Une lettre ouverte réitère l'importance de l'élevage lors de l'épidémie de Covid-19
AGDAILY Reporters*
Image : HannieVerhoeven, Shutterstock
D'éminents universitaires de quatre continents se sont joints à des organisations américaines, canadiennes et internationales représentant des millions d'agriculteurs, de producteurs et de vétérinaires pour signer une lettre ouverte contre la désinformation sur l'élevage pendant la pandémie.
Les signataires – dont l'Animal Agriculture Alliance, l'Association Vétérinaire Mondiale et l'Institut International de Recherche sur l'Élevage (ILRI – International Livestock Research Institute) – ont précisé que la production de bétail est sûre et n'a pas joué de rôle dans la propagation du Covid-19, malgré des allégations récentes (et totalement infondées).
La lettre demande aux gouvernements et aux autorités de rassurer les consommateurs sur la sécurité de la viande, du lait, des œufs et du poisson, tout en travaillant avec les agriculteurs et les vétérinaires pour partager les leçons et l'expertise en matière de santé animale.
Cette lettre a été signée par plus de 65 groupes d'agriculteurs, associations de producteurs, vétérinaires et chercheurs, dont Animal Agriculture Alliance, North American Meat Institute et American Feed Industry Association ; par de nombreux universitaires d'UC Davis, de l'Université de l'État de l'Iowa et de l'Université de l'Arkansas, ainsi que l'ancien sous-secrétaire de l'USDA pour la sécurité alimentaire, Richard Raymond. Ce groupe se trouve aux côtés de groupes mondiaux, européens et canadiens similaires.
« Notre monde a besoin de la contribution du bétail. À l'échelle mondiale, 1,3 milliard de personnes dépendent du bétail pour leur emploi, tandis que des milliards d'autres dépendent du bétail pour nourrir leur famille. L'élevage fournit du lait, de la viande, du poisson et des œufs à un moment où l'accès à des aliments sûrs, nutritifs et abordables est nécessaire pour parer à une éventuelle crise alimentaire mondiale, et offre un soutien inestimable aux agriculteurs confrontés à de graves difficultés économiques, souvent existentielles. »
La lettre se poursuit : « Nous demandons instamment aux autorités, aux groupes intergouvernementaux et aux ONG de soutenir ces efforts en :
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Réaffirmant la sécurité de la production animale et rappelant aux consommateurs notre solide système de sécurité alimentaire, y compris le rôle important des vétérinaires et de la nutrition animale.
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En réfutant les informations erronées qui tentent d'établir un lien entre le bétail et la propagation du Covid-19.
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Consultant des experts en matière d'élevage, y compris des agriculteurs et d'autres parties prenantes de la chaîne alimentaire animale et humaine, afin de comprendre comment soutenir leurs efforts pour nourrir les communautés.
« Pendant cette pandémie, les exploitations d'élevage et la chaîne de valeur travaillent sans relâche pour garantir que nous ayons des aliments sûrs et abordables à manger et à boire. Il est vital que la société soutienne ces efforts et tire parti de leurs connaissances pour construire un monde plus résilient à l'avenir. »
La lettre ouverte peut être lue ici.
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* Source : https://www.agdaily.com/news/animal-agriculture-time-covid-19/
Ma note :
La France n'a pas été particulièrement affectée par la désinformation. Il n'empêche qu'il faut, d'une part, rester vigilant et, d'autre part, tirer les leçons de la crise pour répondre au mieux à une éventuelle reprise de l'épidémie et à une nouvelle épidémie de grande ampleur ou une pandémie.
L'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) a publié le 20 avril 2020 : « Covid-19 : pas de rôle des animaux domestiques dans la transmission du virus à l’Homme ». En résumé :
« Interrogée sur la transmission potentielle de la maladie Covid-19 par l’intermédiaire des animaux domestiques, l’Anses a réuni en urgence un groupe d’experts spécialisés pour répondre à cette question et a rendu un premier avis le 9 mars dernier. Des premiers résultats d’enquête sur l’infection éventuelle des animaux de compagnie dans les foyers de Covid-19 ou sur les modèles d’inoculations expérimentales de certaines espèces d’animaux domestiques acquis récemment conduisent l’Agence à actualiser son expertise. Des cas sporadiques de contamination d’animaux domestiques ont notamment été décrits et des infections expérimentales ont permis de démontrer la réceptivité de quelques espèces animales au virus (furet, hamster et dans une moindre mesure le chat). En prenant en compte ces nouveaux éléments, l’Anses considère néanmoins qu’il n'existe actuellement aucune preuve scientifique montrant que les animaux domestiques (animaux d’élevage et de compagnie) jouent un rôle épidémiologique dans la diffusion du SARS-CoV-2. »
Il suffit de pas grand-chose pour enflammer les esprits... et surtout les médias. Voir le cas des visons aux Pays-Bas. Le Monde exploite une dépêche de l'AFP sous le titre : « Les Pays-Bas ont commencé à abattre 10 000 visons après des soupçons de contamination par le coronavirus ». France Inter utilise le magique point d'interrogation pour un article de bonne facture, très informatif : « Du vison à l'homme, une première contamination au coronavirus ? » Le chapô :
« La ministre de l'Agriculture néerlandaise a annoncé qu'un homme avait probablement été contaminé par des visons d'élevage porteurs du SARS Cov 2. La comparaison des cartes génétiques des virus aurait conduit à cette conclusion. Cette première, demande à être confirmée par une publication scientifique. »