception notable de l'Humanité et son remarquable « Tribune. Quand des prédateurs capitalistes se soucient du bien-être animal ».
Voici les propos de M. Jean-Charles Laqrsonneur replacés dans leur contexte :
« […] Je considère, de ce point de vue, que notre niveau d’évolution ne nous confère qu’un droit, qui est aussi une responsabilité : prendre soin des vivants.
Il y a, bien sûr, des pratiques cruelles d’un autre âge qu’une large majorité de Français souhaite voir disparaître. Mais j’assume aussi pleinement que ce référendum mette sur la table la question brûlante de l’élevage intensif, qui ne peut constituer un horizon écologique viable, en particulier en Bretagne. Il ne s’agit de stigmatiser personne, ni même d’exiger un changement de pratiques immédiat : seulement de tracer une route claire et nettement jalonnée vers une sortie de ce mode de production qui est un holocauste quotidien. »
M. Richard Ferrand, Président de l’Assemblée nationale et député du Finistère, a été plus incisif :
« Je condamne ces propos imbéciles et réaffirme tout mon soutien aux éleveurs et aux agriculteurs. »
La FDSEA 29 a adressé un courrier à M. Jean-Charles Larsonneur :
« […] vous dénigrez de façon abjecte le travail des hommes et des femmes qui, sans relâche, assurent l’approvisionnement alimentaire de notre population [...]. L’agriculture bretonne est un pilier de la sécurité alimentaire de notre pays et génère massivement de l’emploi en cette période de crise économique […] Ces mots ne sont pas dignes d’un élu de la République ! […] Nous n’imaginons pas que votre fonction vous donne le droit, en soutenant haut et fort cette démarche, de bafouer le travail quotidien de toute une profession, qui de plus contribue activement au développement de votre territoire ! »
Revenons à l'appel :
« L'objectif affiché du Premier Ministre, Jean Castex, est "de développer une alimentation de qualité, locale, accessible dans toutes les villes et villages de France". Le monde agricole et le gouvernement se sont engagés à garantir une agriculture qui nous permette de conserver la meilleure alimentation au monde! »
En avant pour la féodalisation de la production agricole et alimentaire ! Une alimentation « locale » dans les grandes villes ? Il faut arrêter de se gargariser de mots et de slogans.
La France est en train de s'engager dans des lubies de bien-pensance. Les investissements publics dans « l'agriculture de proximité » ou « l'agriculture urbaine » représentent des fonds qui sont détournés de missions bien plus importantes lorsque le rapport coût-bénéfice n'est pas au rendez-vous.
Cet appel, c'est bien... mais il y a de quoi faire mieux.
Les signataires :
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Pascale Boyer (Députée de la première circonscription des Hautes-Alpes)
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Stéphane Travert (Député de la troisième circonscription de la Manche)
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Alain Perea (Député de la deuxième circonscription de l'Aude)
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Didier Le Gac (Député de la troisième circonscription du Finistère)
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Michèle Peyron (Députée de la neuvième circonscription de Seine et Marne)
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Adrien Morenas (Député de la troisième circonscription du Vaucluse)
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Jean-Luc Fugit (Député de la onzième circonscription du Rhône)
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Laurence Vanceunebrock (Députée de la deuxième circonscription de l'Allier)
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Isabelle Rauch (Députée de la neuvième circonscription de Moselle)
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Mireille Robert (Députée de la troisième circonscription de l'Aude)
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Joel Giraud (Député de la deuxième circonscription des Hautes-Alpes)
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Nicole Dubré-Chirat (Député de la sixième circonscription du Maine-et-Loire)
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Jean-Bernard Sempastous (Député de la première circonscription des Hautes-Pyrénées)
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Christophe Blanchet (Député de la quatrième circonscription du Calvados)
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Séverine Gipson (Députée de la première circonscription de l'Eure)
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Danielle Brulebois (Députée de la première circonscription du Jura)
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Nicole Le Peih (Députée de la troisième circonscription du Morbihan)
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Catherine Kamowski (Députée de la cinquième circonscription de l'Isère)
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Jacques Krabal (Député de la cinquième circonscription de l'Aisne)
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Pierre Venteau (Député de la deuxième circonscription de la Haute-Vienne)
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Philippe Chalumeau (Député de la première circonscription de l'Indre-et-Loire)
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Pascale Fontenel-Personne (Députée de la troisième circonscription de la Sarthe)
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Jean-Philippe Ardouin (Député de la troisième circonscription de Charente-Maritime)
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Huguette Tiegna (Députée de la deuxième circonscription du Lot)
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Annie Vidal (Députée de la deuxième circonscription de Seine-Maritime)
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Marie Tamarelle-Verhaeghe (Députée de la troisième circonscription de l'Eure)
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Jacqueline Dubois (Députée de la quatrième circonscription de Dordogne)
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Martine Leguille-Balloy (Députée de la quatrième circonscription de Vendée)
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Laetitia Saint Paul (Députée de la quatrième circonscription du Maine-et-Loire)
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Valérie Thomas (Députée de la première circonscription du Puy-de-Dôme)
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Danièle Hérin (Députée de la première circonscription de l'Aude)
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Jean-Claude Leclabart (Député de la quatrième circonscription de la Somme)
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Monique Limon (Députée de la septième circonscription de l'Isère)
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Alice Thourot (Députée de la deuxième circonscription de la Drome)
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Philippe Berta (Député de la sixième circonscription du Gard)
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Olivier Damasain (Député de la troisième circonscription du Lot et Garonne)