La Chine et les normes agroalimentaires : une chronique de M. Sébastien Abis dans l'Opinion

La Chine et les normes agroalimentaires : une chronique de M. Sébastien Abis dans l'Opinion

Glané sur la toile 552

Une récente livraison de M. Sébastien Abis dans l'Opinion s'intitule : « Dans l’alimentaire aussi, la Chine devient une puissance normative mondiale ».

En résumé :

« Le droit et les règles américaines ont longtemps orchestré les jeux d’alliance et les relations géoéconomiques sur la scène internationale. C’est toujours vrai mais pour combien de temps encore ? Alimentation, échanges commerciaux, standards technologiques et techniques... La Chine avance sur tous les fronts pour imposer son propre système de normes. »

L'article aborde bien plus de sujets que ne le laisse entendre le titre. M. Sébastien Abis explore trois « dynamiques » :

• « la conquête d’influence au sein des enceintes internationales » ;

• le commerce numérique ;

• la géostratégie.

C'est très intéressant et cela dépasse en fait le cadre agricole et alimentaire. Par exemple :

« Avec plus d’un milliard d’utilisateurs chacun sur cette zone asiatique, Alipay (du conglomérat Alibaba) et Wechat pay (du conglomérat Tencent) imposent de plus en plus le paiement à la chinoise, sans paiement bancaire ni carte bancaire, pour les transactions hors de Chine (y compris pour les touristes chinois à l’étranger). »

Il faut, à notre sens, prendre encore plus de hauteur que ne le fait M. Sébastien Abis. La Chine, c'est près de 1,4 milliard d'habitants, contre 328 millions pour les États-Unis d'Amérique et 446 millions pour l'Union Européenne. C'est un formidable dynamisme économique, scientifique, technologique et géostratégique qui étendra tout naturellement ses normes, au moins dans une partie du monde, par une combinaison d'inéluctabilité et de volonté.

Ce sera d'autant plus facile que les États-Unis d'Amérique allieront une politique étrangère brutale à une politique économique de repli sur soi, l'Union Européenne étant largement engagée dans l'insignifiance et l'obsolescence programmée.

Nous ne suivrons pas M. Sébastien Abis sur son opinion sur le poste de directeur général de la FAO que la Chine a obtenu « au détriment de la candidate européenne ». C'est accorder bien trop d'importance à ce poste que de penser que la Chine puisse peser grâce à lui « sur les travaux du Codex alimentarius, organe qui gère et compile toutes les normes et les lignes directrices pour le commerce international de produits alimentaires ». Déjà la FAO... quelle influence réelle ? Quant aux normes, elles sont élaborées par des experts, la plupart des États membres.

M. Sébastien Abis pose en revanche la bonne conclusion :

« Pour les Européens, et donc la France, impossible d’ignorer ces perspectives. Partenaires ou rivaux parfois, il sera surtout nécessaire de composer avec la puissance chinoise. D’ailleurs, faire valoir les normes de sécurité sanitaire occidentales en Chine restera utile, compte tenu des attentes des consommateurs de ce pays. Pour coopérer avec la Chine, il est bon de savoir négocier et donc de connaître ses intérêts. Ni rejet ni naïveté : il va falloir bien doser dans nos cuisines avec la Chine. »

Il faut commencer par connaître nos intérêts... Et il n'est pas sûr que notre obsession de verdissement et de neutralité carbone – et de nous faire le maître d'école de la planète –, ainsi que notre rejet de certaines technologies, nous permettent de jouer dans la cour des grands.

Quand, pour protéger sa production intérieure, l'Union Européenne voudra imposer ses propres normes pour les produits importés – ce qui, du reste, risque de se faire au prix qui sera imposé par les pays exportateurs – elle s'exclura des négociations et travaux internationaux.